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Mais quel est le prénom du Père Noël?

Quand il est pressé, le Père Noël troque parfois ses rennes contre un scooter. (Keystone)

Question difficile… mais à laquelle swissinfo répond, grâce à l’aide du futur Monsieur Culture de la Confédération, Jean-Frédéric Jauslin.

Car si le Père Noël descend pêle-mêle de Mithra, de Jésus et de Saint Nicolas, son identité n’est pas totalement claire pour autant…

On l’appelle «Weihnachtsmann» en allemand, «Samichlaus» en dialecte suisse alémanique, «Babbo Natale» en italien, «Father Christmas» ou «Santa Claus» en anglais, «Joulupukki» en finnois. Et «Père Noël» dans la langue de Molière, rejointe en cela par les Brésiliens qui, eux, parlent de «Papa Noel».

«Père Noël», donc. Mais dans cette identité, quelle place tient le mot ‘Noël’? S’agit-il du prénom, comme on dirait par exemple le Père Marcel? Ou du nom de famille – et alors notre vénérable vieillard s’appellerait, par exemple, Marcel Noël?

Question difficile, non? Car si le prénom ‘Noël’ existe, cela ne prouve rien. La preuve: Robert est autant un prénom qu’un nom de famille.

Emmanuel ou natalis?

Le mot ‘Noël’ lui-même a une origine douteuse. Pour les uns, il viendrait de l’hébraïque «Immanouel», soit ‘Dieu avec nous’.

Pour les autres, son origine est latine: elle se trouverait dans le mot «natalis», soit ‘relatif à la naissance’. Comme est d’ailleurs latine la fête de Noël en elle-même, construite de toutes pièces, vers le milieu du 4e siècle, sur des fondations ‘païennes’.

La date de la naissance de Jésus étant inconnue de tous, hier comme aujourd’hui, on la fixa arbitrairement à ce 25 décembre déjà bien rôdé à l’occasion des ‘Saturnales’ romaines en général et du culte de Mithra en particulier.

C’est en effet à cette date qu’on célébrait ce dieu de la lumière, d’origine perse et très en vogue alors dans le monde romain, à travers une fête nommée «Natalis Invicti», soit ‘Nativité du Soleil invaincu’. La lumière et la nativité, déjà…

L’étrange melting-pot qui caractérise nos festivités de Noël – houx, sapin, cadeaux, crèche, Père Noël – provient d’ailleurs en partie de ce mélange originel, auquel s’est ajoutée la tradition de Saint Nicolas, le tout bien agité par le marketing américain. Nous vous renvoyons à ce propos à l’article «My Name is Noël… Père Noël»…

Alors, quel prénom?

Cette question, je l’ai posée tout d’abord à ma fille. «Bernard», a-t-elle répondu, peut-être légèrement influencée par le contexte familial.

Mon fils, lui a opté pour «Poilu». Ce n’est pas vraiment un prénom, me direz-vous, mais du moment qu’on peut appeler une fille «Prune» ou «Marguerite», pourquoi ne nommerait-on pas un garçon «Poilu», finalement?

Au travail, ma collègue Alexandra a opté pour «Gottfried ou Björn», insistant ainsi sur la provenance nordique du personnage en question. Avant d’ajouter: «Ou peut-être ‘Petipapa’». En effet, il n’est pas exclu que Monsieur Noël se prénomme Petipapa.

L’avis de ma fille, de mon fils, d’une collègue de travail, c’est bien… mais pourtant peut-être insuffisant. Il me fallait un autre avis, incontestable celui-là. Alors j’ai pris mon téléphone et appelé l’homme qui veille sur le Temple du Savoir helvétique.

Jean-Frédéric Jauslin lui-même, directeur de la Bibliothèque nationale suisse, qui, dès avril 2005, prendra la tête de l’Office fédéral de la Culture.

Aucun doute!

«Sur Internet, quand on tape ‘Père Noël’ dans Google, on reçoit environ 1’600’000 références. Je n’ai donc pas vraiment eu le temps d’aller chercher si l’un des sites parle du prénom du Père Noël», relève Jean-Frédéric Jauslin.

«Mais… spontanément, je dirais Raphaël. Je ne sais pas pourquoi, je pense qu’il doit s’appeler Raphaël», ajoute-t-il.

Raphaël, tiens, pourquoi pas? Mais aussi… pourquoi? «Je trouve que cela lui irait bien. ‘Raphaël Noël’, c’est joli, ça va bien ensemble. Raphaël, cela offre tout un tas d’images plutôt positives. Or le Père Noël a globalement une image positive», constate le directeur de la Bibliothèque nationale.

Qui ajoute: «Et puis mon dernier fils s’appelle comme ça. Il faudra donc que je lui dise que sa destinée est toute tracée, que son prochain job, ce sera Père Noël!»

En voilà un qui sera étonné. Malgré la spontanéité de mon interlocuteur, je me sens obligé, crédibilité journalistique oblige, de ramener notre échange à un niveau un peu plus adulte. «Aujourd’hui, vous avez probablement un doute sur l’existence du Père Noël… A qui en voulez-vous le plus? Au père Noël, à vous-même, ou au temps qui passe?», lui dis-je.

«Mais je n’ai aucun doute à son propos!» répond sans hésiter Jean-Frédéric Jauslin.

Chères lectrices, chers lecteurs, swissinfo est donc en mesure, aujourd’hui, de vous l’annoncer officiellement: le Père Noël existe, et il se prénomme Raphaël. C’est le futur patron de l’Office fédéral de la culture qui l’a dit.

swissinfo, Bernard Léchot

– La date du 25 décembre commémorant la naissance de Jésus a été arbitrairement fixée au 4e siècle.

– Chez les Romains, cette date était déjà une date ‘festive’ à cause des Saturnales et du culte de Mithra.

– A cause de ses origines ‘païennes’, les fêtes de Noël furent interdites aussi bien chez les presbytériens écossais du 16e s. que chez les puritains anglais du 17e.

– Le Père Noël est un croisement entre divers personnages des coutumes de Noël et Saint Nicolas.

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