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Redonner le goût des sciences exactes aux jeunes

Grâce aux HES, le désintérêt des jeunes pour les sciences exactes a été freiné. Keystone

La Suisse doit renforcer l'enseignement des sciences naturelles et techniques si elle ne veut pas perdre pied face à la concurrence mondiale.

A l’heure de la rentrée scolaire, le manque d’intérêt des jeunes pour ces disciplines suscite l’inquiétude parmi les milieux intéressés. Qui lancent une initiative pour tenter d’y remédier.

Baptisée «NaTech Education», l’initiative lancée lundi à Berne, qui vise à promouvoir l’enseignement des sciences naturelles et techniques, bénéficie du patronage des ministres de l’intérieur et de l’économie Pascal Couchepin et Doris Leuthard.

Elle est soutenue par 54 autres personnalités et institutions du monde de la science, de l’éducation, de la politique et de l’économie, ont indiqué à la presse les responsables du projet.

«Cette initiative touche un problème central de notre système éducatif, qui ne peut plus être occulté», selon Dieter Imboden, président du Conseil de recherche du Fonds national suisse. Signe emblématique et alarmant à ses yeux, certaines universités suisses songent à introduire un examen d’admission pour les détenteurs de baccalauréat.

Lundi a d’ailleurs été lancé le portail ‘educatech.ch’, une ramification du site ‘educa.ch’, portail de l’éducation. Il offrira des informations gratuites sur les diverses expositions, les moyens d’enseignement et les différentes professions dans le secteur technique.

Manque d’intérêt

La tendance à focaliser l’enseignement sur les sciences humaines et sociales au détriment des disciplines techniques est «néfaste pour la société», estime Dieter Imboden. La présidente de la commission de la science et de l’éducation du Conseil national (Chambre basse du parlement), la géologue zurichoise Kathy Ricklin (Parti démocrate-chrétien, centre), a abondé en ce sens.

Pour elle, le danger provient aussi du fait que les nations émergentes d’Asie, qui concurrencent les puissances économiques occidentales, misent beaucoup sur la formation scientifique et technique. En Suisse, en revanche, les jeunes se désintéressent de plus en plus de ces disciplines, s’inquiète la députée.

Le nombre d’étudiants qui embrassent des formations d’ingénieurs, de techniciens ou de scientifiques décroît parallèlement au manque relatif d’importance accordé à ces matières dans l’enseignement gymnasial, d’après elle. Dans le degré primaire aussi, l’intérêt manifeste des enfants pour les phénomènes techniques et scientifiques n’est que trop peu exploité.

Mesures lancées

L’initiative «NaTech Education» vise à inverser la tendance. Les mesures prévues concernent avant tout la formation de base et continue des enseignants, ainsi que le développement de méthodes et de matériel d’enseignement favorisant la compréhension de la technique. Les gymnases et hautes écoles spécialisées constituent la première cible, mais l’enseignement primaire n’a pas été oublié.

Trois cantons – Valais, Argovie, Lucerne – ont déjà consenti à développer les sciences naturelles et techniques dans leurs programmes d’enseignement. Dès 2007, des semaines techniques deviendront obligatoires dans ces cantons pour les étudiants des Hautes Ecoles pédagogiques. Des cours de formation continue et perfectionnement seront développés pour les enseignants.

En Suisse romande

Un autre projet, intitulé «Explore it» et proposé par des pédagogues valaisans et argoviens, a pour but de développer des concepts et du matériel d’enseignement technique destinés au niveau primaire. D’autres cantons devraient suivre, espèrent les promoteurs de l’initiative.

La Conférence suisse des directeurs de l’instruction publique (CDIP) soutient les objectifs de l’initiative. Il sera important d’en tenir compte pour l’élaboration finale de PECARO (plan d’étude cadre romand), ainsi que de ses pendants alémanique et tessinois, a relevé son secrétaire général Hans Ambühl.

swissinfo et les agences

En Suisse, le déclin de l’intérêt envers les sciences naturelles et techniques a été quelque peu freiné grâce à l’essor des hautes écoles spécialisées (HES).

Alors que les effectifs des universités augmentent fortement, la proportion de jeunes qui choisissent les sciences exactes progresse faiblement, autour de 3%.

Ce phénomène n’est pas propre à la Suisse. Il touche l’ensemble des pays occidentaux, particulièrement en mathématiques et en physique.

Pour tenter de donner une explication à cette désaffection, plusieurs facteurs sont souvent évoqués, entre autres le peu d’intérêt des filles pour ces disciplines scientifiques et l’intérêt grandissant des jeunes pour le secteur tertiaire.

Enfin, en Suisse, dans les académies, les critiques se multiplient à l’égard des carences des lycéens.

Et l’on met souvent en cause les programmes du baccalauréat ou de la maturité fédérale (dont la dernière réforme est entrée en vigueur en 1998).

Avec 27% de diplômés supérieurs dans les sciences naturelles et techniques, la Suisse s’en tire encore relativement bien.
Elle se place devant l’Union européenne (22%) et même devant les Etats-Unis (16%).
Elle est devancée par la France et l’Allemagne dont les bons rangs sont uniquement dus à un intérêt soutenu pour la biologie.

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