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Premiers refoulés juifs indemnisés à New York

Survivants de l'holocauste, Daniel Lieberman (au centre) et Ruth Schloss (à droite) ont été indemnisés lundi à New York. Keystone

Les premières indemnisations pour les juifs refoulés par la Suisse durant la 2e Guerre mondiale ont été remises. Insuffisant protestent certains.

Lundi à New York, 95 anciens réfugiés ont été indemnisés par une somme prélevée sur le fonds de 1,25 milliard de dollars alimenté par l’UBS et le Crédit Suisse, à la suite de l’accord global conclu avec les plaignants et les mouvements juifs, le 12 août 1998.

Les chèques sont d’un montant de 2500 dollars pour chacune des 15 personnes qui ont été refoulées à la frontière ou expulsées de Suisse, alors qu’elles tentaient d’échapper aux persécutions de l’Allemagne nazie.

Néanmoins, la plupart des bénéficiaires n’ont touché que 500 dollars chacun. Il s’agit de 80 personnes ayant été victimes d’abus ou de mauvais traitements en Suisse après y avoir trouvé refuge. Au total, les fonds versés à ces 95 juifs refoulés, qui vivent aujourd’hui dans 14 pays différents, s’élèvent à 77 500 dollars.

Encore du sang sur l’argent suisse

«Ces paiements sont totalement insuffisants», déclare Ruth Schloss, l’une des personnes qui a reçu un chèque de 2500 dollars. Estimant qu’il y a «encore du sang sur l’argent suisse», Madame Scloss exige des excuses sans équivoque de la part de la Suisse.

Autre juif refoulé à la frontière, Daniel Lieberman conserve de mauvais souvenirs des policiers helvétiques. «Les policiers m’ont dit que si j’essayais encore une fois de passer la frontière, ils me livreraient à la Gestapo», affirme ainsi M. Lieberman, qui dit ne plus avoir de sympathie pour la Suisse. «Un juif doit pardonner, mais ne jamais oublier», ajoute-t-il.

Cependant, Gideon Taylor, un responsable de la Claims Conference, l’organisation juive américaine chargée de gérer la distribution des fonds aux victimes, souligne que les chèques d’indemnisation n’ont pas été conçus pour compenser totalement les pertes et les souffrances des juifs pendant la guerre.

Une reconnaissance, non une réparation

«Ces paiements ne constituent pas une réparation, mais la reconnaissance de ce que ces gens ont vécu», indique, en effet, M. Taylor.

La Claims Conference et l’Organisation Internationale pour les Migrations accepteront les demandes d’indemnisation jusqu’à la fin de l’année. Aux termes du plan de répartition de l’argent versé par les banques suisses, tel que défini par le juge américain Edward Korman, 800 millions de dollars sont réservés aux titulaires ou héritiers de comptes bancaires en déshérence.

Le reliquat est destiné à des victimes du nazisme: anciens réfugiés, travailleurs forcés et personnes spoliées.

Début juillet, le juge Korman avait autorisé les toutes premières indemnisations en faveur de juifs spoliés par le régime nazi, qui vivent dans des villes et villages d’anciennes Républiques soviétiques, souvent dans le plus grand dénuement.

Marie-Christine Bonzom, New York

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