Le salon aux mille ‘Eurêka’!
Genève accueille 775 cerveaux et leur bon millier d'inventions au salon du même nom. Notre journaliste en est revenu étourdi.
Cette 34e édition du salon international des inventions se tient jusqu’au 9 avril dans la ville romande.
Un parapluie sans main, utile pour le vélo (Guinée équatoriale). Un système d’authentification biométrique basé sur la cadence de frappe sur le clavier (Malaisie). Un scalpel électronique intelligent qui sait où trancher (Iran).
Ou encore un système éolien à double rotor à sens inversé (Espagne). Un sport appelé holeball, cousin du golf, se jouant avec un ballon et les pieds (France). Un jardin poussant contre les murs (France encore).
Un mathématicien luxembourgeois est même là avec ce que beaucoup de scientifiques jugent impossible. Une méthode pour générer des séries aléatoires de nombres. Le fantasme de la sécurisation totale devenu réalité?
Genève, à deux pas de son aéroport, accueille son 34e Salon international des inventions. Les costumes sombres à belle étoffe et cravate soyeuse, c’est juste à côté, où se tient le Salon international de la haute horlogerie….
«En une demi-seconde»
Ici, blouses blanches et bleus de travail ne sont pas loin. Un salon comme des milliers d’autres dans le monde. A une nuance près. On y vit plus d’espoir que d’argent.
Dans la foule, ce barbu curieux en balade, un investisseur possible? Ce petit moustachu, en quête de produits à fabriquer? Ces deux cadres, avec leur camera, des distributeurs potentiels?
«Le plaisir seul d’inventer ne suffit plus, il faut une finalité, explique le chef de presse du Salon. Les choses se professionnalisent. Les gens se repèrent entre eux, puis reprennent contact après le salon.»
Les 775 exposants sont soumis à au moins une règle du jeu. Leur invention doit être protégée par un brevet. Elle bénéfice donc d’une reconnaissance, mais doit faire ici sa première apparition dans le cadre d’une exposition.
S’il faut des mois, parfois des années pour atteindre ce stade, «le concept jaillit en une demi-seconde, chez moi en tout cas», explique Dominique Charles, récompensé en 1979 pour un système stroboscopique.
Les caddies se noient
«Je ne me mets pas à mon bureau pour inventer entre neuf et dix, poursuit cet ex-enseignant suisse. Le phénomène inventif est semblable à la création musicale. Cela vous vient en tête en buvant un café ou durant la discussion.»
Financièrement, Dominique Charles n’avait rien retiré de sa participation de 1979. Cette fois, il a parié avec une poignée d’amis qu’il ne reviendrait pas sans la perspective de quelques «kopecks».
A la descente, les enfants ont parfois tendance à se laisser gagner par la vitesse. Et chaque année, des centaines de caddies finissent leur course dans le Lac Léman.
Le concept breveté (un frein de sécurité) de Dominique Charles est de ralentir ou de stopper ces objets roulants, en fonction d’informations lues dans l’environnement ou envoyées par télécommande.
«Une petit place pour nous»
Autre Suisse, autre approche de la vitesse, Marc Käser est un passionné de glisse. Vers 2003, une idée s’est imposée à lui: allier snowboard et planche à voile, histoire d’avaler les étendues poudreuses du pays…
Dans le cadre de leur travail de diplôme, deux étudiants de la Horchschule für Technik und Informatik de Bienne ont développé l’adaptateur qui fait le lien entre la planche et la voile.
Et ça marche, affirme Marc Käser, avec dans les jambes des dizaines d’heures de test organisés sur le Jungfraujoch pendant l’été 2005. Commercialement? «1,6 millions de snowboards sont vendus chaque année, il doit y avoir une petite place pour nous.»
Breveté et enregistré sous la marque «Snoorf», le système devrait être lancé en septembre par le grand magasin de sport fribourgeois où travaille Marc Käser.
«Pour la fabrication, les ouvertures existent. Mais nous aimerions trouver moins cher, pour vendre l’adaptateur en dessous des 800 francs. A Genève, nous accumulons les expériences et les contacts.»
«Là, j’ai forcé»
Août 2002, Prague et la République Tchèque sont noyées sous les inondations. On colmate, on renforce les rives à l’aide de sacs de sable. Le départ d’une autre invention…
Devant son poste de télévision, Eric Widell se dit qu’il y a sans doute mieux à faire. A ses heures perdues, deux ans durant, il imagine.
Eric Widell imagine une digue mobile dont les éléments se redressent en cas d’inondations grâce à l’effet d’Archimède. Le Genevois actif dans la maintenance mécanique dépose son brevet à l’automne 2005.
«Il s’agit de la première invention que je mène jusqu’au brevet. Souvent, à un certain moment, on se rend compte que notre idée n’est pas valable. Là, j’ai forcé. On verra bien!»
swissinfo, Pierre-François Besson à Genève
– Au Salon des inventions, L’Institut suisse de la propriété intellectuelle présente un stand en collaboration avec l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, l’Office européen des brevets et les instituts d’une dizaine d’autres pays.
– Parmi les hôtes d’honneur cette année: les prototypes Hélios (français) et Swisspirit (suisse) qui participeront au World Solar Challenge 2007, le championnat du monde de véhicules solaires, en Australie.
775 exposants
1000 inventions
dont 8% en provenance de Suisse
45 pays représentés
75’000 visiteurs attendus
dont 55% de professionnels
et 38% venant de l’étranger
50 millions de dollars traités
Le Salon international des inventions a lieu à Genève jusqu’au 9 avril
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