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Procès Cuomo-Verda: 2 ans de réclusion requis contre l’ex-juge

Luciano Giudici, ancien conseiller national, vendredi, à Lugano. Keystone

Deux ans de réclusion ont été requis, vendredi soir à Lugano, contre l'ex-juge Franco Verda, 60 ans. Pour l'Italien Gerardo Cuomo, 55 ans, le procureur a demandé 12 mois de détention, avec sursis et 15 ans d'expulsion de la Suisse.

“Ce procès est exceptionnel dans les annales de la justice tessinoise et suisse. Pour la première fois, un haut magistrat a trahi la confiance que les institutions et les citoyens avaient placée en lui. C’est extrêmement grave.”

Luciano Giudici, 63 ans, de Locarno, ancien conseiller national, n’a pas maché ses mots, en entamant son réquisitoire, vendredi matin à Lugano, devant une salle comble. Pour le procureur extraordinaire, nommé en juin 2000 par le gouvernement tessinois pour enquêter sur le scandale du “Ticinogate”, ce cas a suscité des sentiments de tristesse, de misère morale et même de dégoût.

Le procureur a décortiqué tous les points de l’acte d’accusation. Pour lui, il ne fait aucun doute que l’ancien magistrat luganais est coupable de corruption passive aggravée: c’est bien lui, a-t-il dit, qui a convaincu son ami, le repris de justice italien, Gerardo Cuomo, à intercéder auprès du contrebandier Francesco Prudentino. Et non le contraire.

En fait, Franco Verda était confronté au pressant besoin d’argent de sa compagne, l’avocate Désirée Rinaldi, qui croulait sous les dettes. Il a donc pensé à Francesco Prudentino, pour lequel il venait de débloquer une partie du compte bancaire, saisi au Tessin par la magistrature.

Franco Verda a ainsi poussé Gerardo Cuomo à intervenir auprès du contrebandier pour qu’il verse au juge la moitié de la somme récupérée. Francesco Prudentino n’a pas respecté l’accord.

Il s’agit donc de corruption passive aggravée. A cette accusation, s’ajoutent celles de violation répétée du secret de fonction et entrave à l’action pénale.

Le procureur a toutefois mis son ex-collègue au bénéfice de circonstances atténuantes: le comportement de l’ex-juge avait été influencé par sa grave maladie et les ennuis de sa femme. Le procureur a donc contenu sa requête de peine à deux ans de réclusion: “j’aurais pu aller jusqu’à sept vu la gravité des faits” a-t-il précisé.

Pour le contrebandier présumé, les accusations de complicité en corruption passive aggravée et d’infraction à la loi fédérale sur les stupéfiants sont beaucoup moins graves. Pour lui, le procureur a requis 12 mois de détention avec sursis et 15 ans d’expulsion.

S’il n’avait dû être extradé en Italie, Gerardo Cuomo aurait été libéré depuis plusieurs mois. Au terme du procès de Lugano, il sera livré aux autorités de son pays, qui entendent le juger pour association de malfaiteurs.

Gemma d’Urso, Lugano

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