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Une initiative suisse pour gérer la migration

Des immigrants illégaux sur un bateau de pêche italien. Keystone

L'Office fédéral des réfugiés a préparé un projet visant à régler les politiques de migration au niveau international.

Soutenue par l’ONU, l’«initiative de Berne» prévoit l’établissement de règles communes et d’une institution internationale.

Les flots migratoires ont considérablement augmenté au cours des dernières décennies. Selon l’ONU, quelque 175 millions de personnes vivent actuellement loin de leur patrie.

Environ les trois quarts d’entre elles sont des migrants. Le dernier quart est constitué de réfugiés et de gens fuyant la guerre.

Kofi Annan ne veut pas agir seul

En collaboration avec d’autre pays, la Suisse pourrait concrétiser les idées contenues dans l’«Initiative de Berne» et créer une commission internationale.

Le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan soutiendrait une telle démarche. Il n’aimerait en revanche pas la lancer lui-même.

C’est ce qu’il a fait savoir au ministre suisse de Justice et Police Ruth Metzler lors d’une rencontre qui a eu lieu en marge du sommet du G8 d’Evian.

Peu avant l’ouverture du sommet, Ruth Metzler s’est également entretenue de questions de migration avec les présidents du Nigeria et du Sénégal. Les différentes parties ont convenu d’intensifier le dialogue à l’avenir.

Ce ne sera pas inutile. On se souvient en effet que la Suisse et le Sénégal n’avaient pas réussi à s’entendre en mars dernier sur un accord de transit concernant les réfugiés déboutés.

Une idée pas vraiment nouvelle

L’idée de créer une institution internationale en matière de migration n’est pas une nouveauté. Il y a deux ans, le directeur de l’Office fédéral des réfugiés (ODR) Jean-Daniel Gerber avait déjà convié des experts de différents pays à une rencontre internationale. L’«Initiative de Berne» fait suite à cette rencontre.

Les problèmes liés aux réfugiés sont traités sur la scène internationale, mais pas les migrations proprement dites. Du coup, l’initiative suisse pourrait être très utile.

«Or, les migrations constituent un thème toujours plus présent à l’ONU et également au sein de l’Union européenne, rappelle Jean-Daniel Gerber. Mais les questions liées aux migrations ne peuvent pas être traitées unilatéralement. Elles doivent l’être en collaboration avec les pays de transit et de départ.»

«Cette initiative est une invitation au dialogue, conclut Jean-Daniel Gerber. La Suisse est actuellement en pourparlers avec l’ONU et des pays comme la Suède. Nous espérons que cela débouchera sur quelque chose de concret l’an prochain.»

Des réactions politiques contrastées

L’Initiative de Berne suscite plus ou moins d’enthousiasme parmi les partis politiques suisses. Ueli Maurer, président de l’Union démocratique du centre (droite dure), n’est pas vraiment convaincu par le projet.

«Je ne crois pas que la Suisse doive définir une politique de migration, déclare-t-il. Nous avons besoin de personnes bien précises pour le marché du travail et leur venue peut être réglée via les lois déjà existantes. Par ailleurs, personne en Europe ne veut d’un immigration massive.»

Ruth-Gaby Vermot-Mangold n’a pas du tout la même optique. «La migration est un thème international, déclare la députée socialiste. Ce serait bien si la Suisse pouvait jouer un rôle de premier plan dans cette question.»

swissinfo, Elvira Wiegers
(traduction: Olivier Pauchard)

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