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Quand les virus jouent les passagers clandestins

Urs Gerber et son objet d'étude, agrandi plus de 2000 fois. Les cellules sont en vert, les noyaux en bleu et les virus sont les petits points rouges. Keystone

Une équipe de chercheurs zurichois est parvenue à déjouer la ruse dont se servent certains virus pour pénétrer dans les noyaux des cellules.

Avec cette découverte, Urs Greber et son équipe de l’Institut de zoologie de l’Université de Zurich apportent la réponse à une question que se posent les biologistes depuis plus de 30 ans. Ce travail, soutenu par le Fonds national suisse, vient de faire l’objet d’une publication dans la revue Nature Cell Biology.

Les virus possèdent leur propre matériel génétique, mais ils ne savent pas se reproduire sans aide extérieure. Pour proliférer, ils doivent pénétrer dans une cellule vivante.

Alors que certains se contentent du plasma cellulaire, d’autres ont besoin de s’installer dans le noyau de la cellule. C’est le cas des adénovirus, sur lesquels travaille Urs Greber. Ils s’attaquent principalement aux cellules des voies respiratoires et peuvent provoquer des symptômes semblables à ceux de la grippe.

Entrée sans effraction

Or, on ne pénètre pas si facilement dans le noyau d’une cellule, bien protégée par une enveloppe en apparence infranchissable. Elle comprend certes des pores qui permettent l’échange des substances, mais ces orifices n’ont environ que la moitié de la taille des virus.

Il y a donc forcément un «truc» pour entrer malgré tout dans le noyau, sans y avoir été invité. Et c’est cette ruse que les chercheurs zurichois sont parvenus à identifier.

Le virus se fixe sur l’enveloppe du noyau, à proximité d’un pore, et il attend qu’une protéine, l’histone H1, sorte par ce dernier. Lorsque l’histone – dont la fonction est d’emballer le matériel génétique de la cellule – rencontre le virus, elle se déploie logiquement tout autour de lui.

L’enveloppe du virus se dissout alors et il ne reste de lui que ses gènes, assez petits pour passer par le pore. Lorsque l’histone rentre dans le noyau, elle y apporte ainsi un passager clandestin, qui n’est autre que le matériel génétique du virus.

Vastes perspectives

Les scientifiques étudient les adénovirus depuis les années 50 et on les utilise déjà aujourd’hui à des fins médicales, en leur adjoignant des gènes thérapeutiques. A l’avenir, on espère même utiliser des adénovirus génétiquement modifiés pour en faire des tueurs de cellules cancéreuses.

La découvert de l’équipe d’Urs Greber ouvre de nouvelles perspectives. En effet, la plupart des médicaments antiviraux n’agissent que lorsqu’une infection est déjà pleinement développée. Or, en connaissant le chemin qu’emprunte le virus pour entrer dans le noyau de la cellule, on pourra peut-être combattre l’agent pathogène avant qu’il n’ait commencé à proliférer.

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