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Quand le terrain de chasse est sans frontières

Les universités suisses continuent à recruter de nombreux professeurs en dehors du pays.

Dernier coup en date, l’arrivée à Lausanne de l’Américain Marc Parlange, l’un des meilleurs chercheurs du monde en sciences de l’environnement.

Suite à l’arrivée de Marc Parlange à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), le vice-président de l’école se veut catégorique.

«Notre politique n’est pas d’aller chercher systématiquement des chercheurs étrangers, assure Stephan Catsicas. Nous visons à attirer les meilleurs lorsque l’opportunité se présente, quelle que soit leur nationalité.»

La Suisse a une longue tradition d’accueil d’enseignants étrangers. Surtout des Allemands et des Français. Actuellement, quelque 40% des professeurs ordinaires viennent du dehors. Mais la proportion varie d’une université à l’autre.

A l’Université de Neuchâtel par exemple, seul un «prof» sur huit est étranger alors qu’au sein de la dernière-née luganaise, ils sont deux sur trois.

Des raisons salariales

«Les universitaires étrangers trouvent la Suisse attirante en raison des salaires comparativement élevés et des bonnes conditions de vie», explique Xavier Comtesse, directeur de la Fondation Avenir suisse.

Concrètement, un professeur titulaire d’une école polytechnique fédérale (EPF de Zurich et Lausanne) touche quelque 200’000 francs (salaire de base).

Aux Etats-Unis, les universités publiques paient en moyenne 113’000 dollars (147’000 francs) et les institutions privées un peu plus (plus de 140’000 dollars à Harvard).

Une rude concurrence



La traque aux sommités est soumise à une rude concurrence. Et les universités suisses chassent très activement, surtout dans le domaine des sciences.

«La plupart des chercheurs ne pensent pas à changer d’air avant que la question leur soit posée», constate Stephan Catsicas.

Ceci dit, les salaires – certes attractifs – ne sont qu’un argument parmi d’autres pour attirer les scientifiques. Le financement joue également un rôle central, surtout dans la compétition avec les universités américaines.

Stephan Catsicas admet que certaines disciplines souffrent d’insuffisances à cet égard. Mais selon lui, les choses sont en train de changer grâce aux accords de coopération scientifique avec l’Union européenne.

«Nous garantissons un financement interne sur le long terme, indique Stephan Catsicas. Aux Etats-Unis, l’argent vient souvent de l’extérieur et son utilisation est soumise à restrictions.»

«Avec les budgets que nous offrons, poursuit le vice-président de l’EPFL, les professeurs sont libres de prendre leurs risques. Ne pas être soumis à la pression des résultats immédiats est souvent attractif, même pour les meilleurs.»

Des ouvertures pour les jeunes

Stephan Catsicas est le premier à reconnaître que la chasse aux chercheurs de pointe à l’étranger n’est pas envisageable pour toutes les universités suisses.

«Il est plus facile pour nous de regarder au dehors, explique-t-il. Car nous travaillons dans le domaine des sciences et des technologies. Pour les sciences humaines par exemple, c’est une toute autre histoire.»

Plus généralement, les universités suisses n’ont pas tout de suite compris les avantages du système de pré-titularisation conditionnelle.

De nombreuses institutions combattent encore ce concept qui permet de promouvoir les jeunes talents tout en leur ouvrant des perspectives de carrières universitaires.

Souvent, confrontés aux titulaires de positions «bétonnées», les jeunes diplômés suisses tirent un trait sur ce type de carrière et sur les recherches qui vont avec.

Mais l’EPFL comme d’autres grandes écoles ont commencé à offrir des postes d’assistants et de professeurs associés à de jeunes chercheurs prometteurs. Ils représentent 10% du corps enseignant actuel, et l’EPFL vise à long terme un bon 40%.

swissinfo, Scott Capper
(traduction: Pierre-François Besson)

– Selon une statistique de 2002, 40% des professeurs ordinaires enseignant dans les universités suisses viennent de l’étranger. A l’Université de Neuchâtel, seul un professeur sur huit est étranger alors qu’à Lugano, ils sont deux sur trois.

– Le salaire des professeurs n’est pas publié. Mais on peut estimer qu’un titulaire d’une école polytechnique fédérale (EPF de Zurich et Lausanne) touche quelque 200’000 francs par an.

– Aux Etats-Unis, les titulaires sont en moyenne payés 113’000 dollars (147’000 francs) dans les universités publiques. Et davantage dans les institutions privées (plus de 140’000 dollars à Harvard).

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