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Petit quart de finale entre amis

Le coeur d'Arnaud Boetsch balance... Mais il bat un peu plus pour la France. swissinfo.ch

Rien n’est dit dans le quart de finale de Coupe Davis qui oppose la Suisse et la France, à Lausanne. Après le double, la France mène 2-1.

Cette situation réjouit Arnaud Boetsch. Le cœur de l’ancien champion balance en effet entre les deux pays.

Deux fois vainqueur de la Coupe Davis avec l’équipe de France (1991 et 1996), Arnaud Boetsch est le plus suisse des tennismen français. Marié à une Suissesse, il habite depuis plus de dix ans dans la région genevoise.

A l’occasion de cette confrontation entre les deux nations de son cœur, il officie en tant que consultant pour la chaîne de télévision française France2.

Cette position «spéciale» dans la patinoire de Malley, toute de rouge et de bleu vêtue, lui permet de vivre pleinement cette compétition qu’il affectionne tout particulièrement. Entre deux échanges, il a accepté de partager ses émotions.

swissinfo: Comment vivez-vous cette rencontre du haut de votre cabine de commentateur?

Arnaud Boetsch: Je me sens à la fois très impliqué et totalement détendu. C’est un sentiment assez bizarre. Le fait d’avoir connu cette compétition en tant que joueur, et même de l’avoir gagnée, me permet de très bien comprendre ce qui se passe dans la tête des joueurs.

La Coupe Davis est une compétition qui m’a comblée. C’est une véritable fête. Et ce d’autant plus lorsque les deux équipes que j’aime le plus s’affrontent.

Bon, je dois tout de même avouer qu’au niveau du résultat final, mon cœur est plutôt français. C’est mon équipe… Mon pays. Mais j’aime beaucoup tous les joueurs suisses que je connais très bien. Et s’ils finissent par s’imposer, cela me fera aussi plaisir.

swissinfo: Vous vivez dans la région genevoise. Pourquoi avoir choisi – comme beaucoup d’autres tennismen français – de vous établir en Suisse?

A.B.: La première raison est simple: mon épouse est suisse. Mais il faut dire aussi que ce pays offre un cadre et des conditions de vie absolument exceptionnelles.

Cela permet de récupérer de manière optimale entre les différentes compétitions et les multiples voyages.

Et puis, il ne faut pas le cacher, le fait de vivre en Suisse est également bénéfique au niveau fiscal. En France, tout est beaucoup trop compliqué.

swissinfo: Pour son premier match en tant que numéro un mondial devant «son» public, Roger Federer s’est fait un point d’honneur de gagner. A la fin de son match contre Nicolas Escudé, on a pu le voir extrêmement heureux…

A.B.: Il faut bien comprendre que Roger Federer porte toute son équipe, tout son pays, tout seul. Il a une pression énorme sur les épaules. Dans ce sens, le fait qu’il ait perdu assez rapidement lors du dernier tournoi de Key Biscane lui a permis d’être fin prêt pour ce grand rendez-vous, ici à Malley.

Roger Federer est comme moi. Il adore cette compétition. Cela prouve que c’est quelqu’un qui aime partager et qui aime donner. C’est vraiment un mec cool.

Malheureusement, Rodgeur n’a pas de second coéquipier sur lequel s’appuyer. Si la Suisse gagne c’est grâce à lui. Si elle perd, c’est à cause de lui. Tant que cette situation persistera, il lui sera difficile de gagner la Coupe Davis. C’est pourtant tout ce que je lui souhaite. A lui et à la Suisse.

swissinfo: L’équipe de Suisse possède un atout particulier avec la présence de George Deniau dans son camp. Encore un Français qui roule pour la Suisse…

A.B.: George a été l’entraîneur de Jakob Hlasek, mais aussi de Guy Forget – l’actuel capitaine de l’équipe française. Il a aussi aidé le capitaine des Suisses, Marc Rosset, a remporté sa médaille olympique.

Le fait qu’il soit français et qu’il apporte aujourd’hui son expérience d’entraîneur aux Suisses – comme il l’a d’ailleurs déjà fait par le passé – n’a aucune importance. Il est l’ami de tout le monde.

swissinfo: Finalement, à vous entendre, lorsque les Suisses affrontent les Français, c’est une belle histoire de copains?

A.B.: Bien sûr. Tous les joueurs se connaissent et s’apprécient. C’est un peu comme dans une cour de récréation au moment où les gamins décident de faire un match de football. Ils tirent les équipes et donnent le meilleur d’eux-mêmes pour que le spectacle soit le plus beau possible.

swissinfo interview, Mathias Froidevaux à Lausanne

La France et la Suisse s’affrontent ce week-end à Lausanne pour la douzième fois de leur histoire. Jusqu’ici, la France mène neuf victoires à deux.
Après la première journée, la Suisse et la France étaient à égalité 1-1.
Roger Federer a battu Nicolas Escudé en trois sets 6-2, 6-4, 6-4.
Ivo Heuberger a perdu en trois sets face à Arnaud Clément 3-6, 3-6, 2-6.
Samedi, la France a pris l’avantage 2-1 après le double.
Roger Federer et Yves Allegro se sont inclinés devant Nicolas Escudé et Michael Llodra 7-6 3-6 6-7 3-6.

– Né en 1961, Arnaud Boetsch est marié depuis 1991 avec une Suissesse et vit près de Genève avec son épouse et ses deux enfants.

– Classé parmi les vingt meilleurs joueurs mondiaux en 1995, il a remporté deux fois la Coupe Davis avec la France: en 1991 et en 1996.

– Il faisait également partie de l’équipe de Coupe Davis qui avait perdu en 1992 face aux Suisses (Jakob Hlasek et Marc Rosset) à Nîmes.

– Cette année, il commente ce quart de finale de la Coupe Davis qui oppose son pays d’origine et son pays d’adoption pour le compte de la Télévision française (France2).

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