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Pas de blé transgénique sur sol suisse

Les plantes en question contiendraient un ou plusieurs gènes de résistance aux antibiotiques. swissinfo.ch

Les autorités suisses viennent de refuser à l'EPFZ l'autorisation pour un test en plein air avec du blé génétiquement modifié.

L’actuelle législation suisse interdit le commerce et la production d’organismes génétiquement modifiés (OGM). Seule la recherche est admise, moyennant autorisation de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP). Et le moins que l’on puisse dire est que ces autorisations sont accordées au compte-gouttes.

Les deux dernières demandes, refusées en 1999, concernaient la pomme de terre et le maïs. Cette fois, c’est du blé transgénique que l’Institut de biologie végétale de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) se proposait de tester, sur le terrain de la station d’essais d’Eschikon, en banlieue de la métropole.

Trop d’inconnues

Sur une surface limitée à 8 m2, on aurait planté une variété de blé contenant une protéine censée le protéger contre le champignon de la carie du blé. Les épis touchés par ce parasite – même en toute petite quantité – dégagent une forte odeur de poisson, qui peut entraîner le déclassement de toute une récolte en fourrage pour animaux.

Mardi, Philippe Roch, directeur de l’OFEFP, a motivé publiquement les raisons de son refus. Selon lui, le dossier présenté par l’EPFZ est incomplet et ne permet pas de savoir exactement quelles modifications génétiques ce blé aura subi.

Par ailleurs, ces plantes contiendraient un ou plusieurs gènes de résistance aux antibiotiques. Pour Philippe Roch, il n’est pas question de prendre un tel risque. En disséminant ces gènes dans l’environnement, on pourrait compromettre les chances de succès d’un traitement aux antibiotiques chez l’homme ou chez l’animal. Et même un seul cas serait un cas de trop.

Enfin, l’argumentaire de l’OFEFP relève que la carie du blé a été pratiquement éradiquée de Suisse. Et l’Office fédéral tire précisément cette information d’une publication de… l’Institut de biologie végétale de l’EPFZ. Selon Berne, ce test serait donc non seulement dangereux, mais en plus pratiquement inutile.

Un tour de vis

Comble de malchance pour les chercheurs zurichois, la législation suisse sur les OGM est en cours de révision. Et, en examinant le projet, le Conseil des Etats a déjà posé des exigences plus strictes que celles prévues par la réglementation actuelle.

Philippe Roch ne l’a pas caché: toute demande est désormais examinée à la lumière du résultat de ces premiers débats. Et celle de l’EPFZ n’a pas fait exception.

Pour autant, le directeur de l’OFEFP n’est pas opposé par principe à toute recherche sur les OGM. Les expériences qui visent à détecter les risques de telles cultures devraient même être encouragées. Mais selon Philippe Roch, le projet de l’EPFZ ne saurait être classé dans cette catégorie.

Soulagement et déception

Du côté des écologistes, on applaudit évidemment à ce refus. Les Verts y voient «un pas en direction d’une agriculture sans OGM et d’une alimentation saine». Greenpeace et le WWF saluent également cette décision, jugée «courageuse et clairvoyante».

A l’EPFZ, par contre, on se dit déçu et inquiet pour l’avenir de la recherche en Suisse. Selon Rolf Probala, porte-parole de la haute école, celle-ci va «étudier soigneusement» la possibilité qui lui est offert de déposer un recours auprès du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication.

Marc-André Miserez

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