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Mon beau sapin… écolo

Près d'un million de sapins de Noël sont vendus chaque année en Suisse. Keystone

A l’approche des fêtes de Noël, le WWF-Suisse invite les amateurs de sapins à faire un achat réfléchi en optant pour le sapin porteur du label écologique FSC.

Déjà présent en Suisse alémanique, il fait une première incursion en Suisse romande. Mais l’offre reste encore peu étoffée.

Vert. Avec des aiguilles, qui vont finir par tomber sur votre parquet… Le sapin écolo ressemble comme deux gouttes d’eau à son frère «ordinaire».

Invisible à l’œil nu, la différence est cependant essentielle: le sapin écolo pousse sans produits toxiques. Il est naturel à 100%. Et pour être parfait, ce sapin respectueux de la nature doit être indigène.

Pourquoi un sapin suisse? Pas par nationalisme exacerbé. Mais tout simplement pour éviter les transports qui génèrent, entre autres, de la pollution atmosphérique.

Le problème est que, sur le million de sapins de Noël vendus chaque année en Suisse, 70% d’entre eux proviennent de l’étranger, principalement du Danemark.

Il faut donc tenter d’inverser cette tendance. Raison pour laquelle la section suisse du Fonds mondial pour la nature (WWF) incite le consommateur, pour la quatrième année, à se tourner vers une production indigène et écologique.

Mais outre le consommateur, il faut aussi convaincre les sylviculteurs et les distributeurs. Une question d’offre et de demande.

Un intérêt croissant

«Le mouvement a démarré en Suisse alémanique, simplement parce que la région est plus grande», explique Muriel Lardi, responsable de la communication pour la Suisse romande du WWF-Suisse.

Et un constat s’impose: l’intérêt est de plus en plus grand. Pour preuve, le nombre de points de vente ne cesse d’augmenter.

Ainsi cette année, ce sapin écolo est vendu dans 138 endroits contre 110 en 2002. Pour la première fois, il y en aura une vingtaine en Suisse romande.

Pour l’heure, seuls trois cantons romands sont concernés: Fribourg, Neuchâtel et Vaud. Pour les autres, cela devrait se concrétiser l’an prochain, espère Muriel Lardi.

Autre souhait: que les points de vente en Suisse romande deviennent plus importants et mieux situés. Actuellement, il n’y en a pas près des grandes agglomérations.

En Suisse alémanique, des points de vente se situent dans douze cantons.

Quant à la quantité de sapins écolo vendue, faute de statistique, elle n’est pour l’heure pas connue.

La grande distribution sollicitée

Pour développer la vente de ces sapins cultivés sans pesticides ni produits toxiques, il faudrait que la grande distribution joue le jeu.

Migros franchit le pas cette année. Mais à petite échelle. Car on ne pourra le trouver que dans trois coopératives: Berne, Zurich et Bâle.

Quelque 5000 pièces sont proposées aux clients de ces trois grands centres urbains. Ils devront débourser cinq francs de plus que pour un sapin non labellisé.

Fausta Borsani, une des porte-parole du groupe, justifie cette limitation tout simplement par le manque de sapins FSC.

Du côté de Coop, les sapins écolo ne sont pas encore disponibles. Mais son porte-parole affirme que le grand distributeur entend développer ce produit.

Karl Weisskopf souligne aussi que ce sapin labellisé est récent. Et qu’il faut donc trouver des producteurs certifiés.

Coop favorise néanmoins le produit local puisqu’il se fournit, du moins en partie, auprès de paysans de montagne, principalement de la région de Berne.

Pour sa part, Muriel Lardi du WWF-Suisse indique avoir reçu un meilleur écho du côté de Migros. Tout en soulignant que les négociations sont toujours en cours avec Coop.

Manque de sapins indigènes

Cela dit, il n’y a pas assez de sapins de Noël en Suisse, quel que soit leur mode de production. L’importation reste donc incontournable.

Les producteurs estiment qu’il faudrait 1500 hectares supplémentaires pour couvrir les besoins. Et il faut tenir compte du fait qu’une dizaine d’années sont nécessaires pour qu’un arbre atteigne 1,20 mètre à 1,50 mètre.

Quant à une production FSC, elle n’est pas forcément intéressante, notamment dans les petites communes. C’est du moins l’avis du garde-forestier de Mollens, dans le canton de Vaud.

Pour Jean-Michel Duruz, une telle production n’est pas rentable. Car «elle se fait dans des zones marginales, par exemple sous des lignes électriques, sur des parcelles privées etc.» Autrement dit, «dans tous les coins disponibles».

«De plus, souligne-t-il, plus de la moitié de mes plantations sont hors zone labellisée. Et il ne s’agit que de quelques centaines de sapins, destinés aux habitants des communes qui m’emploient.»

Le garde-forestier de Vuisternens-en-Ogoz, dans le canton de Fribourg, lui, fait la différence entre culture et forêt.

«La culture est une chose. La forêt, elle, est gérée de manière durable depuis des décennies tant au niveau de la production de bois que du sapin de Noël.»

«Et donc, poursuit-il, nous avons toujours eu un sapin écolo, puisqu’il pousse naturellement.»

Il a cependant été intéressé à obtenir le label FSC – ce qui a été fait en septembre dernier – surtout pour le bois de charpente et de menuiserie.

Mais pour René Bovigny il ne s’agit pas non plus de rentabilité puisque les sapins sont donnés aux quelque 600 ménages des trois communes pour lesquelles il travaille.

Tout cela va donc prendre du temps, comme le reconnaît Muriel Lardi du WWF-Suisse.

swissinfo, Chantal Nicolet

Environ un million de sapins de Noël sont vendus chaque année en Suisse.
Près des trois quarts viennent de l’étranger, en particulier du Danemark (espèce Nordmann).
Le chiffre d’affaires du sapin de Noël en Suisse représente 40 à 50 millions de francs par an.

– Le Conseil international de gestion forestière FSC (Forest Stewardship Council) a été fondé en 1993 – tout comme son label de qualité – pour contribuer à la mise en oeuvre d’une gestion forestière durable, respectueuse de certaines exigences écologiques et sociales.

– Parmi les critères sociaux, on peut citer des conditions de travail convenables et une juste rémunération.

– Parmi les critères écologiques, il faut éviter les coupes rases systématiques, il s’agit de préserver les écosystèmes, il faut exploiter sans occasionner de dégâts à l’environnement.

– En Suisse, 300’000 hectares de forêts sont certifiés. Ce qui représente 25% de la surface forestière helvétique.

– Le FSC touche 38 millions d’hectares répartis dans 57 pays.

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