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Pretoria: la lutte contre le sida peut enfin débuter

Manifestation de joie à Pretoria après le retrait de plainte. Keystone

Le procès des 39 firmes pharmaceutiques (dont les suisses Roche et Novartis) contre le gouvernement sud-africain à propos des médicaments bon marché a tourné court. La plainte a été retirée et un accord de partenariat a été passé entre Pretoria et les multinationales.

Thomas Cueni est fatigué mais soulagé. Comme secrétaire général de Interpharma, l’association faîtière de l’industrie pharmaceutique suisse, cela fait plusieurs semaines qu’il participait activement à la recherche d’une solution à l’amiable. Soulagé aussi, dit-il, «parce qu’au lieu de discuter de questions juridiques, on peut maintenant aborder les vrais problèmes de la lutte contre le sida».

La plainte a donc été retirée à l’unanimité des 39 sociétés concernées et le principe d’un partenariat entre l’industrie pharmaceutique et les autorités sud-africaines est proclamé haut et fort.

Pretoria s’engage à respecter les dispositions du droit international. En clair: le gouvernement consultera par exemple ses partenaires quand il s’agira de rédiger les modalités d’application de la loi que contestaient les multinationales.

C’est le début d’un nouvel esprit de collaboration et les gagnants sont les malades, annonce avec une satisfaction non dissimulée le communiqué publié à Genève par la Fédération internationale de l’industrie du médicament (FIIM).

Selon cette organisation, l’accord passé à Pretoria définit un «équilibre entre les besoins de santé de la population sud-africaine, le respect de la propriété intellectuelle et l’intérêt du gouvernement». La FIIM semble estimer en effet qu’il reste possible, en matière de santé publique, de tirer meilleur profit de la flexibilité offerte par le droit international sur les brevets.

Du côté de la Déclaration de Berne, l’association qui en début de semaine et au nom d’une trentaine d’ONG suisses avait écrit aux deux firmes bâloises concernées pour les inviter à retirer leur plainte, on se dit partagé entre la satisfaction et l’expectative.

«La pression a joué et on s’en réjouit, commente Julien Reinhard, l’un de ses secrétaires permanents: l’enjeu était important, car ce procès fournissait une occasion unique de montrer clairement au grand public où se situaient les conflits d’intérêts».

Mais l’abandon du procès ne résout pas tous les problèmes. Les accords internationaux auxquels des pays comme l’Afrique du Sud sont appelés à se conformer devraient être révisés dans le sens d’une meilleure prise en compte de leur situation. «Ce n’est, dit-il, que le jour où ils auront leur propre industrie pharmaceutique qu’ils pourront répondre véritablement à leurs propres besoins».

Quelles leçons tirer encore de l’événement? Pour l’industrie pharmaceutique suisse, répond Thomas Cueni, il importe de mieux communiquer: «des projets existent déjà et les vrais problèmes, ce ne sont pas ni prix ni les financements, mais les infrastructures, les manques de volonté politique, les manques d’information et de professionnalisme, etc.»

Sans oublier le dialogue avec les ONG. C’est-à-dire tous ces militants dont les industriels n’osent dire ouvertement que c’est à cause d’eux et de leur engagement manifeste que le procès de Pretoria a finalement tourné court.

Bernard Weissbrodt

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