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La canicule en Suisse fait exploser les records climatiques

Marcheurs dans les Alpes suisses par une chaude journée d août.
Habituellement un îlot de fraîcheur lors des vagues de chaleur, les Alpes suisses n’ont jamais autant transpiré qu’en cette fin d’été. © Keystone / Gian Ehrenzeller

Le dôme de chaleur qui s’est installé au-dessus de l’Europe pousse les températures à des niveaux records en Suisse, et particulièrement dans les Alpes. Menacé, le futur des quelque 1400 glaciers du pays inquiète les glaciologues.

Avec ses hautes montagnes, la Suisse est souvent considérée comme l’endroit idéal pour échapper à la chaleur de l’été. Mais en cette fin de mois d’août, une zone de haute pression exceptionnelle au-dessus des Alpes, accompagnée d’air chaud en provenance du sud-ouest de l’Europe et de l’Afrique du Nord, ont créé un dôme de chaleur faisant grimper les thermomètres à des niveaux records.

Et alors que les stations météorologiques du pays ont enregistré de nouvelles températures maximales pour la deuxième moitié du mois d’août, des records ont également été établis au-dessus de nos têtes.

Lundi, MétéoSuisse rapportaitLien externe que l’isotherme du zéro degré – altitude à laquelle la température tombe en dessous de 0°C – avait été mesurée à 5’298 mètres pendant la nuit. Un nouveau record qui dépasse le précédent, établi en juillet de l’année dernière, à 5’184 mètres.

Pourquoi la limite du zéro degré est-elle importante? 

L’isotherme du zéro degré est un indicateur météorologique clé, en particulier dans les régions montagneuses, car il «affecte la végétation, le manteau neigeux et le cycle de l’eau, et a donc un impact considérable sur les habitats de l’être humain, des animaux et des plantes», expliqueLien externe MétéoSuisse.

Au cours des dernières décennies, le changement climatique, principalement causé par l’activité humaine, a provoqué une «augmentation significative, saison après saison», de la limite du zéro degré, indiqueLien externe MétéoSuisse, qui note que des records successifs pour l’indicateur ont été établis durant les dix dernières années.

Pourquoi les glaciologues suisses sont-ils inquiets?

Les glaciologues estiment que le nouveau record du zéro degré en altitude est un signe inquiétant. Pour Matthias Huss, directeur de Glacier Monitoring Switzerland (GLAMOS), c’est un «changement de régime» et un «nouveau coup dur pour les glaciers» qui ont déjà souffert en début d’année.

«Il est très clair que les glaciers fondent encore plus vite avec cette chaleur à haute altitude, a-t-il déclaré au micro de la RTS. Les glaciers étaient déjà en très mauvais état par rapport aux autres années. Il y a déjà eu beaucoup de fonte en juin et juillet, et maintenant cette chaleur ajoute aux pertes.»

L’année dernière, les glaciers alpins ont battu des records de fonte en raison de la combinaison d’une faible couverture neigeuse constituée lors de l’hiver, de l’arrivée de poussières sahariennes en mars et de vagues de chaleur entre mai et début septembre. Les glaciers suisses ont ainsi perdu environ 6% de leur volume de glace entre 2021 et 2022, contre un tiers entre 2001 et 2022.

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«L’isotherme du zéro degré nettement au-dessus des 5’000 mètres expose tous les glaciers des Alpes à la fonte, même à leurs plus hautes altitudes, a expliqué Daniel Farinotti, glaciologue à l’EPFZ, interviewé par l’agence Associated Press. De tels événements sont rares et portent préjudice à la santé des glaciers, qui dépendent de l’accumulation de neige à haute altitude. Si ces conditions persistent à long terme, les glaciers sont voués à disparaître de manière irréversible.»

Matthias Huss n’est guère plus optimiste quant aux perspectives à long terme si la tendance actuelle se confirme: «Dans 50 ans, lorsque nous n’aurons plus de glaciers, ce qui est un scénario assez probable, nous aurons beaucoup moins d’eau, surtout pendant les périodes chaudes comme celle-ci. Ce sera un problème pour l’approvisionnement en eau dans les plaines et l’irrigation, mais aussi pour les écosystèmes et l’énergie hydroélectrique.»

Quels sont les autres records battus durant cette canicule?

Après un début d’été frais et humide, la Suisse a connu la semaine dernière des chaleurs étouffantes et des nuits tropicales. Dimanche après-midi, les températures se situaient entre 33 et 35°C dans de nombreuses régions du pays. Mardi, le mercure atteignait 37°C à Sion, un record pour cette année.

«Cet épisode de fortes chaleurs qui survient durant les dix derniers jours du mois d’août est totalement inédit pour la Suisse», a affirmé lundi à la RTS Frédéric Glassey, directeur de la météorologie chez Météonews. Au cours du dernier week-end, de nouveaux records de température pour la deuxième moitié du mois d’août ont été enregistrés dans les diverses stations météorologiques du pays.

Au Mönchsjochhütte, non loin du Jungfraujoch, dans les Alpes bernoises, Yann Roulet s’occupe du plus haut refuge de Suisse. «J’ai déjà connu des températures élevées ici en été, mais depuis dimanche, c’est extrême. On a l’impression d’être dans la vallée et non à 3’657 mètres d’altitude. Nous nous promenons tous en t-shirt», a-t-il témoigné dans le quotidien Tages-AnzeigerLien externe.

Traduit de l’anglais par Dorian Burkhalter

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Modéré par: Patricia Islas

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