Des perspectives suisses en 10 langues

Un souffle nouveau sur le gouvernement

L'élection de Doris Leuthard au gouvernement fait la une des journaux suisses de jeudi. swissinfo.ch

La presse se réjouit de l'élection de Doris Leuthard. Les analystes l'estiment généralement compétente et susceptible d'amener un nouvel élan au gouvernement.

Reste que son élection n’a pas été particulièrement brillante. Pour les commentateurs la faute en revient à la candidature unique et à la sur-médiatisation de Doris Leuthard.

Les journaux de jeudi donnent un écho largement positif à l’élection de la démocrate-chrétienne (PDC / centre droit) au gouvernement. La plupart des commentateurs soulignent que celle-ci a été une bonne parlementaire et qu’elle est susceptible d’apporter un peu d’éclat au gouvernement.

«43 ans, expérimentée, compétente, tournée vers les médias et respectée dans tous les partis: un conseiller fédéral ne pourrait pas rêver mieux», note ainsi la «Basler Zeitung». «La nouvelle conseillère fédérale contribuera à marquer des points importants lors des votations fédérales difficiles», prédit pour sa part le quotidien bernois «Bund».

Et maintenant au travail

Reste que maintenant, il faut que cette bonne impression se traduise dans les faits. «Leuthard était une parlementaire solide – on verra maintenant si elle est une bonne conseillère fédérale», relève encore le «Bund».

Même son de cloche dans «Le Matin» qui écrit: «Doris Leuthard va devoir faire, comme les autres ministres, ses preuves. A elle de démontrer qu’elle n’est pas seulement l’icône d’un parti, la star des médias mais qu’elle possède la dimension d’une véritable femme d’Etat.»

Mais sa tâche au gouvernement ne sera pas facile. Surtout au sein d’un exécutif qui n’hésite plus à afficher ses divisions et ses contentieux.

«En bonne démocrate-chrétienne centriste, elle ambitionne de rassembler le troupeau. Mais la mission qu’elle s’auto-assigne paraît impossible. Elle est certes parvenue à mater les caciques de son parti, mais elle découvrira très rapidement que maîtriser des Blocher ou des Couchepin est une autre affaire», écrit «Le Temps».

Un résultat modeste

Les commentateurs sont naturellement revenus sur le score de l’élection. Tous ont remarqué que les 133 voix obtenues représentent un résultat modeste. «Le Matin» résume bien l’opinion générale: «La Suisse s’attendait au sacre de la reine Doris. L’événement ressembla à une approbation sans grand éclat».

Pour les analystes, l’une des raisons de ce score vient de l’absence de concurrence, le diktat imposé par le PDC avec sa candidature unique.

«Le Parlement est jaloux de sont pouvoir. Il veut user de toute son influence surtout lorsqu’il s’agit d’accéder au Conseil fédéral. Il n’aime pas qu’on lui dicte la marche à suivre. Il n’apprécie pas quand les jeux sont faits d’avance comme cela s’est passé avec Doris Leuthard», relève «Le Matin».

«En lui accordant un score médiocre, le parlement a voulu lui donner un avertissement. Trop médiatisée, trop providentielle, quasiment désignée à la soviétique par son parti, Doris Leuthard ne doit pas oublier que sont véritable travail commence demain», note «Le Temps».

Pas de psychodrame

Les commentateurs se réjouissent qu’avec Doris Leuthard, une seconde femme accède à nouveau au gouvernement.

«La journée d’hier a marqué, discrètement mais certainement, une avancée de la cause des femmes. Pour la première fois, une candidate a été élue sans psychodrame. Et sans qu’on cherche des poux dans sa vie privée. Ce n’est pas rien», se félicite la «Tribune de Genève».

Un avis partagé par la «Neue Zuercher Zeitung» qui écrit: «Son élection restera marquée dans l’Histoire comme l’élection la moins spectaculaire d’une femme au gouvernement suisse jusqu’ici.»

Reste que Doris Leuthard n’est pas exactement une féministe engagée. «Un jour de joie pour les femmes? Pas vraiment. Leuthard n’a pas montré d’engagement particulier pour la cause des femmes. Elle était simplement la seule candidate valable des démocrates chrétiens», conclut la «Berner Zeitung».

swissinfo, Olivier Pauchard

– Le Conseil fédéral est le gouvernement suisse (exécutif). Il est constitué de sept membres élus ou réélus tous les quatre ans par l’Assemblée fédérale (les deux Chambres du Parlement réunies).

– Une élection peut aussi avoir lieu lorsqu’un membre du gouvernement démissionne en cours de législature.

– Un membre du Conseil fédéral est nommé conseiller fédéral. Chaque conseiller fédéral est à la tête d’un Département fédéral (ministère).

– Les ministres assument à tour de rôle la charge de Président de la Confédération pendant un an. Il s’agit d’une charge de représentation qui ne confère pas de pouvoirs supplémentaires.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision