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Militaires renvoyés pour comportement nazi

L'armée suisse n'aime pas les sympathisans nazis. Keystone

Pour avoir fait le salut nazi et tenu de propos racistes, deux sous-officiers et deux recrues en poste au Tessin ont été renvoyés à la maison.

Cette affaire survient deux jours après la découverte de photos prises dans une autre école de recrues. Des images dont la mise en scène est douteuse voire macabre.

La semaine dernière déjà, des gradés et des recrues de l’école de grenadiers 4, à Isone (Tessin), avaient remarqué qu’un groupe de camarades se saluaient en levant la bras à la manière des nazis et tenaient entre eux des propos racistes et extrémistes.

Le commandant de l’école a immédiatement ouvert une enquête interne, au cours de laquelle deux recrues et un sous-officier ont reconnu les faits. Plusieurs témoignages ont également permis d’établir qu’un second sous-officier se livrait lui aussi à ces pratiques douteuses.

Jeudi soir, les quatre jeunes gens ont été renvoyés à la maison. Ce licenciement administratif n’implique toutefois pas encore de préjudice. Il permet simplement au service de lutte contre l’extrémisme du ministère de la Défense de vérifier s’il existe des motifs suffisants pour prendre d’autres mesures administratives à leur encontre.

L’armée ne veut pas de nazis


Il s’agira notamment d’établir si les militaires concernés ont déjà été condamnés pour comportement extrémiste. Outre la sanction disciplinaire, ils risquent notamment d’être transférés dans un groupe sans incorporation, de voir leurs chances de promotion gelées ou même d’être exclus de l’armée.

Felix Endrich, porte-parole de l’armée, rappelle que celle-ci garantit la liberté d’opinion, mais ne saurait tolérer de ses membres des propos, des gestes ou des actes à coloration extrémiste, quelle que soit leur orientation.

Et d’ajouter que ces débordements sont d’autant plus grave «s’ils sont le fait de militaires en uniforme ou de gradés».

Abou Ghraïb sur l’Aar

Mercredi déjà, un autre dérapage en gris-vert avait fait les gros titres de la presse suisse.

A l’occasion d’une «fête», une jeune recrue avait pris des photos d’un camarade en slip, couché à terre et tenu en laisse avec un ceinturon. Pour compléter cette mise en scène douteuse, une autre recrue, également en slip, tient sa «victime» en joue avec son fusil d’assaut.

Publiées sur le site Internet personnel d’un des participants, ces images ont été prises lors de l’école de recrues des troupes de chars à Thoune en mai 2004. Elles font immédiatement penser aux sinistres tortures de la prison d’Abou Ghraïb en Irak.

La réaction de l’armée ne s’est pas fait attendre. Dans le quotidien romand Le Matin, Daniel Reist, porte-parole des forces terrestres juge la photo «dégoûtante, un manque de respect total envers les victimes de tortures».

Quant au fait de pointer une arme sur quelqu’un par jeu, la chose est simplement «inadmissible». Toutefois, les faits remontant à plus d’un an, ils sont frappés de prescription. Le commandant de l’école ne compte pas passer l’éponge pour autant. Il affirme avoir demandé à la justice militaire d’examiner toutes les possibilités de punir ces jeunes gens.

Lesquels se défendent d’avoir voulu imiter les tortionnaires d’Abou Ghraïb. Contacté par le journal, l’un d’entre eux parle simplement de «bizutage» et de «jeu stupide».

Plutôt rare

Sans faire de lien entre les deux affaires, Felix Endrich tient à souligner que des incidents comme ceux d’Isone sont rares. Le service de lutte contre l’extrémisme de l’armée traite moins de huit cas par an, selon le porte-parole. L’armée est en effet vigilante et veille à ne pas incorporer dans ses rangs des extrémistes notoires.

«Selon notre service de lutte contre l’extrémisme, il y aurait environ 800 néo-nazis ou sympathisans incorporés dans l’armée», admet toutefois Felix Endrich. Mais le plus souvent, ceux-ci se tiennent tranquilles.

Mais les récents événement du Grütli, qui ont vu le président de la Confédération sérieusement chahuté par les crânes rasés «ont certainement sensibilisé la troupe, qui est désormais plus attentive à ce genre de comportements», ajoute le porte-parole.

swissinfo et les agences

L’armée suisse dispose depuis trois ans d’un service de lutte contre l’extrémisme, chargé de prévenir et de surveiller les éventuels débordements.
Ce service traite moins de huit cas par année.
Il admet néanmoins que quelque 800 néo-nazis ou sympathisants sont incorporés sous les drapeaux.
Le plus souvent, ceux-ci se tiennent tranquilles. L’armée évite en effet d’incorporer dans ses rangs les extrémistes les plus notoires.

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