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Participation de la Suisse à la conquête de l’espace menacée

Des éléments de la fusée Ariane fabriqués à Emmen, en Suisse. Keystone

Après 40 ans de participation à l'aventure spatiale européenne, la Suisse pourrait se retrouver sur la touche. Malgré ses compétences, elle manque d'un programme national de recherche. Et sa contribution à l'ESA est trop maigre.

Les scientifiques et les industriels suisses ont célébré mardi quarante ans de collaboration avec leurs homologues européens dans le domaine de l’espace. L’occasion de souligner que la Suisse se doit d’investir plus de moyens si elle entend poursuivre le voyage.

Supporteur de la première heure de l’agence spatiale européenne (ESA), la Suisse a su faire valoir sa technologie. Du moins jusqu’à présent. La preuve, les coiffes des fusées Ariane – cette enveloppe qui protège la charge utile au décollage – sont fabriquées en Suisse. Où une quinzaine de sociétés sont directement impliquées dans les technologies relatives à la recherche spatiale.

«Elles ne sont pas les seules, précise Pascal Vinard, chargé du dossier industrie au Bureau des affaires spatiales du Secrétariat d’Etat de la science et de la recherche. Près d’une trentaine de sociétés réalisent en effet une partie de leur chiffre d’affaires grâce à des technologies liées à l’espace.»

Cette industrie génère quelque 300 emplois directs et plus du double si l’on compte les sous-traitants. Par ailleurs, les instituts universitaires et les écoles polytechniques multiplient, eux aussi, les contrats liés au domaine spatial.

Cette ouverture sur les étoiles, la Suisse l’a notamment acquise grâce à sa contribution financière à l’ESA. Selon un savant calcul, les investissements consentis par les gouvernements sont redistribués sous forme de contrats destinés à l’industrie nationale.

Cette année, la Suisse a investi 118 millions de francs, soit un peu plus de 3 pour cent du budget de l’ESA. Mais c’est peu. Et elle ne prévoit qu’un million supplémentaire pour l’année prochaine. Selon les spécialistes, vingt à trente millions seraient pourtant nécessaires pour que la Suisse puisse rester dans la course.

«Jusqu’à présent, un investissement minimal a permis à la communauté scientifique helvétique de se maintenir à flot. Mais, ajoute Pascal Vinard, en plus de leur participation à l’ESA, la plupart des pays membres ont aujourd’hui des programmes nationaux et octroient des soutiens financiers à leurs entreprises et aux instituts de recherche actifs dans le domaine spatial. Où la concurrence est de plus en plus rude.»

Pour monter à ses partenaires européens qu’elle entend défendre ses intérêts, la Suisse devrait donc investir davantage via l’ESA et les projets internationaux contrôlés par l’Union européenne (UE). Mais elle devrait aussi lancer son propre programme national.

«Dans quelques jours, précise Pascal Vinard, l’UE va annoncer la poursuite de son programme de satellites Galileo. Le financement sera assuré par l’ESA mais aussi par l’Union européenne et, à terme, par des partenaires privés. Dans ce contexte, la contribution de la Suisse à l’Agence spatiale européenne est largement insuffisante.»

Deux sociétés neuchâteloises sont directement concernées. Elles fabriquent des horloges atomiques qui devraient équiper les satellites Galileo. Pourtant, malgré un savoir-faire largement reconnu, elles risquent de ne pas décrocher le marché.

La bataille sera d’autant plus rude que l’ESA est désormais associée à l’Union européenne pour développer des stratégies communes dans le domaine de la recherche spatiale. En grande partie exclue des discussions en raison de sa non appartenance à l’UE, la Suisse a de bonnes raisons de s’inquiéter.

Vanda Janka

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