Nouvelles désillusions pour Phonak
L’unique équipe suisse de première division a tout misé sur Alex Zülle. Hélas, le «leader» saint-gallois - vainqueur de l’édition 2002 du Tour de Suisse - n’a pas assuré.
Heureusement, Alexandre Moos et Oscar Pereiro ont sauvé la face.
Les résultats de l’équipe suisse Phonak hearing system lors du 67e Tour de Suisse font des envieux.
Il est vrai que la victoire d’étape (Silvaplana) et un podium final (3e place) pour l’Espagnol Oscar Pereiro – grâce à l’abandon de Francesco Casagrande au départ de l’ultime étape – ont de quoi faire des jaloux.
D’autant qu’il faut ajouter à cela les coups d’éclats du Valaisan Alexandre Moos, troisième lors de l’étape de La Punt, deuxième à Aarau et meilleur Suisse du classement général (6e).
Malgré cela, le bilan de la seule équipe suisse de première division est bien maigre au vu de ses ambitions. Depuis le début de la saison, elle accumule en effet les désillusions.
Non-qualifiée pour le 100e Tour de France faute de résultats, Phonak a manqué l’objectif principal de sa saison. Avant le début du Tour de Suisse, son patron Andy Rihs avait annoncé la couleur: «Nous jouons la victoire finale avec Alex Zülle».
Laissé sur le bord de la route par son équipe allemande Team Coast, le Saint-Gallois a retrouvé de l’embauche chez Phonak au mois de mars, en même temps que son compère Nikki Aebersold. Où ils avaient été accueillis en véritables sauveurs.
Du rififi au sein de l’équipe
Mais, depuis son arrivée, le «leader» saint-gallois n’a pas convaincu. Pire, sa présence – comme celle d’Aebersold – a fini par gangrener l’esprit de groupe.
Et plusieurs coureurs fidèles comme Martin Elmiger – vainqueur du GP de Gippingen – ou le baroudeur Roger Beuchat ont été laissé à la maison.
Or, à cours de compétition, Alex Zülle a très vite montré ses limites dans les étapes de montagne.
Alain Gallopin, son ex-directeur sportif chez Team Coast – aujourd’hui à la tête de la formation Bianchi – tente un début d’explication: «en début de saison, nous avions convenu avec Alex d’une préparation axée sur Paris – Nice et le prologue du Tour de France».
Mais la suspension de son ancienne équipe a chamboulé toute la préparation du vainqueur du Tour de Suisse 2002, le forçant même à un mois d’inactivité.
Polémique autour d’Alexandre Moos
La stratégie aberrante de Phonak, axée uniquement sur le st-gallois s’est retourné contre elle. Malgré ses exploits individuels, Alexandre Moos n’a jamais pu sortir du carcan institué par la direction et profiter du travail de son équipe.
Pire, le Valaisan de Miège a même dû jouer le co-équipier modèle et laisser partir l’Espagnol Oscar Pereiro dans l’étape Silvaplana. Autant dire que sa marge de manœuvre a été très réduite.
«Nous avons commis plusieurs erreurs», explique le champion de Suisse qui défendra dimanche son titre à Ruggel (Vaduz). Avec une autre stratégie, Oscar Peireiro pouvait même gagner ce Tour de Suisse et moi une étape, voire finir sur le podium. Je suis frustré.»
Confiance dans l’équipe dirigeante
Malgré ces couacs, l’absence de résultats probants et l’éviction du Tour de France, le patron de Phonak – Andy Rihs – garde toute sa confiance en son staff: le manager Urs Freuler et les directeurs sportifs, Jacques Michaud, René Savary et Alvaro Pino.
Ce dernier annonce déjà la politique de l’équipe suisse pour la saison prochaine: «Nous allons engager un, voire deux excellents coureurs dont les contrats arrivent à échéance».
L’engagement de nouveaux mercenaires
Les Espagnols Diez Iban Mayo, Joseba Beloki, Oscar Sevilla et l’Américain Tyler Hamilton sont par exemple dans ce cas. Et quel que soit le ou les heureux élus, leur engagement aura pour but de permettre à l’équipe de se retrouver au départ du Tour de France 2004.
Et pour réussir dans cette entreprise, il sera nécessaire de marquer des points lors des classiques de fin de saison. Soit, principalement, les très convoitées courses italiennes et la fameuse Vuelta espagnole.
Le premier mars prochain déjà, les 14 premières équipes de première division seront qualifiées d’office. Ne resteront ensuite que les wildcards. «Je ne veux pas tabler sur les wildcards. Notre objectif prioritaire est d’accumuler les points nécessaires d’ici à la fin de la saison», tonne Andy Rihs.
Une équipe de Suisse de seconde division
La politique ambitieuse de Phonak et l’engagement de pointures étrangères passe presque inévitablement par un changement drastique de l’effectif. Certains coureurs suisses pourraient bien en faire les frais.
Et comme aucun jeune ne possède le potentiel lui permettant d’accéder à la première division, la nécessité de remettre sur pied une équipe de deuxième division suisse se fait de plus en plus pressante.
A cet égard le directeur sportif vaudois Jean-Jaques Loup a repris son bâton de pèlerin. En tractation avec cinq sponsors potentiels, il table sur un budget de deux millions: 1 million et demi de cash et 500 000 francs en matériel pour tenter une nouvelle aventure.
L’idéal serait de former une nouvelle équipe où certains laissés pour compte de Phonak pourraient encadrer les jeunes loups…
swissinfo, Pierre-Henri Bonvin
– Oscar Pereiro, vainqueur à Silvaplana, a apporté à Phonak sa septième victoire d’étape de la saison.
– Quasiment absents de la première marche des podiums, les coureurs de Phonak ont accumulé une vingtaine de deuxième place.
– Sixième au classement général à 2’10” d’Alexandre Vinokourov, Alexandre Moos est le meilleur coureur suisse de cette édition.
– Daniel Schnider a remporté le classement général des sprints volants.
– Phonak a pris la deuxième place du classement général par équipes, derrière la formation italienne de Fassa Bortolo.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.