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Un pôle politique libéral à redynamiser

Keystone

Trois ans après son accession à la tête du Parti radical-démocratique (PRD / droite), Fulvio Pelli lance un nouveau défi: consolider un pôle politique libéral en perte de vitesse en unissant les destinées de tous ceux qui s'identifient aux valeurs libérales. Interview.

Annoncée mardi à Berne, la fusion entre le Parti radical-démocratique et le Parti libéral suisse (PLS / droite) s’inscrit dans un projet dont l’objectif est de contrer la polarisation croissante de la politique suisse entre la gauche et la droite dure.

Ce processus de polarisation a en effet conduit à un affaiblissement, lent mais constant, du centre de l’échiquier politique avec comme principales victimes le PRD et le Parti démocrate-chrétien (PDC / centre-droit).

Pour mieux comprendre ce que représente véritablement cette union entre radicaux et libéraux, swissinfo s’est entretenu avec Fulvio Pelli, député et président du PRD.

swissinfo: Quels sont les objectifs de ce nouveau parti d’inspiration libérale?

Fulvio Pelli: Le but de cette fusion est de réunir les forces libérales du pays et de créer ainsi un nouveau pôle dans la politique suisse. Un pôle libéral moderne et ouvert qui ne se limite pas à maintenir les acquis du passé mais qui soit orienté vers l’avenir.

swissinfo: Comment modifier l’image d’un parti historique qui est confronté à une très nette baisse de son électorat?

F. P. : La tendance à une plus grande polarisation a privilégié d’autres forces politiques dans le débat public [NDLR: le Parti socialiste et l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste)], ce qui a mis nos deux partis en difficulté. Nous sommes donc appelés aujourd’hui à reconstruire progressivement notre capacité à être présents sur la scène politique.

Malgré les difficultés rencontrées, nous avons choisi de ne pas baisser les bras et de continuer à défendre nos positions avec vigueur. Cette union entre radicaux et libéraux représente une première réponse à ce processus de polarisation qui nous est défavorable.

swissinfo: La fusion entre libéraux et radicaux intervient au moment même où les divisions au sein de l’UDC sont de plus en plus marquées. Quelles sont, selon vous, les perspectives du nouveau Parti bourgeois démocratique qui est né sur les cendres de la section grisonne de l’UDC?

F. P. : Je ne crois pas que la création de ce nouveau parti puisse modifier sensiblement le paysage politique suisse. Une tendance plus moderne a toujours existé au sein de l’UDC, mais elle a été longtemps réprimée. La séparation à laquelle on vient d’assister n’est donc pas surprenante.

Les dissidents de l’UDC, politiquement proches du courant libéral, doivent cependant décider de la voie à suivre. S’ils entendent demeurer une «petite UDC», juste un peu plus consensuelle, ils n’auront alors pas beaucoup d’avenir. S’ils décident en revanche de s’engager sur la voie du renforcement du pôle libéral, ils pourront alors apporter une contribution déterminante.

swissinfo: La nouvelle législature a débuté avec l’éviction du chef de fil de l’UDC Christoph Blocher du gouvernement et le passage de son parti, qui reste la principale force politique du pays, dans l’opposition. Quelle est l’ambiance au Palais fédéral?

F. P. : Nous sommes face à une période politique difficile, car les rapports entre les partis sont tendus. L’UDC est de plus en plus agitée et a perdu la sûreté qui la caractérisait.

La scène politique est en pleine évolution et nous cherchons à nous faire une place en créant une offre qui soit une alternative aux mauvaises humeurs de droite comme de gauche.

swissinfo: Vous quitterez la présidente du PRD en 2011, à la fin de cette législature. Abandonnerez-vous la politique ou tournerez-vous simplement la page dans l’attente d’un nouveau défi?

F. P. : Je lâcherai mes fonctions de président probablement au début 2012. J’ai voulu résoudre tout de suite cette question du départ pour éviter qu’on me la pose systématiquement au cours des quatre prochaines années.

Désormais, ma tâche est claire pour tout le monde: il s’agit de porter ce pôle libéral le plus en avant possible sur la scène politique suisse. Mais un parti a aussi besoin de forces nouvelles. Faisons-leur confiance!

Interview swissinfo, Stefania Summermatter
(Traduction de l’italien: Olivier Pauchard)

Né le 26 janvier 1951 à Lugano, marié et père de trois filles, Fulvio Pelli a étudié le droit aux universités de Berne et de Zurich. Il est avocat dans sa ville depuis 1981.

Sa carrière politique a été précoce et linéaire: elle a débuté au parlement de sa commune, puis à celui de son canton et finalement au parlement fédéral.

De 2002 à 2005, il a été chef du groupe radical des Chambres fédérales avant de remplacer Rolf Schweiger à la présidence du PRD.

Fulvio Pelli a en revanche manqué son élection au gouvernement en 2003, une ambition politique qui n’est désormais plus d’actualité.

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