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Ronaldo sur le banc… des accusés

Pour la vedette brésilienne, les choses semblent moins simples dans le monde des affaires que sur le terrain. Keystone

Le champion du monde réclame quatre millions de dollars à un horloger genevois qui en retour exige dix millions de la star. La justice tranchera.

Grand artisan de la victoire du Brésil à la Coupe du Monde de football, Luis Nazario de Lima, dit Ronaldo, se retrouve au centre d’un litige millionnaire devant la justice genevoise.

L’histoire avait pourtant débuté sous les meilleurs auspices, face aux flashs des photographes. En septembre 1998, la vedette brésilienne signe, via sa société italienne Emporio Ronaldo, un contrat de sous-licence avec la maison horlogère genevoise Montega.

Pendant trois ans, jusqu’en septembre 2001, Emporio cède à Montega le droit exclusif d’exploiter “La marque R9” pour la fabrication, la commercialisation et la distribution de montres haut de gamme. Le logo “R9” a été créé par la société Nike en référence au numéro de maillot que porte le footballeur.

Une rémunération de 5,2 millions de dollars

Selon nos informations, une clause de l’accord précise que la vedette devra être en bonne santé durant cette période et faire de la promotion pour ces montres, des chronographes frappés “R9”.

Pour Ronaldo, le contrat est intéressant puisqu’il stipulerait une rémunération fixe de 5,2 millions de dollars plus des royalties en fonction des ventes.

Malheureusement, en novembre 1999 lors d’un match du championnat d’Italie c’est la catastrophe. Ronaldo se blesse gravement au genou et disparaît pratiquement de la scène footbalistique. Certains doutent même qu’il puisse rejouer un jour d’autant qu’en avril 2000, le même genou cède à nouveau.

Pour Montega, les dégâts semblent aussi très importants, les pré-commandes de montres, pour plusieurs millions de francs, auraient été annulées. Plus personne ne s’intéresse à la star et à ses produits dérivés. Montega se retrouve avec la marchandise sur les bras et aurait déjà versé 1,2 million de dollars à Ronaldo.

Le problème, c’est que Montega estime que Ronaldo savait qu’il souffrait du genou lors de la signature du contrat et qu’il n’en a pas informé la société. L’accord ne serait donc pas valable.

Montega réclame donc à Ronaldo plus de 10 millions de dollars pour les frais engagés pour créer la montre, les pertes et les dommages subis dans cette aventure. Le footballeur conteste cette vision des choses et estime, au contraire, que Montega doit lui verser les millions qui manquent à sa rémunération.

“A ce jour, Montega a été reconnue débitrice pour 4 millions de dollars envers Ronaldo par trois décisions judiciaire à Genève”, explique Cyrille Piguet, l’avocat d’Emporio. “Il est choquant de constater que Montega refuse de respecter ses obligations contractuelles et a utilisé sans autorisation le nom et l’image du joueur pour vendre d’autres produits”, ajoute Me Piguet.

Résultat, Emporio Ronaldo et Montega vont se retrouver prochainement à Genève devant un Tribunal arbitral (une juridiction privée) qui devra trancher.

Ronaldo débouté

Mais, le 27 juin dernier, trois jours avant la finale de la Coupe du Monde, c’est le Tribunal de première instance de Genève qui a infligé un carton rouge à Emporio Ronaldo.

La société de la vedette demandait que la justice oblige Montega à lui fournir les documents comptables concernant la vente de ses montres et que le Tribunal procède à une saisie conservatoire des chronographes “R9” et d’autres montres similaires.

Les juges genevois ont déclaré irrecevables les demandes de Ronaldo, précisant que le Tribunal de première instance n’était pas compétent car le différend “relève du domaine du droit des marques” et que “la requête de saisie aurait de toute manière dû être rejetée faute de vraisemblance”.

Débouté, Ronaldo devra payer près de 5000 francs pour les frais de justice et les indemnités de procédure.

“Cette ordonnance n’a abordé que des questions de forme et ne se prononce en rien sur le fond du litige, en outre nous la contestons”, précise Me Piguet. Emporio fera probablement recours contre cette décision. Une affaire à suivre, qui pourrait se terminer aux penalties.

swissinfo/Luigino Canal

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