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Polices et ONG luttent ensemble contre les pédophiles

Il s'agit notamment de protéger les enfants des rues. Des proies faciles pour les pédophiles. Keystone / EPA Photo Robert Ghement

Une enquête sur un réseau présumé de pédophiles a conduit à l´arrestation d´un couple de Suisses, la veille de Noël, en Inde. C´est le fruit d´une étroite collaboration entre des Organisations non gouvernementales (ONG) et les polices des deux pays.

Un couple de Steinhausen, près de Zurich, passera les fêtes de fin d’année sous les verrous en Inde. Les deux Suisses sont soupçonnés d’avoir séquestré et abusé sexuellement des enfants des rues dans leur hôtel de luxe au nord de Bombay.

Le couple ferait partie d’un vaste réseau de pédophiles. Qui bénéficierait de complicités à Bombay même et dans d’autres régions du monde.

Les polices indienne et suisse mènent l’enquête de concert. Mais c’est grâce aux renseignements fournis par une organisation caritative que les suspects ont été appréhendés.

«Dans le domaine des abus sexuels impliquant des enfants, et notamment lorsqu’il s’agit de crimes commis à l’étranger, il serait totalement illusoire de vouloir travailler sans le soutien des Organisations non gouvernementales», lance l’un des collaborateurs de l’Office fédéral de la police (OFP).

Et d’ajouter: «les ONG connaissent le terrain et sont souvent en possession d’informations essentielles à l’ouverture d’enquêtes préliminaires.»

Fort de ce constat, l’OFP a mis sur pied un groupe de travail interdisciplinaire réunissant des organisations non gouvernementales et les autorités pénales de divers cantons suisses.

Une initiative qui fixe le cadre de la collaboration entre l’Office fédéral de la police et les ONG dans la lutte contre la pédophilie. Et qui a débouché en 1999 sur la signature d’une lettre d’intention commune.

Le document est loin de rester lettre morte. «La collaboration est en effet excellente», souligne Bernard Boëton, responsable du secteur des Droits de l’enfant de Terre des Hommes. D’ailleurs les protagonistes se rencontrent fréquemment pour apporter des améliorations aux procédures d’information déjà en place.»

Difficile d’obtenir des détails dans un domaine où la discrétion est de rigueur. Mais les organisations humanitaires avouent volontiers qu’elles soutiennent activement les forces de l’ordre dans le cadre de la lutte contre les abus sexuels qui touchent les enfants.

«Nous bénéficions d’un réseau international constitué de collaborateurs qui travaillent sur le terrain, révèle la responsable de ECPAT Suisse, Regula Turtschi. Cela nous permet de recueillir des informations et des témoignages auxquels les autorités, qu’elle soient suisses ou locales, n’ont souvent pas accès.»

A titre d’exemple, à lui seul, le réseau de ECPAT international regroupe 300 organisations dans une cinquantaine de pays. De quoi tisser un véritable filet de sécurité. D’autant plus que de nombreuses autres organisations sont, elles aussi, impliquées dans la lutte contre la pédophilie.

«Cette toile d’araignée est très utile lorsqu’un Suisse est impliqué dans une affaire d’abus sexuel à l’étranger, affirme Régula Turtschi. Les autorités helvétiques ont parfois besoin de contourner les voies officielles pour obtenir rapidement des informations précises, voire pour les communiquer.»

Regula Turtschi ne s’en cache pas, son organisation travaille même avec des journalistes qui sont chargés d’enquêter sur place. «Les dossiers sont ensuite remis aux autorités compétentes en Suisse mais aussi dans les pays concernés», ajoute-t-elle.

En matière de crime commis à l’étranger, l’Office fédéral de police joue le rôle de courroie de transmission entre les diverses autorités pénales cantonales, les polices étrangères et les organisations susceptibles de les aider.

Cela dit, malgré la procédure extraterritoriale prévue par le Code pénal, la Suisse est rarement amenée à juger ses propres ressortissants. «Il faut que le pays où s’est déroulé le crime décide de ne pas entamer de procédure pénale et accepte d’extrader le prévenu», précise Danièle Bersier, porte-parole de l’OFP.

Deux conditions qui sont rarement remplies. En revanche, par le biais d’une entraide judiciaire active, la Suisse peut soutenir les enquêtes menées dans les pays concernés.

En fournissant des informations concrètes, les autorités helvétiques peuvent faciliter la tâche des autorités locales. Et contribuer ainsi au jugement des suspects. Une collaboration pour laquelle le réseau rapide et discret des ONG peut être judicieusement mis à contribution.

Vanda Janka




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