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Novartis à la tête d’une fronde contre Séoul

Le groupe suisse n'est plus seul à affronter les autorités sud-coréennes. D'autres groupes pharmaceutiques étrangers dénoncent des discriminations.

Séoul refuse d’accorder à Novartis un prix de vente raisonnable pour son médicament contre la leucémie.

Novartis n’est donc plus seul à exprimer sa colère contre un gouvernement sud-coréen qui a décidé d’ignorer un accord passé avec les multinationales de la pharmacie.

En vertu de cet accord, il acceptait de rembourser leurs médicaments les plus avancés au même prix moyen que dans sept pays industrialisés.

Au lieu de l’honorer, le gouvernement sud-coréen a décidé, au contraire, de réduire de 30% le prix de remboursement de ces produits étrangers à la pointe du progrès.

«Il existe une discrimination évidente contre les multinationales étrangères, en violation des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC)», déclare Frank Bobe, responsable de la filiale sud-coréenne de Novartis à Séoul.

Beaucoup de xénophobie

L’interminable dispute entre le groupe suisse et le ministère sud-coréen de la Santé au sujet du prix de remboursement du Glivec – son médicament miracle contre la leucémie – a fini par écœurer les autres pharmaceutiques étrangers actifs en Corée du Sud.

Et cela au point de convaincre leur association KRPIA de faire cause commune avec Novartis.

«Je déconseillerais d’investir dans ce pays. C’est tellement facile pour le gouvernement sud-coréen de s’en prendre aux entreprises étrangères. Car il y a encore beaucoup de xénophobie ici», estime Jan Peterse, responsable de la société américaine Pharmacia à Séoul.

Les pharmaceutiques étrangers ont décidé d’intervenir directement auprès du président sud-coréen Kim Dae Jung pour protester contre l’incapacité de son gouvernement à les consulter avant d’adopter de nouvelles lois destinées à réduire les coûts de la santé.

Une façon pour eux d’exprimer tout le mal qu’ils pensent de l’attitude d’une majorité de parlementaires opposés à toute présence industrielle étrangère dans le Pays du matin calme.

L’Union europeenne inquiète

Pourquoi l’union des groupes pharmaceutiques étrangers en Corée du Sud?

«Car ils savent que si l’un d’entre eux accepte de vendre ses produits les plus performants à un prix inférieur à celui en vigueur en Europe, aux Etats-Unis et au Japon, les autres pays d’Asie ne manqueront pas de suivre l’exemple sud-coréen», déclare un analyste de UBS Warburg à Hong Kong.

Novartis pense que le gouvernement sud-coréen veut punir les pharmaceutiques étrangers pour avoir augmenté leur part du marché local aux dépens de leurs rivaux locaux. Elle s’est élevée de 19% en 1999 à 25% l’an dernier.

«Nous ne discriminons pas les firmes étrangères», répond un porte-parole du gouvernement sud-coréen».

Nous devons, dit-il, «contrôler nos coûts de la santé. Si nous sommes dans les chiffres rouges, c’est à cause, en partie, d’une utilisation toujours plus grande de médicaments étrangers.

Les accusations de discriminations lancées par Novartis et les autres pharmaceutiques étrangers à Séoul ne laissent pas indifférente l’Union européenne (UE).

Celle-ci est en train de suivre de très près le marché sud-coréen des médicaments. Et l’UE menace de porter l’affaire devant l’Organisation mondiale de la santé.

swissinfo/Georges Baumgartner à Tokyo

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