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Opération séduction à l’Union des Associations suisses de France

Congrès UASF 2
Assemblée générale 2022 de l'Union des associations suisses de France, à Bordeaux. swissinfo.ch

L’Union des Associations suisses de France lance un projet pour retrouver des forces vives, à l’occasion de son Congrès annuel à Bordeaux. Après deux ans de pandémie, les clubs qui la composent ont perdu environ 10% de leurs membres. Certaines associations ont mieux résisté, mais ne parviennent pas à renouveler leurs effectifs.

«La pandémie a plongé l’Union des Associations suisses de France (UASF) dans un état de léthargie», déplore sa présidente Françoise Millet-Leroux à l’ouverture du 62e Congrès de l’organisation, samedi à Bordeaux.

L’événement n’avait plus pu se tenir depuis 2019 en raison de la crise du coronavirus, et l’organisation a souffert. «L’an dernier, trois de nos clubs ont dû fermer, faute de combattants. L’UASF ne compte désormais plus que 54 associations de Suisses de France», constate la présidente.

Pour éviter de voir disparaître d’autres clubs, le comité de l’organisation a ainsi décidé de passer à l’action en lançant un projet national. «Nous avons élaboré un programme qui comprend trois mesures principales», explique Françoise Millet-Leroux.

Trois mesures pour aider

Françoise Millet-Leroux
Françoise Millet-Leroux, présidente de l’Union des Associations suisses de France. swissinfo.ch

Premièrement, l’UASF va lancer une bourse pour permettre à une étudiante ou un étudiant suisse de France de faire ses études en Suisse. Celle-ci sera dotée de 5000 euros par année pendant trois ans. «Nous donnerons la priorité à une ou un jeune dont les parents ou lui-même seraient membres de notre organisation», explique la présidente.

L’UASF veut également apporter une aide à des Suisses de France qui souhaitent lancer un projet innovant. «Nous soutiendrons ce type de projet avec une somme globale de 10’000 euros sur une période de trois à quatre ans», précise Françoise Millet-Leroux. Une commission d’expert-es sera chargée de la sélection et du suivi financier des bénéficiaires.

Finalement, l’organisation souhaite favoriser l’entraide. Elle encouragera ses membres à aider des personnes isolées dans leur vie quotidienne ou dans certaines démarches administratives, en créant un fonds destiné à rembourser les frais des bénévoles.

Ces trois volets seront financés grâce à des dons des clubs suisses en France, des mécénats de la part d’entreprises helvétiques basées dans l’Hexagone et des opérations promotionnelles ponctuelles.

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Le casse-tête du renouvellement

Estelle Johner
Estelle Johner, secrétaire générale adjointe du club suisse de Strasbourg. swissinfo.ch

L’UASF espère que ces mesures donneront un atout aux clubs pour recruter de nouvelles personnes, ce qui constitue le problème persistant des associations. C’est notamment le cas du Club Suisse de Strasbourg, qui a été très affecté par la pandémie. «Comme nos adhérentes et nos adhérents sont relativement âgés, beaucoup sont malheureusement décédés après avoir contracté le Covid-19», confie sa secrétaire générale adjointe, Estelle Johner.

L’association connaissait déjà des difficultés avant la crise du coronavirus. Il y a quelques années déjà, une nouvelle équipe avait repris les rênes de l’organisation pour la sauver d’une mort certaine. Malheureusement, la pandémie a coupé court à leurs plans de redynamisation. «Pendant deux ans, nous n’avons rien pu faire», regrette Estelle Johner.

Le comité ne compte toutefois pas baisser les bras: il est déterminé à ressusciter une organisation en état de mort cérébrale. «Je suis à la recherche de personnes qui ont des racines suisses pour essayer de les convaincre de nous rejoindre», explique la secrétaire générale adjointe. Plusieurs événements festifs seront également organisés au cours de l’année pour attirer de nouveaux membres.

