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Marc Rich, à nouveau en ligne de mire

Le négociant en matières premières dément tout lien avec Glencore. Mais il est toujours actif au sein de Marc Rich & Co. Investment AG (MRI).

MRI nie aussi toute implication dans Crown Resources, la société qui avait affrété le pétrolier «Prestige».

La semaine dernière, la presse française a relayé les accusations du pouvoir à l’encontre de Marc Rich, le négociant en matières premières établi en Suisse depuis 1983.

Le presque septuagénaire serait, selon ces accusations, impliqué tant dans la société Glencore (actionnaire de 33% de Metaleurop) que dans Crown Resources, l’affréteur du Prestige (pétrolier qui est l’origine de la marée noire qui a pollué les côtes d’Epagne et de France).

Le terrain des polémiques

Marc Rich est aujourd’hui président de Marc Rich Investments (MRI), qui dément toute implication dans les affaires de Metaleurop ou de Crown Resources. Marc Rich n’aurait plus aucun lien avec Glencore, qui contrôle 33% de Metaleurop, et qui avait succédé à Marc Rich & Co en 1994.

D’après le député écologiste zougois Josef Lang, spécialiste de ces milieux particulièrement opaques, Marc Rich a effectivement abandonné ses parts dans Glencore.

N’en demeure pas moins que Marc Rich n’aura pas quitté le terrain des polémiques très longtemps. La dernière remonte à deux ans.

Grâce contestée

A la fin de son deuxième mandat présidentiel, le président américain Bill Clinton graciait le négociant et effaçait une ardoise peu commune: 48 millions de dollars soustraits au fisc et l’accusation de «commerce avec l’ennemi», l’Iran en l’occurrence, lui auraient valu 325 ans de prison en cas d’arrestation et de procès.

Réfugié en Suisse depuis septembre 1983, Marc Rich, né à Anvers en 1934, ne risquait pas l’extradition car l’évasion fiscale n’est pas un délit dans la Confédération et l’entraide judiciaire n’est pas accordée pour des délits politiques.

Marc Rich a su s’acclimater parfaitement à sa nouvelle patrie. Et vice versa: l’ancien maire de Zoug Walther Hegglin aurait même déclaré: «Tant que Marc Rich va bien, Zoug va bien.»

Lettre de soutien

Le maire n’était pas le seul à penser le plus grand bien de Marc Rich. En même temps qu’elle déclenchait une tempête aux Etats-Unis il y a deux ans, la grâce clintonienne secouait aussi l’establishment politico-économique suisse.

On apprenait en effet que de nombreuses personnalités avaient écrit à Bill Clinton pour soutenir la grâce. Parmi elles, le maire socialiste de Zurich, Josef Estermann.

Réputé timide – peut-être des années de traque du FBI rendent-elles simplement prudent – l’homme se montre rarement en public. Les gazettes le surprennent néanmoins au moins une fois par année avec la jet-set à Saint-Moritz avec sa deuxième femme Gisela.

Recherche contre le cancer

Avec une partie de sa fortune estimée entre 1 et 1,5 milliard de francs suisses, Marc Rich, ressortissant israélien et espagnol, a créé une fondation, la Fondation Doron, qui distribue 100 000 francs suisses chaque année dans les domaines de la culture ou de la science.

Depuis le décès de sa fille Gabrielle en 1996 d’une leucémie, il s’engage aussi activement, dit-on, dans la recherche contre le cancer.

Si sa société MRI siège à Baar, Marc Rich possède lui une villa sur les rives du lac des Quatre-Cantons, à Meggen, une commune dont 1% des 6000 habitants verse 42% des recettes fiscales.

Marc Rich sait toujours bien choisir ses domiciles, tant professionnels que privés: Meggen connaît le taux d’impôt le plus bas du canton de Lucerne. Un taux certes plus élevé que dans les cantons voisins de Zoug ou de Schwyz, mais la vue sur les Alpes y est imprenable.

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich

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