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Micheline Calmy-Rey critique sévèrement Israël

La Suisse estime que l'usage de la force par Israël au Liban mène à une impasse. Keystone

La ministre suisse des Affaires étrangères a jugé jeudi que les attaques d'Israël contre le Liban étaient disproportionnées. Elle demande un cessez-le feu immédiat et l'établissement d'un corridor humanitaire.

Sur place, 100 Suisses ont quitté le pays jeudi. Environ 500 autres attendent encore leur évacuation par mer ce week-end.

Lors d’une conférence de presse, Micheline Calmy-Rey a fait part du point de vue suisse sur la crise qui se déroule depuis neuf jours au Liban.

La ministre reconnaît qu’Israël a le droit de se défendre et d’intervenir pour récupérer ses deux soldats enlevés par le Hezbollah libanais.

Epargner les civils

Elle a cependant critiqué l’intervention de Tsahal, la jugeant «disproportionnée». Israël ne doit pas prendre des mesures de représailles à l’encontre d’un pays tout entier. Elle a estimé que «rien» ne justifiait l’ampleur de la réaction israélienne.

La responsable de la diplomatie suisse demande un cessez-le-feu immédiat. Elle appelle les parties en conflit à respecter le droit humanitaire international et à ne pas attaquer des objectifs civils.

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFEA) a déjà fait part de ses exigences à l’ambassadeur d’Israël ainsi qu’au représentant des Palestiniens à Berne.

«La Suisse n’a cessé de rappeler aux différentes parties leurs obligations en termes de respect du droit humanitaire, a rapporté la ministre. Ce respect n’a pas à être négocié».

Offensive diplomatique

La solution par la force conduit immanquablement à une impasse, a souligné Micheline Calmy-Rey. La Suisse va donc œuvrer pour trouver une issue diplomatique.

Elle a notamment envoyé une lettre aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU afin qu’ils agissent dans ce sens. La ministre s’est d’ailleurs étonnée que rien n’ait encore été entrepris jusqu’ici.

La Suisse propose aussi que le Hezbollah relâche ses deux otages militaires israéliens en échange de prisonniers détenus en Israël.

Corridor humanitaire

La Suisse est par ailleurs en contact avec Israël et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en vue de l’établissement de corridors humanitaires au Liban.

Un corridor irait de Chypre à Beyrouth et se prolongerait vers le sud fortement bombardé. Selon Toni Frisch, délégué pour l’aide humanitaire, l’acheminement de l’aide par la route est cependant très difficile en raison de la destruction de nombreuses infrastructures.

A la base, l’idée de ces corridors est française. Le président Jacques Chirac l’avait proposé mercredi pour permettre aux civils d’évacuer les zones les plus dangereuses.

Un porte-parole du gouvernement israélien a déclaré jeudi que son pays n’avait «absolument rien contre» cette idée. Pour sa part, Micheline-Calmy-Rey a indiqué avec «reçu des réponses constructives».

Encore des Suisses à évacuer

Sur le terrain, une centaine de Suisses ont pu quitter le Liban jeudi. Ils ont été évacués par convoi terrestre en direction de Damas. Cela porte à quelque 500 le nombre de ressortissants suisses évacués jusqu’ici. Le premier avion en provenance de Damas s’est posé en Suisse jeudi soir.

Par ailleurs, un bateau d’une capacité de plus de 500 personnes affrété par la Suisse quittera Beyrouth à destination de Chypre samedi. De là, les évacués seront rapatriés par avion.

Mais l’opération d’évacuation n’est pas terminée. Selon l’ambassadeur Markus Börlin, chef de la cellule de crise pour le Liban, le nombre de Suisses qui s’annoncent à l’ambassade de Suisse à Beyrouth pour quitter le pays augmente chaque jour.

Pour l’heure, il s’avère qu’au moins 500 citoyens helvétiques souhaitent encore regagner la Suisse, a précisé Micheline Calmy-Rey. Le DFAE assure avoir la capacité de les évacuer tous.

La solidarité se met en place

Mercredi déjà, plusieurs organisations humanitaires suisses avaient annoncé débloquer des fonds pour venir en aide à la population libanaise. Le mouvement de solidarité s’est poursuivi jeudi.

La «Chaîne du bonheur» a lancé un appel aux dons en faveur des populations civiles au Liban, en Palestine et en Israël. L’aide est destinée en priorité aux enfants.

Sur le terrain, l’aide est mise sur pied par la Croix-Rouge suisse, Caritas, l’Entraide Protestante Suisse (EPER) et la Fondation Terres des hommes, partenaires de la Chaîne du Bonheur.

Ces ONG suisses ont déjà débloqué environ un demi-million de francs pour la région du Proche-Orient mais les besoins sont encore très importants, a précisé la Chaîne du Bonheur.

swissinfo et les agences

– Israël a commencé ses attaques contre le Liban après l’enlèvement de deux de ses soldats par les islamistes du Hezbollah.

– Jusqu’à présent, les attaques israéliennes sur le Liban ont provoqué plus de 300 morts et plus de 700 blessés.

– Ces opérations n’ont cependant pas permis de neutraliser le Hezbollah qui continue à faire pleuvoir des roquettes sur la Galilée, provoquant là aussi des victimes civiles.

– Ce conflit a provoqué le départ massif des étrangers présents au Liban. En raison du pilonnage des routes et des aéroports, cette évacuation a principalement lieu par mer.

838 citoyens suisses vivent au Liban
713 ont la double nationalité
Depuis le début de l’évacuation, environ 500 Suisse ont pu quitter le pays des cèdres
Les personnes sans nouvelles de parents suisses au Liban peuvent contacter la hotline au +41 31 325 33 33 (de 08h00 à 21h00)

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