Des perspectives suisses en 10 langues

La Hongrie, hôte d’honneur du gouvernement suisse

Elu en 2005 à la présidence, Laszló Sólyom est devenu à l'heure actuelle l'homme politique le plus populaire de Hongrie Reuters

Le Conseil fédéral s'apprête à accueillir aujourd'hui même le président hongrois Lazló Sólyom. Cette visite d'Etat de deux jours, destinée à consolider les «excellentes relations» entre les deux pays, survient à un moment particulièrement difficile pour la Hongrie, accablée par la crise des marchés financiers.

Après une réception à Berne par le gouvernement suisse in corpore, le chef de l’Etat hongrois, László Sólyom, et son épouse seront accompagnés par le président de la Confédération, Pascal Couchepin, à l’inauguration d’une exposition consacrée à la reine Agnès de Hongrie, au Musée Historique de Berne.

Demain, László et Erzsébet Sólyom iront en visite à la Fondation Gianadda à Martigny, en Valais, et à la Fondation Bodmer à Cologny, près de Genève, notamment. Un programme à forte tonalité culturelle pour le président hongrois, dont l’élection en 2005 a été soutenue également par les milieux intellectuels et culturels de son pays.

Professeur de droit dans différentes Universités et juge auprès de la Cour constitutionnelle hongroise, László Sólyom est aujourd’hui le personnage politique le plus apprécié par la population de son pays. Le chef de l’Etat magyar est considéré comme un «homme de principe», de tendance conservatrice, mais qui se situe au-dessus des partis et se montre grand défenseur des droits démocratiques et de la cohésion nationale.

Une si longue amitié

Pour le gouvernement suisse, la visite d’Etat du président hongrois László Sólyom est «emblématique des relations excellentes entretenues par les deux pays.» L’origine de cette relation d’amitié entre les deux peuples remonte à 1956, lorsque la Suisse accueillait quelque 14’000 réfugiés hongrois, ayant fui en traversant le rideau de fer après l’intervention de l’Armée rouge pour réprimer la révolution anticommuniste.

Les années qui ont suivi la chute du Mur de Berlin, la Suisse a fait partie de ces pays qui sont grandement venu en aide, par des appuis techniques et financiers, à la Hongrie et aux autres Etats de l’Europe centrale et orientale dans leur transition difficile vers la démocratie et l’économie du marché.

Ces cinq prochaines années, hormis sa contribution de 1 milliard de francs dans le cadre de l’élargissement de l’Union européenne à l’est, la Confédération suisse apportera son soutien financier à de nombreux projets voués à réduire les disparités sociales et à développer les infrastructures des nouveaux membres de l’UE. Berne versera à Budapest plus de 130 millions de francs, la contribution la plus élevée après celle que la Suisse réserve à la Pologne.

Aides financières d’urgence

Pendant son séjour en Suisse, László Sólyom ne se limitera pas à faire du tourisme culturel. Il est à prévoir que les questions économiques figureront également au cœur de cette visite, surtout compte tenu de la situation financière dramatique à laquelle les autorités hongroises doivent faire face ces jours.

L’Etat de l’Europe centrale et orientale le plus éprouvé par la crise des marchés financiers mondiaux a dû se tourner d’urgence vers la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international (FMI) pour éviter la débâcle et freiner la chute du florin.

«Les problèmes actuels sont liés à la crise financière internationale, mais nous sommes en train de payer, également, les erreurs de politique économique commises ces 10 dernières années», commente István Béres, président de la Chambre de Commerce Suisse-Hongrie à Budapest.

Réformes remises à plus tard

La Hongrie, initialement considérée comme un pays modèle après la chute du régime communiste, a continué à ajourner depuis plus d’une dizaine d’années la réalisation de réformes douloureuses mais sans doute nécessaires comme celle de la santé publique et du système de retraite.

Les déficits de l’Etat et la dette publique ont atteint un tel niveau de démesure qu’ils font de la Hongrie le pire élève à l’intérieur de l’UE eu égard au respect des règles de discipline financière établies par les accords de Maastricht. L’introduction de l’Euro risque par conséquent de se faire attendre pour un bout de temps encore.

Il y a deux ans, le gouvernement du socialiste Ferenc Gyurcsány s’est toutefois vu contraint d’imposer un lourd programme d’austérité en Hongrie. L’augmentation des impôts, la création de nouvelles taxes et les mesures d’économie ont fait chuter la consommation et réduit de plus de moitié la croissance économique du pays.

Comparaisons avec l’Islande

Avec la crise financière, les doutes se sont trouvés renforcés sur la capacité de l’Etat et des banques hongroises à affronter les dettes progressivement accumulées en valeurs étrangères. Restée pour ainsi dire à sec en investissements et prêts étrangers, la situation de la Hongrie a été comparée ces jours à celle de l’Islande.

Un rapprochement contesté par István Béres: «Je suis convaincu que, grâce aux aides concédées par l’UE et par le FMI, la Hongrie pourra surmonter l’impasse financière actuelle. Les banques hongroises sont en outre toujours solides et rentables, en comparaison avec les banques islandaises».

«J’espère, par conséquent, que László Sólyom aura l’occasion d’expliquer, pendant sa visite en Suisse, que la situation hongroise est bien meilleure de celle décrite, par exemple, par certains observateurs depuis Londres. Et qu’il vaut toujours la peine d’investir en Hongrie».

swissinfo, Armando Mombelli
(Traduction de l’Italien: Sima Dakkus)

Né à Pécs en 1942, László Sólyom a obtenu en 1964 un doctorat en jurisprudence à l’Université de sa ville natale.

Après une carrière académique, Sólyom a assuré de 1988 à 1998 la présidence de la Cour constitutionnelle hongroise.

Entré ensuite en politique en 2000, il a été le cofondateur du mouvement des droits civils et de l’environnement (Védegylet).

En 2005, tout en militant dans les rangs de l’opposition, il a été élu en tant que chef de l’Etat hongrois par le vote de la majorité du parlement.

En 1956, la Suisse avait accueilli plus de 14’000 réfugiés hongrois, fuyant leur pays après l’intervention de l’Armée rouge pour réprimer la révolution anticommuniste.

Aujourd’hui, quelque 4000 personnes de nationalité hongroise vivent encore en Suisse.

Plus de 1800 citoyens suisses résident en Hongrie. Pour la plupart, il s’agit d’ex réfugiés hongrois, retournés dans leur pays d’origine après avoir pris leur retraite en Suisse.

La Hongrie est, par ordre d’importance, le quatrième partenaire économique de la Suisse en Europe orientale, après la Russie, la Pologne et la République tchèque.

En 2007, les exportations suisses vers la Hongrie ont atteint 1,21 milliards de francs, avec une augmentation de plus de 20% comparé à l’année précédente.

Les importations en provenance de la Hongrie ont connu, quant à elles, une augmentation de 1,09 milliards de francs, avec un bond de 41%.

A fin 2006, les investissements suisses en Hongrie se chiffraient à environ 2 milliards de francs. Parmi les entreprises suisses actives dans ce pays se trouvent Nestlé, Novartis, Holcim, Stadler Rail, Schindler, Lonza, Swiss Life, Winterthur, Zürich, Bâloise et CS First Boston.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision