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Ruth Metzler à Stockholm pour parler de lutte contre l’intolérance

Ruth Metzler, ministre suisse de Justice et Police. Keystone

L'an dernier, la Suède organisait un forum international sur l'Holocauste. Celui qu'elle convoque cette semaine est tourné vers l'avenir, il porte sur les moyens de combattre l'intolérance. La délégation suisse est conduite par la ministre de la Justice.

Quand bien même le rendez-vous de Stockholm s’est d’abord intéressé au passé, c’est l’avenir que ce Forum entend façonner, disait l’an dernier une autre ministre suisse, Ruth Dreifuss, rappelant que «de nombreuses mesures communes sont nécessaires pour garder éveillée notre vigilance face à la haine et à la négation de la dignité humaine».

A quoi servirait-il en effet de réfléchir sur des événements comme la Shoah, d’entretenir un véritable travail de mémoire sur les méfaits du nazisme et de l’antisémitisme si, en même temps, on ne s’interrogeait pas sur ce qu’il faut faire pour que de tels événements ne se reproduisent pas?

«Combattre l’intolérance», c’est donc le thème de l’édition 2001 du Forum de Stockholm. Ses organisateurs ont inscrit quatre grands chapitres à son sommaire: le rôle des lois dans la bataille contre toutes les formes de discrimination, les stratégies possibles en matière d’éducation, la responsabilité des communautés locales et l’action des médias.

A cette conférence qui durera deux jours, lundi et mardi, le gouvernement suédois a invité une bonne cinquantaine de pays pour qu’ensemble ils tentent de trouver un contre-poison aux idées racistes et antidémocratiques. Les bonnes idées et les exemples de réussite sont les bienvenues.

Que peut donc apporter la Suisse? Le bref rapport qu’elle a fourni pour l’occasion ne pouvait passer sous silence le débat intérieur qui ces dernières années a fait prendre conscience aux citoyens de ce pays que, pendant les années du nazisme, «la Suisse n’a pas élevé sa tradition humanitaire au niveau où elle aurait pu et dû le faire».

Le racisme sur Internet ou dans le courrier des lecteurs de journaux, la méfiance de l’étranger et la xénophobie latente, les Jenisch et autres gens du voyage, voilà le genre de questions qui aujourd’hui imposent aux Suisses de chercher vite et bien les meilleures parades possibles.

Le problème est sérieux car, comme le constate Boël Sambuc, vice-présidente de la Commission fédérale contre le racisme, «les violences de type raciste et les agressions physiques se sont multipliées ces dernières années. Il ne s’agit pas de peindre le diable sur la muraille, il n’y a pas encore de haine raciale à fleur de peau, mais il y a des signes alarmants».

«L’idéologie d’extrême droite, dit-elle, qu’on laisse avec une certaine complaisance s’installer dans des formations bourgeoises ou même traditionnelles de partis tentés par le populisme, peut agir en profondeur sur certaines personnes».

L’école constitue bien sûr l’un des lieux privilégiés de l’éducation à la tolérance. Elle a les moyens d’expliquer les événements historiques et sociaux ou les crises économiques qui peuvent conduire au rejet de groupes humains sur la base de leurs appartenances ethniques, religieuses ou autres.

Mais, pour Boël Sambuc, qui participe au rendez-vous de Stockholm, il ne faut toutefois pas surestimer le rôle de l’école. «En Suisse, la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique pourrait faire davantage pour inciter les écoles à adopter des programmes plus fermes sur l’enseignement des droits de l’homme. Ce qui se fait aujourd’hui est insuffisant».

Suffit-il encore d’invoquer les qualités du système démocratique suisse pour croire que ce pays est à l’abri des dérapages? Boël Sambuc ne le croit pas: «l’exercice des droits du citoyen ne va pas toujours et obligatoirement dans le sens des droits de l’homme».

Certains débats locaux sur la naturalisation de ressortissants étrangers ou sur la mise à disposition de terrains pour les gens du voyage ont en effet montré que «parfois le résultat de votations populaires peut être discriminatoire, que cela pose un problème de conscience et qu’il y a là matière à réflexion sur le fonctionnement de la démocratie».

Bernard Weissbrodt

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