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«Dès le 1er juillet, je ne reçois plus un sou!»

Employé de commerce au chômage et père de famille, Jean-Michel Berset va perdre six mois d'indemnités avec la nouvelle loi.

Il évoque sa situation de chômeur en fin de droit et son avenir avec Alexandra Richard.

Employé de commerce, Jean-Michel Berset est au chômage depuis une année et demie. Il vit à la Chaux-de-Fonds (NE) avec sa famille. C’est lui qui s’occupe du ménage et de ses deux enfants.

Jusqu’ici, le salaire de sa femme (qui a repris le travail à 50%) et ses indemnités de chômage permettaient plus ou moins de faire vivre la famille. Mais, à 38 ans, Jean-Michel Berset arrive en fin de droit.

swissinfo: Quelles ont été les conséquences pour vous de la nouvelle loi sur l’assurance chômage?

Jean-Michel Berset: J’ai tout simplement perdu six mois d’indemnités de chômage. Dès le 1er juillet, je ne reçois plus un sou!

Je ne pouvais pas imaginer un jour en arriver là. Etre en fin de droit à 38 ans!

Quand j’ai perdu mon travail, je me suis dit que j’avais le profil de quelqu’un qui devait retrouver rapidement un emploi: plutôt jeune, avec un diplôme d’employé de commerce, de l’expérience et plusieurs langues.

swissinfo: Est-ce que vous avez été bien informé des changements que la nouvelle loi allait impliquer?

J-M.B.: Personnellement, j’ai été bien informé, parce que j’ai eu l’occasion de travailler pendant six mois à l’Association de défense des chômeurs (ADC) qui s’est battue contre la nouvelle loi.

Par contre, j’ai eu l’impression que de nombreux chômeurs n’avaient pas bien compris les enjeux de la votation. Certains nous demandaient même ce qu’il fallait voter. D’autres nous disaient, après coup, qu’ils n’avaient pas voté juste.

Autant dire que les partisans de la révision ont bien manipulé leur texte pour que les gens ne comprennent pas toujours ce qu’ils allaient voter!

swissinfo: Aujourd’hui, comment envisagez-vous l’avenir?

J-M.B.: Les Offices régionaux de placement (ORP) proposent parfois du travail. Ils nous mettent en contact avec des entreprises. Mais, au final, c’est l’employeur qui fait son choix.

Et il faut se rendre compte d’une chose: le gâteau du travail n’est pas plus grand qu’avant et il y a de plus en plus d’invités à table.

De plus, mon dossier a perdu de la valeur au fil du temps. Vous imaginez, après une année et demie de chômage, quelles sont mes chances!

swissinfo: Quand on est en fin de droit, on est donc livré à soi-même…

J-M.B.: Oui, excepté pour les personnes qui ont droit à des mesures de crise. Il s’agit d’un placement d’une année. Mais les salaires sont très bas et les places plutôt rares.

Et puis, je crois que les gens n’ont pas envie de dépendre des mesures de crise, parce qu’ils le ressentent peut-être comme quelque chose d’un peu honteux.

swissinfo: Pour vous, ce serait une possibilité?

J-M.B.: C’est une solution que j’envisagerais, en attendant de trouver autre chose. Et je pense qu’il n’y a aucune honte à l’accepter, quand on a cotisé à l’assurance chômage, si cela peut permettre de se réinsérer.

Interview swissinfo: Alexandra Richard

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