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L’héritage de Joseph Deiss divise la presse

Dans la course à la succession de Joseph Deiss au gouvernement, Doris Leuthard est donnée favorite. swissinfo.ch

Les éditorialistes sont divisés sur le bilan du ministre démissionnaire Joseph Deiss. Les Alémaniques sont plus critiques que les Romands.

Mais tous estiment que ce retrait peut donner un coup de fouet aux démocrates-chrétiens à un an des élections fédérales. Surtout si la succession de Joseph Deiss est assurée par Doris Leuthard.

La presse romande tire un bilan positif de l’action de Joseph Deiss au sein du gouvernement. Elle retient avant tout ses succès importants dans deux dossiers capitaux: l’adhésion de la Suisse aux Nations Unies et l’acceptation des accords bilatéraux avec l’Union européenne.

Le Matin remarque que «son bilan demeure positif même s’il reste des points noirs comme la politique agricole et le chômage des jeunes». Quant à la Tribune de Genève, elle résume bien l’opinion générale en écrivant que l’homme valait sans doute mieux que «l’image d’ectoplasme gris souris que lui donnait la presse romande».

En fait, en Suisse romande, seul l’Agefi se montre très critique. «En sept ans, l’ancien professeur d’économie aura surtout généré le statu quo», critique le quotidien économique. Un avis qui est généralement partagé par la presse alémanique. «Chaque fois qu’il a voulu revêtir les habits de l’homme fort, les résultats ont été maladroits et malheureux», juge le quotidien bernois Bund.

Un consensus de plus en plus difficile

Les commentateurs, tant romands qu’alémaniques, sont en tout cas d’accord sur un point: homme du consensus, Joseph Deiss n’était pas vraiment adapté à ce gouvernement de plus en plus polarisé.

«Minoritaire au centre de l’arène, condamné à avaler quelques boas et harcelé par les pitbulls, Joseph Deiss a donc décidé son retour à Barberêche», note La Liberté. Le quotidien fribourgeois estime que le ministre était «un Sage trop sage dans un collège soudainement chahuté par des problèmes de discipline».

«Joseph Deiss en a assez de ce Conseil fédéral», commente de son côté le Tages Anzeiger. Pour le quotidien zurichois, figure de la politique du consensus, joseph Deiss n’était pas la personne la plus adaptée à ce gouvernement moins harmonieux qu’autrefois. «Ces derniers temps, il se fatiguait à imposer sa position», note encore le Tages Anzeiger.

Dans l’attente de Leuthard

«Il reste à déterminer si son retrait arrive au bon moment», note la Neue Zuercher Zeitung. Et, pour la plupart des commentateurs, la réponse est clairement oui.

«En laissant son fauteuil à un démocrate-chrétien tout neuf dès cet été, il permet certes au parti de se lancer dans les meilleures conditions à l’assaut des élections fédérales de 2007», souligne par exemple Le Temps.

Ce retrait pourrait être dans «l’intérêt» du parti démocrate-chrétien, renchérit le Corriere del Ticino.

Reste à trouver ce successeur capable de dynamiser le centre-droit. Un nom revient sous la plume de pratiquement tous les analystes, celui de Doris Leuthard. Pour le St. Galler Tagblatt, la parlementaire argovienne n’est rien de moins que «la carte d’atout» du PDC en vue des élections fédérales de l’an prochain.

Signe qui ne trompe pas, la première page de plusieurs journaux alémaniques publient une photo de Doris Leuthard plutôt que du ministre démissionnaire. La Berner Zeitung titre même «Warten auf Leuthard», c’est-à-dire en «attendant Leuthard».

La presse romande partage cet avis. «Joseph Deiss fait un beau cadeau à ses amis politiques, juge par exemple Le Matin. L’arrivée d’un nouveau conseiller fédéral ne manquera pas de doper la machine démocrate-chrétienne, surtout s’il s’agit de la très charismatique Doris Leuthard.»

swissinfo, Olivier Pauchard

Joseph Deiss est né en 1946 à Fribourg.
Docteur en économie, il a été professeur au collège et à l’université de Fribourg.
Il a été Surveillant des prix de 1993 à 1996.
Membre du parlement fribourgeois, maire de sa commune de Barberêche et membre du parlement fédéral, il a été élu au gouvernement le 11 mars 1999.
Il s’est occupé des Affaires étrangères avant de passer à l’Economie en 2003.
Il a été président de la Confédération en 2004.

– Le remplaçant de Joseph Deiss au Conseil fédéral (gouvernement) sera désigné par l’Assemblée fédérale durant la session d’été du Parlement.

– D’ici là, le Parti démocrate-chrétien (PDC) choisira ses candidats.

– La présidente du PDC Doris Leuthard fait figure de grande favorite.

– Les 7 sièges du Conseil fédéral sont partagés entre les quatre principaux partis politiques suisses, en fonction de leur poids électoral.

– Depuis 2003, le PDC (centre droit) n’occupe plus qu’un seul siège. Il en a perdu un au profit de l’Union démocratique du centre (UDC/droite dure). Les socialistes (PS/gauche) et les radicaux (PRD/droite) se partagent les quatre autres.

– Le principe de la collégialité est inscrit dans la Loi. Il stipule que les sept membres du gouvernement prennent les décisions collectivement et s’engagent ensuite à soutenir une position commune, même s’ils y sont personnellement opposés.

– Ces dernières années, ce principe a été souvent mis à mal, notamment en raison d’une polarisation croissante de la scène politique suisse.

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