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Pneumonie, la Suisse ne veut prendre aucun risque

Les ressortissants de Hong-Kong particulièrement concernés par la mesure de Berne. Keystone

Au Salon de l'horlogerie de Bâle, les exposants touchés par la mesure prise par la Suisse ne cachent pas leur grogne.

Pour éviter toute contagion de pneumonie atypique, ils ne doivent pas employer de personnes venant de Chine, de Hong-Kong, de Singapour ou du Vietnam.

Cette mesure concerne environ 350 exposants et quelque 5000 à 7000 personnes. Et elle achève de plomber une atmosphère déjà alourdie par la guerre en Irak et la conjoncture internationale.

A Bâle, le risque de contagion existe

Avant de prendre sa décision, le gouvernement a consulté les autorités des cantons qui sont concernés ainsi que la direction du Salon mondial de l’horlogerie et de la bijouterie qui s’ouvre jeudi.

A noter que les visiteurs de ce salon recevront une information écrite sur la pneumonie atypique. Et que les hôtels qui hébergent des visiteurs de la manifestation distribueront cette même information à leurs clients.

La pneumonie atypique – ou syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) – est transmis avant tout par des contacts étroits entre personnes. Or, dit Thomas Zeltner, le risque de contagion existe dans un tel salon, où l’on manipule de nombreux bijoux et montres.

Le directeur de l’Office fédéral de la santé publique admet toutefois qu’il s’agit là d’une mesure de précaution «très restrictive».

D’ailleurs, en accord avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le gouvernement helvétique a renoncé à d’autres restrictions, comme une limitation d’entrée pour toutes les personnes en provenance des pays asiatiques visés.

Cela dit, en fonction de l’évolution de la situation, les autorités sanitaires se réservent le droit de prendre de nouvelles mesures.

Une pilule difficile à avaler

Quoi qu’il en soit, la mesure décidée mardi par la Suisse passe très mal auprès des exposants concernés.

C’est dans une ambiance très tendue que la traditionnelle conférence de presse d’ouverture du Salon mondial de l’horlogerie et de la bijouterie de Bâle s’est déroulée mercredi matin. Au point que l’événement purement horloger a été totalement occulté.

Le patron du Salon a tenu à rappeler qu’il était contraint de s’aligner sur les exigences du gouvernement suisse. «Même si, personnellement, dit René Kamm, je regrette cette décision.»

Les mesures de précautions prises par les autorités suisses auront des conséquences graves, surtout pour la partie de l’exposition qui se tient à Zurich.

Cette toute nouvelle surface regroupe en effet les 26 pavillons nationaux. Parmi les 786 exposants au total, 383 sont touchés. Et, avant tout, ceux de Hong-Kong.

A lui seul, ce pavillon représente 317 exposants et 3’000 personnes. Plus grave, il occupe le 70% de la surface disponible dans les locaux des bords de la Limmat.

Une catastrophe pour Hong-Kong

En clair, cela signifie que la partie du salon qui se déroule à Zurich sera réduite à la portion congrue. Mais cela pose d’autres problèmes encore, notamment juridiques.

Car des contrats ont été signés avec les exposants. De plus, ceux qui restent sont ulcérés de devoir passer dix jours dans un espace qui sera aux trois-quarts déserté.

Le représentant du ‘Trade development’ de Hong-Kong s’insurge contre la décision du gouvernement suisse.

Il parle d’une véritable catastrophe pour les entreprises hong-kongaises. Qui, si elles avaient connu la décision de Berne plus tôt, auraient évité d’envoyer leur personnel en Suisse ou auraient peut-être pu trouver du personnel sur place.

Et d’ajouter que les avocats du ‘Trade Developpement’ travaillent déjà sur ce dossier. Tandis que le gouvernement de Hong-Kong, lui, attend des explications du gouvernement suisse.

De son côté, le président du comité des entreprises horlogères de Hong-Kong se veut constructif.

Il suggère aux autorités sanitaires helvétiques d’examiner le personnel arrivé des pays à risque. Et de lever les meures qu’elles ont prises, une fois qu’elles auront constaté que le danger d’épidémie n’est pas réel.

swissinfo, Eric Othenin-Girard à Bâle et George Baumgartner à Tokyo

L’épidémie semble être partie de Chine.
Elle a déjà fait une soixantaine de morts et près de 2000 malades, essentiellement en Chine, à Hong-Kong, à Singapour et au Vietnam.
En Suisse, quatre cas suspects ont été signalés.

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