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Pris à la gorge, Swissmetro refuse de mourir

Image de synthese de la maquette de Swissmetro. Keystone Archive

En réduisant son capital, Swissmetro a diminué ses charges en attendant de trouver un financement approprié.

Le projet de train à haute vitesse sous-terrain a peut-être du plomb dans l’aile. Mais ses promoteurs ne s’avouent pas encore vaincus.

Désavoué de la bouche même du ministre des transports, Moritz Leuenberger, le projet Swissmetro a deux ans pour renverser la vapeur.

C’est du moins le délai que s’est fixé le directeur exécutif de Geste Engineering, société mandatée par Swissmetro SA pour assurer la direction opérationnelle de la phase de préindustrialisation du projet.

«Les difficultés de financement nous imposent de diminuer considérablement les actions que nous avons entreprises jusqu’à présent si nous voulons permettre à ce projet de survivre», déplore Michele Mossi.

Des propos sujets à interprétation

Les propos de Moritz Leuenberger, chef du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC), ne mettent pas Swissmetro au placard pour autant.

C’est en tout cas l’interprétation de Michele Mossi: «le projet garde un intérêt, à condition de devenir un projet de pure Recherche & Développement».

C’est là que le bât blesse. Seule une volonté politique forte et argumentée est susceptible d’orienter le projet dans une telle direction. La force de ce signal politique est d’autant plus importante que, sans elle, aucun acteur de l’économie privée ne s’investira dans le financement de Swissmetro.

Les investisseurs privés peuvent financer les recherches nécessaires au développement de ce projet susceptible de révolutionner la politique des transports. Mais ils n’ont aucune compétence pour déterminer les lignes à desservir ou le percement des tunnels, au cas où le projet s’avérerait rentable.

Seul l’Etat, et à juste titre, peut donner son feu vert à des travaux d’infrastructure aussi importants. Et en matière de politique de transports pour le XXIème siècle, le gouvernement, comme les Chambres, sont aux abonnés absents.

Une campagne de lobbying politique intense

Les besoins financiers de Swissmetro sont pourtant loin d’être exorbitants. La société a besoin de 100 millions de francs sur cinq ans. L’équivalent de ce que la Suisse dépense pour ses activités spatiales, soit 20 millions par année.

Cette somme permettrait de financer la réalisation d’un tunnel de 200 mètres (SETUP) pour tester en grandeur nature les contraintes qui découlent du transport sous-vide par lévitation magnétique.

Pour récolter les fonds nécessaires, Geste Engineering a décidé de se lancer dans une un intense campagne de lobbying. Une motion parlementaire est d’ailleurs en cours de rédaction à la commission des transports du Conseil national.

L’urgence de voir les autorités helvétiques se déterminer rapidement est d’autant plus importante que le savoir-faire accumulé depuis 1974, année de démarrage du projet, est en péril.

Les caisses sont vides

«A titre individuel, Geste a investi 200 millions de francs dans le projet cette année. Elle n’a plus les moyens de continuer. Et sans argent frais, il sera difficile de conserver une bonne cohésion entre les équipes de chercheurs», déplore Michele Mossi.

Confronté à une conjoncture économique internationale particulièrement difficile, les acteurs privés rationalisent leurs investissements. Seule la Confédération est aujourd’hui en mesure de redonner confiance aux actionnaires de la société tout en suscitant l’intérêt de nouveaux investisseurs.

Au-delà de Swissmetro, c’est toute la politique des transports suisses du XXIème siècle qui doit être repensée.

swissinfo/Jean-Didier Revoin

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