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Pour une campagne électorale sans racisme

Des manifestants 'pour une Suisse multicolore'. Keystone Archive

Le Forum contre le racisme demande aux candidats aux élections législatives fédérales d'octobre de mener une «campagne non-raciste».

A cet effet, il les invite à signer une charte les engageant à respecter la Convention de l’ONU contre la discrimination raciale.

A l’approche des élections fédérales du 19 octobre, le Forum contre le racisme (FcR) constate que le climat politique est «extrêmement délétère». Il appelle donc les candidats à la vigilance face au racisme.

Le président du FcR Patrice Mugny s’en prend directement à l’Union Démocratique du Centre (UDC) et surtout à certaines de ses campagnes qu’il qualifie de «clairement xénophobes».

Son inquiétude est d’autant plus grande que ce parti de la droite nationaliste réunit près d’un quart des suffrages.

Pour autant, Patrice Mugny se veut nuancé: «Quand on parle de racisme, on pense toujours à des positions extrêmes».

Or, ajoute l’écologiste genevois, un racisme quotidien s’insinue de plus en plus dans le discours ordinaire des médias et des politiciens.

Pas de chasse aux sorcières

Cela dit, l’élu des Verts se défend de vouloir organiser une chasse aux sorcières destinées à écarter du débat politique des questions controversées.

«Je n’ai aucun problème quand on évoque la criminalité des étrangers, affirme-t-il, à condition que l’on dise de quels taux on parle». Patrice Mugny rappelle à cette occasion que 0,6% des étrangers sont concernés par des affaires pénales contre 0,3% des Suisses.

Hanspeter Bigler, vice-président du Forum contre le racisme, souligne pour sa part que l’UDC n’est pas seule en cause. A ses yeux, tous les partis sont concernés.

Recommandations de l’ONU

Basée sur la convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, la charte lancée par le Forum contre le racisme engage le signataire à respecter un certain nombre de principes.

Il s’agit notamment de refuser toute alliance avec un parti qui incite à la haine raciale. Et aussi de refuser de publier de positions ou d’afficher des images susceptibles de susciter ou d’encourager les préjugés.

Tous les candidats recevront, en même temps que la charte, un questionnaire, précise Hanspeter Bigler, qui est aussi secrétaire général de la Société pour les peuples menacés.

Le but est de réaliser une étude précise sur l’opinion des politiciens désireux de devenir parlementaires fédéraux.

L’enquête est fondée sur les recommandations adressées à la Suisse par le Comité de l’ONU pour l’élimination de toute forme de racisme (CERD).

Pas de limite dans le temps

Les questions porteront notamment sur l’intégration scolaire, le marché du travail, le droit de la nationalité, les violences policières et les minorités.

Le document devrait être disponible dans le courant de l’été. Une autre étude sera éventuellement publiée après les élections fédérales. Elle devrait refléter l’attitude du nouveau Parlement sur le dossier du racisme et de l’intégration des étrangers.

Signer la charte antiraciste ce n’est pas seulement affirmer que l’on n’est pas raciste, souligne Patrice Mugny. Les politiciens s’engagent aussi notamment à rejeter toute proposition discriminatoire. Et la validité de ce texte ne doit pas se limiter aux prochaines élections.

Les quelque 30 organisations membres du Forum contre le racisme adresseront des reproches à ceux qui, notamment au travers de motions parlementaires, violeront la charte.

Accord de principe

Le projet a déjà été soumis aux centrales des différents partis. Aucune formation politique n’a mis en question le contenu de la charte.

Certains partis se sont interrogés sur le fait de savoir si c’était le bon instrument, admettent ses initiateurs. Il y a cependant un soutien, même s’il varie d’un parti à l’autre.

Fondé le 21 mars 1992 après une année 1991 particulièrement riche en incidents racistes – notamment l’incendie criminel du centre de requérants d’asile de Thoune – le Forum contre le racisme réunit une trentaine d’organisations syndicales, religieuses ou de défense d’intérêts suisses.

Il vise la réalisation en Suisse des dispositions de la convention de l’ONU contre le racisme

swissinfo avec les agences

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