Le plaisir de se retrouver

Tous les clubs de Suisses de France ne brossent pas un tableau aussi noir que Strasbourg. Certains ont bien traversé la crise sanitaire. Margrit Relandeau, présidente de l’Amicale des Suisses d’Annemasse (Haute-Savoie), avoue avoir dû annuler une sortie, mais «a pu maintenir le reste du programme» entre deux vagues de coronavirus. En Touraine (centre) également, l’Amicale helvétique tourangelle a profité des fenêtres de relative accalmie pour ranimer le club. «Nous avons organisé un pique-nique chez des amis suisses», indique, le sourire aux lèvres, Marie-Brigitte Schoch Golaz, qui a été présidente de l’amicale de 1999 à 2021.

Margrit Relandeau
Margrit Relandeau, présidente de l’Amicale des Suisses d’Annemasse. swissinfo.ch

Beaucoup de clubs semblent retrouver un souffle de vie depuis la suppression de la plupart des mesures sanitaires. Valéry Engelhard est président de la Fondation Helvetia Massilia et membre de la Société suisse de Marseille. Dans l’après-pandémie, le club ne va «ni plus mal ni mieux», mais lorsque les réunions et les événements ont pu recommencer en présentiel, «on a vu arriver des gens qui avaient vraiment envie d’être là», se réjouit-il.

Les besoins ont changé

«À Tours, comme dans la plupart des clubs, les membres sont âgés, mais nous n’avons pas constaté de variation particulière de leur nombre en raison de la pandémie», constate Marie-Brigitte Schoch Golaz. Marseille non plus ne semble pas avoir particulièrement perdu d’adhérentes et adhérents ces deux dernières années. Pour tous, le problème reste d’attirer de nouveaux membres et de toucher la jeunesse.

Aujourd’hui, les nouvelles technologies et l’essor des transports, notamment aéronautiques, auraient drastiquement réduit le besoin de regroupement, comme le résume une membre du club tourangeau: «Avant la Suisse c’était loin, le téléphone coûtait cher et les voyages étaient compliqués».

Réseaux sociaux inexistants

Margrit Relandeau considère que recruter des personnes qui sont encore dans la vie active relève de l’impossible, «et quand elles sont enfin à la retraite elles ne veulent plus s’engager». La présidente de l’Amicale d’Annemasse le regrette d’autant plus que «ce seraient ces gens qui sauraient se servir de l’informatique».

Valéry Engelhard
Valéry Engelhard, président de la Fondation Helvetia Massilia et membre de la Société suisse de Marseille. swissinfo.ch

En raison de la moyenne d’âge de leurs membres, la plupart des clubs de Suisses de l’étranger sont en effet confrontés à un problème récurrent, celui de la méconnaissance de l’informatique. À l’ère du numérique et de l’hyperconnectivité, rares sont ceux présents sur les réseaux sociaux. Ils ont parfois des sites internet, certains éditent de petits journaux et ils communiquent principalement par courriel et par courrier postal.

Pour Valéry Engelhard, les membres des comités des clubs n’ont pas réussi à franchir le cap, en raison de leur âge. Il ajoute: «Nous avons déjà du mal à trouver des bénévoles qui s’occupent des associations, alors leur demander de gérer en plus des comptes sur les réseaux sociaux est utopique».

Quelques initiatives isolées

Pour pallier la désertion des clubs, certains lancent leurs propres initiatives, à l’instar de Marseille. Le consulat a créé la «fête des familles» dans le but de générer de nouvelles adhésions. Et cela a fonctionné, selon Valéry Engelhard. «À charge pour les associations de fidéliser les nouveaux membres», dit-il.

À Annemasse, le consulat aide aussi à la distribution de courriels pour toucher plus de personnes. «Mais il incombe quand même à chaque club d’organiser des actions selon sa région et ses moyens», déclare Margrit Relandeau.

Les Suisses de France représentent la plus grande communauté helvétique de l’étranger. Ils et elles sont près de 204’000 à vivre dans l’Hexagone, soit 25% des 788’000 Suisses de l’étranger. Parallèlement, la Suisse accueille la plus grande diaspora française au monde.

La Suisse et la France disposent d’une frontière commune de presque 600 km et partagent une même langue. Leurs riches relations économiques, culturelles ou politiques sont régies par de nombreux accords.

La France est le 5e partenaire commercial de la Suisse. Les flux commerciaux sont particulièrement importants dans les zones frontalières. À l’inverse, la France figure au 4e rang des investisseurs étrangers en Suisse.

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