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Procès de l’OTS: Michel Tabachnik a rendez-vous avec son destin

5 ocotobre 1995: l'épouse de Michel Tabachnik, mère de ses deux enfants, se trouve parmi les victimes de Cheiry. Keystone Archive

Le chef d'orchestre franco-suisse est appelé à comparaître mardi devant le tribunal correctionnel de Grenoble, en France voisine. Accusé d'association de malfaiteurs dans le procès de l'Ordre du Temple solaire (OTS), Michel Tabachnik clame son innocence.

Viendra, viendra pas? «Aujourd’hui, il y a autant de bonnes raisons d’y aller que de ne pas y aller. Y aller, ce serait courageux. Ne pas y aller serait considéré comme une dérobade», lance Me Francis Szpiner.

On apprenait mardi matin que selon son avocat, Michel Tabachnik a quitté la Suisse pour se présenter devant les juges de Grenoble.

Mais pour Me Francis Szpiner: «Ce qu’il y a de scandaleux, c’est que ce procès est le prétexte à un grand déballage sur les sectes malsaines. Et que, à aucun moment, la justice française n’a incriminé mon client pour assassinat. On lui reproche un délit d’opinion».

Ce qu’il y a de sûr, c’est que Me Francis Szpiner – qui est aussi l’avocat du président Jacques Chirac – se présentera mardi devant la Cour correctionnelle de Grenoble. Quant à son client, lui, il se décidera au tout dernier moment.

Michel Tabachnik conteste la légitimité du procès qui lui est intenté pour association de malfaiteurs. Mais il sait trop bien que son absence amènerait de l’eau au moulin de ses ennemis et accréditerait la thèse de ceux qui voient en lui le cerveau occulte d’un drame en quatre actes qui s’est soldé par la mort de 74 personnes, dont plusieurs enfants.

Car, à l’évidence, le procès de Grenoble, c’est d’abord celui de l’Ordre du Temple Solaire, l’unique épisode judiciaire public d’un drame collectif particulièrement odieux et choquant. Ce traumatisme d’une ampleur exceptionnelle a, d’ailleurs, poussé l’Assemblée nationale française à admettre le concept de «manipulation mentale», un délit susceptible de favoriser la lutte contre les sectes les plus dangereuses.

D’une certaine manière, le rendez-vous de Grenoble aura des allures d’expiation. Même si, à priori, ce procès est intenté à un seul accusé, Michel Tabachnik.

Le chef d’orchestre franco-suisse a pourtant bénéficié d’un non-lieu dans les deux massacres de Cheiry et Salvan (Suisse), qui ont fait 48 morts dans la nuit du 4 au 5 octobre 1994.

Et puis, il a aussi été mis hors de cause dans celui de Morin Heights (Canada), qui s’est soldé par la mort de six personnes. Dans celui de Saint-Pierre-de-Chérennes (France), où 16 corps ont été découverts à la veille de Noël 1994. Et dans celui de Saint-Casimir (Canada), où six personnes ont perdu la vie en mars 1997.

Déjà longuement interrogé par le juge d’instruction fribourgeois Daniel Piller, Michel Tabachnik a été repris par le magistrat français Luc Fontaine peu après le drame du Vercors.

Motif? Le juge d’instruction grenoblois lui reproche d’avoir moralement favorisé le «transit». A cause des conférences données en été 1994 au cours desquelles le chef d’orchestre a évoqué le «retour au père».

L’accusé se défend bien sûr d’avoir encouragé des desseins aussi macabres. Et il relève, d’ailleurs, que la plupart des personnes mortes n’avaient pas participé à ses conférences. Quant aux survivants – une cinquantaine de témoins ont été assignés -, ils ne l’ont jusqu’ici jamais mis en cause.

Michel Tabachnik, comme il l’a écrit et clamé à maintes reprises, ne serait-il alors qu’un bouc émissaire?

Isidore Fuchs

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