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Procès Basson: un Suisse sommé de s’expliquer

Wouter Basson: au moins 200 morts sur la conscience et des liens troubles avec la Suisse. Keystone Archive

Un pharmacologue suisse vient d'être entendu comme témoin devant la Haute cour de Pretoria, dans le cadre du procès du «Mengele de l'apartheid». David Chu aurait aidé le colonel Wouter Basson à détourner, via la Suisse, des sommes importantes.

Le Dr Wouter Basson n’est pas n’importe qui. Il est l’homme par qui le soupçon a rejailli sur la Suisse. Il a dirigé pendant dix ans le programme d’armes chimiques et bactériologiques du régime d’apartheid.

Les contacts du «Mengele de l’apartheid» avec les services secrets suisses ainsi que les laboratoires militaires de Spiez ont même fait l’objet d’une enquête parlementaire à Berne.

L’acte d’accusation de Wouter Basson de la part de la justice sud-africaine est accablant: plus de 200 morts à son actif dans les années 80, sans compter les complicités de meurtre, les escroqueries et autres fraudes.

Parmi les atrocités reprochées au «docteur de la mort» citons les calmants musculaires, fournis en 1979, qui auraient été injectés à environ 200 prisonniers de la SWAPO (mouvement indépendantiste namibien).

Pretoria voulait s’en débarrasser parce qu’ils «représentaient du fait de leur trop grand nombre une menace pour la sécurité». Basson aurait concocté des pilules mortelles.

En plus de ces activités, Basson en a encore profité pour s’enrichir. Il a détourné des fonds secrets destinés à l’achat d’équipements sensibles dans divers pays dont la Suisse. La justice sud-africaine parle d’un «système complexe de sociétés écrans multiples et de comptes bancaires» en Helvétie.

C’est dans ce contexte que le nom de la société bâloise Medchem Forschung AG, fondée par le Suisse d’origine canadienne, David Chu, est apparue sur le devant de la scène, avant de finir devant la justice.

Cette société aurait été utilisée par Wouter Basson pour blanchir au moins 3 millions de francs suisses en quatre ans. L’argent provenait des fonds secrets de l’armée sud-africaine.

Le pharmacologue suisse reconnaît avoir fait des affaires avec son ami, Wouter Basson. Des affaires pas toujours juteuses : les deux hommes ont, par exemple, perdu 120 000 dollars dans un contrat de ventes de bananes.

Mais David Chu nie avoir blanchi de l’argent. Il affirme qu’il ne savait même pas que Basson était un colonel sud-africain. Il se serait présenté à lui comme un homme d’affaires et le représentant d’une Fondation de recherche sur le sida, Opals, présidée par Danielle Mitterrand, l’épouse du président français.

Et c’est dans ce cadre qu’il aurait fourni à Basson un produit chimique, qui devait servir à faciliter les avortements de femmes séropositives.

David Chu dément avoir également fourni des peptides utilisés pour la recherche sur des armes biologiques provoquant des lésions cérébrales.

Valérie Hirsch, Johannesburg

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