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Le délégué du CICR Andreas Notter est libre

Le Suisse est libre mais son collègue italien Eugenio Vagni est toujours aux mains d'Abou Sayyaf à Jolo. Keystone

Enlevé dans le sud des Philippines il y a trois mois, le délégué suisse du Comité international de la Croix Rouge (CICR) n'est plus aux mains du groupe rebelle Abou Sayyaf. Son collègue italien, lui, reste captif.

La police philippine a secouru tôt samedi matin l’otage suisse qui était retenu par des militants islamistes d’Abou Sayaf à Jolo, une île du sud du pays.

Andreas Notter, 38 ans, avait été enlevé avec deux collègues en mission humanitaire le 15 janvier dernier. Ils réalisaient sur place un projet d’assainissement dans une prison.

Contrairement à ce qu’a indiqué l’armée dans un premier temps, les ravisseurs ne l’ont pas volontairement libéré.

Selon le secrétaire philippin de l’Intérieur Ronaldo Puno, un groupe d’hommes détenant le Suisse a tenté de passer le cordon de sécurité disposé autour du camp de la guérilla, dans le centre de l’île. Ils ont alors été repérés par les forces de sécurité qui les ont poursuivis.

«Les kidnappeurs ont laissé M. Notter derrière eux car ils n’étaient plus en mesure de l’emmener avec eux», a-t-il poursuivi, ajoutant que la pression militaire avait forcé les rebelles islamistes à cette libération. «Nous avons de la chance que M. Notter soit sorti indemne de cet incident», a relevé Ronaldo Puno.

L’employé suisse a été immédiatement conduit à la résidence du gouverneur de la province de Sulu, Sakur Tan, qui pilotait le comité de crise concernant les otages. «Je m’en suis sorti et je suis heureux d’être en vie, sain et sauf», s’est réjoui le principal intéressé lors d’une conférence de presse.

«Je suis très content d’être parmi vous, tout s’est passé très rapidement. Je suis encore un peu désorienté quant à la manière dont tout cela est arrivé. Ma préoccupation va désormais vers mon collègue Eugenio Vagni, comme vous le savez tous, il est blessé», a ajouté l’ex-otage.

Un Italien encore captif

Après la libération du Suisse, il reste en effet un Italien aux mains des islamistes. Souffrant, Eugenio Vagni est âgé de 62 ans. La bénévole philippine Mary Jean Lacada avait, elle, été relâchée le 2 avril dernier.

Selon le CICR, resté en contact téléphonique avec les captifs durant ces trois mois, la seule exigence des preneurs d’otages était que l’armée retire ses troupes de l’île de Jolo. Aucune rançon n’a été exigée.

Les ravisseurs avaient menacé le mois dernier de décapiter un otage, ce qui avait conduit à un desserrement de l’encerclement de l’armée autour des places-fortes d’Abou Sayaf.

Soulagement et demande

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) se dit «soulagé» et «heureux» après la libération du Suisse. Porte-parole du DFAE, Andreas Stauffer se refuse à en dire plus.

«Nous demeurons en contact étroit avec les autorités philippines ainsi qu’avec le Comité international de la Croix Rouge (CICR)», indique-t-il seuleument.

Mais il souligne aussi que «le DFAE demande que le dernier otage aux mains du groupe, l’Italien Eugenio Vagni, soit lui aussi libéré dans les plus brefs délais».

Spécialiste des enlèvements

Le groupe Abou Sayyaf est accusé par Manille et Washington de liens avec Al-Qaïda. Il est spécialisé dans les enlèvements avec demande de rançon, en particulier d’étrangers.

Les autorités philippines soupçonnent aussi le groupe de liens avec l’organisation islamiste régionale Jamaah Islamiyah (JI) accusée d’avoir fomenté l’attentat qui avait fait 202 morts sur l’île indonésienne de Bali en 2002.

swissinfo et les agences

Guérilla. Mouvement séparatiste musulman créé en 1991 après une sission du Front Moro de libération nationale.

Ce groupe de quelque 400 rebelles cherche a créer un Etat islamique indépendant dans le sud des Philippines et a commencé à mener des actions de guérilla dès 1991.

Rançons. Il est accusé par Manille et Washington de liens avec Al-Qaïda et, depuis 2001, s’est spécialisé dans les enlèvements avec demande de rançon, en particulier d’étrangers. Il responsable du meurtre de plus de 30 étrangers.

Attentat de Bali. Il est aussi soupçonné d’être en relation avec l’organisation islamiste régionale Jamaah Islamiyah (JI) accusée d’avoir fomenté l’attentat qui avait fait 202 morts sur l’île indonésienne de Bali en 2002.

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