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Un plan modeste pour lutter contre le franc fort

Les ministres Eveline Widmer-Schlumpf et Johann Schneider-Ammann mercredi face à la presse. Keystone

Le gouvernement a annoncé mercredi ses mesures contre les effets négatifs du franc fort sur l’économie. Il entend dégager une 1ère tranche d’aide de 870 millions de francs, principalement en faveur de l’assurance-chômage. Un plan bien en-deçà des attentes de milieux politiques et économiques.

Depuis plusieurs mois, la forte appréciation du franc suisse par rapport à l’euro et au dollar américain est devenue un thème politique majeur. Les milieux économiques – surtout les branches liées à l’exportation – mais également les partis politiques sont d’avis que la situation est des plus préjudiciables.

En effet, en raison de la force de sa monnaie, l’économie suisse peine de plus en plus à écouler ses produits, devenus plus chers, sur les marchés extérieurs. Et en Suisse même, le secteur touristique craint une véritable crise en raison de la défection de visiteurs étrangers rebutés par des prix élevés résultant d’un taux de change qui leur est défavorable.

Le gouvernement était donc prié d’agir. Il y a une quinzaine de jours, il avait annoncé être prêt à prendre des mesures pour lutter contre les effets du franc fort et avait fixé cette aide à un maximum de 2 milliards de francs.

Surtout pour le chômage

Après deux semaines de suspense, le gouvernement a levé le voile sur ses intentions mercredi, à l’issue de sa séance hebdomadaire. Il a annoncé pour l’année en cours un premier train de mesures d’une valeur totale de 870 millions de francs.

La plus grande partie de cette aide (500 millions) est consacrée à l’assurance-chômage. Conscient que la force du franc et l’évolution de la conjoncture mondiale pourraient avoir des répercussions sur l’emploi en Suisse, le gouvernement entend anticiper l’augmentation des coûts pour l’assurance.

Cette aide de 500 millions doit servir à compenser une éventuelle hausse du recours au chômage partiel de la part des entreprises. «Lors de la dernière récession, le chômage partiel s’est révélé être un instrument utile pour conserver les emplois en cas de difficultés économiques passagères et permettre aux entreprises de surmonter des périodes difficiles», note le gouvernement.

Autres mesures

Une autre grande partie de l’enveloppe budgétaire (212,5 millions) est consacrée à la technologie, l’innovation et la recherche. Ces aides doivent servir à maintenir les capacités de la Suisse dans ces secteurs importants pour l’avenir, des capacités qui pourraient pâtir d’un manque d’investissements provoqué par les pertes économiques liées à la force du franc.

Le gouvernement fait également un geste en faveur du secteur touristique en lui attribuant une aide de 100 millions. Cet argent ira à la Société suisse de crédit hôtelier, un organisme qui aide les hôteliers à investir. «La mesure stimulera l’activité d’investissement dans le secteur de l’hébergement. En raison de la crise qui sévit dans le tourisme, on s’attend en effet à ce que les banques privées se montrent plus réticentes à accorder des crédits», explique le gouvernement.

Enfin, le reste de l’enveloppe budgétaire servira à compenser les pertes dues à la baisse du trafic dans le secteur des transports transalpins et régionaux (46,5 millions) et à aider l’importation et l’exportation des produits agricoles transformés (10 millions).

Belle bataille en perspective

Dès l’annonce du plan de 2 milliards par le gouvernement, bon nombre d’organisations économiques et de partis politiques ont exposé leurs recettes et revendications pour lutter contre les effets du franc fort.

C’est ainsi, par exemple, qu’economiesuisse proposait que les entreprises ne payent pas d’impôts pour 2011, que le Parti socialiste demandait que l’aide serve à un «pacte pour l’emploi» entre la Confédération et les entreprises, que la branche du tourisme réclamait une baisse du taux de TVA ou encore que les partis de droite exigeaient une baisse de l’imposition et des tracasseries administratives afin de soulager les entreprises.

Même si le ministre de l’Economie Johann Schneider-Ammann le juge «consensuel», force et de constater que le plan du gouvernement ne répond pas, et de loin, à ces diverses attentes. D’ailleurs, dès le plan connu, les communiqués des uns et des autres se sont succédés pour critiquer les mesures prévues.

Mais les jeux sont loin d’être faits. Le projet du gouvernement doit en effet maintenant passer devant les Chambres. Le débat aura lieu le mois prochain, lors de la prochaine session parlementaire.

Difficile de dire si les mesures du gouvernement auront bel et bien un impact. Mais une chose est sûre: sur le front du franc fort, la rentrée parlementaire s’annonce d’ores et déjà chaude.

Le gouvernement concocte un second paquet de mesures pour soutenir l’économie face au franc fort.

Lors de la conférence de presse de mercredi, le ministre des Finances Eveline Widmer-Schlumpf n’est pas entré dans les détails de ce futur plan, mais a cependant précisé que celui-ci ne serait pas supérieur à un milliard de francs.

Autre précision: alors que le premier paquet présenté mercredi est constitué de mesures «urgentes», ce deuxième paquet sera constitué de mesures à moyen et à long terme.

Le deuxième paquet sera soumis au Parlement au mois de décembre sous la forme d’un supplément extraordinaire au budget.

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