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Polar informatique

Chris Lamquet, dans la verdure non numérique de Sierre. swissinfo.ch

Parmi les auteurs présents au Festival BD de Sierre, le dessinateur et scénariste belge Chris Lamquet, créateur de la série «Alvin Norge». Une enquête musclée et scientifique qui fait fusionner le 9e Art avec le numérique, dans le fond comme dans la forme.

Vous êtes infographiste, et dans le cadre de votre travail, vous créez un personnage numérique. Par exemple, une blonde torride qui répond au nom de Kimberley. Quelques temps plus tard, vous apprenez qu’un terrible virus ravage les systèmes informatiques de la planète, occasionnant des dégâts mortels. Et que chaque fois que ce virus se manifeste, il apparaît sur les écrans sous les formes affriolantes de votre Kimberley à vous. Sale coup.

Sale coup, et cela d’autant plus qu’Alvin Norge, à qui cette aventure arrive, a un passé de hacker… Voilà pour le premier tome, «@enfer.Zcom». Dans le deuxième, «Morphing amer» paru tout récemment, Norge, entre-temps blanchi, est chargé de réaliser des morphings pour le FBI. Il va être amené à imaginer un logiciel qui permettrait, à partir du code génétique d’un individu, de recomposer informatiquement l’image de cet individu…

Mais parallèlement, il constate que le Net est phagocyté par une secte, dont les retombées ont un impact sur la vie, bien réelle cette fois, des gens. «A terme, mon idée, c’est de confronter le réel et le virtuel. Parce qu’ils vont finir par entrer en guerre, ou au contraire par devenir complémentaire, c’est là toute la question. Le 2e tome d’Alvin Norge, c’est un peu les prémices à cette guerre virtuelle qui peut arriver», explique Lamquet.

On l’a dit, le Festival de Sierre est placé cette année sous le signe de la science. Et le travail de Chris Lamquet également. De par le thème de l’informatique, bien sûr, mais également par de nombreuses références à la biologie ou à la physique, dont la notion de «fractal»… «Norge, c’est un futur très proche. L’idée, c’est de mettre en scène un futur qui est déjà le nôtre: la science-fiction est omniprésente, dans nos gestes quotidiens».

Alors que le premier tome avait été dessiné sur papier, puis retravaillé à l’ordinateur, Lamquet est passé au tout informatique au cours de la réalisation du tome 2… aux alentours de la page 31, pour être précis. «J’ai franchi le pas. Il n’y a plus du tout de papier: le crayonné, la mise au net, le coloriage, les incrustations, tout est numérique. Donc il n’y a plus d’originaux». Ce qui est dommage pour les collectionneurs, mais aussi pour le dessinateur: la vente des originaux, dans le 9e Art, est un commerce assez lucratif.

«Oui, mais c’est une démarche qui vise à mettre en accord le fond et la forme de cette histoire-là. Norge numérique, c’est une histoire faite en numérique», constate Lamquet. Les Editions du Lombard ont intégré la série Alvin Norge à leur collection «Troisième vague», ce n’est pas pour rien.

Malgré la modernité de la démarche, le travail de Lamquet n’en est pas froid pour autant. Ses personnages vivent, et ses décors aussi. Ses repérages, il les fait sur place, qu’il s’agisse de New York, de la Floride, ou de… Hong Kong, où se déroulera le 3e tome, «Lucyberr».

Bernard Léchot

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