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Simulateur de penalties!

Joerg Stiel, ancien gardien de l'équipe de Suisse, en pleine action avec le simulateur de l'EPFZ. Keystone

Le penalty place le gardien de but dans une situation souvent ingrate... Mais voilà que l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) vient à leur secours grâce à un simulateur virtuel 3D!

Dans le football professionnel, il n’y a qu’une demi-seconde entre le moment où le ballon est frappé et le moment où il est au fond du but. Les gardiens doivent donc anticiper et opter pour un côté avant la frappe du ballon pour avoir une petite chance de l’arrêter.

Si on ajoute à cela la pression due à la peur de l’échec, qui peut éventuellement entraîner une élimination prématurée de l’équipe, il n’est pas étonnant que le gardien, au moment du penalty, se sente comme le canard dans un stand de tir de foire.

Le simulateur virtuel de penalties est sensé égaliser les chances en utilisant projecteurs lasers, lunettes spéciales, haut-parleurs, caméras infrarouge, électrodes et autres capteurs!

Ainsi équipé, le gardien ‘voit’ une simulation en 3D du joueur suisse Benjamin Huggel tirant un penalty, avec à l’arrière plan un stade bondé. Une foule virtuelle applaudit et encourage si le tir est arrêté, mais siffle et hurle si le tir est manqué.

Les pulsations, la respiration et les réactions sur la peau du gardien sont analysées pour évaluer son attitude face au stress.

Un jeu de loterie

«Nous savons qu’un gardien ne doit bouger ni trop tôt, ni trop tard, s’il veut réussir. Mais nous ne savons pas sur quoi il doit se concentrer afin de pouvoir anticiper et choisir le bon côté pour arrêter le ballon», explique Peter Wolf, de l’EPFZ.

«Il existe un grand nombre de moyens technologiques pour aider les joueurs de champ, comme des chaussures spéciales enregistrant tous leurs mouvements durant un match, mais jusqu’à maintenant rien n’a été mis en place pour les gardiens».

Les gardiens ont tous des méthodes différentes pour deviner de quel côté ira le ballon lors d’un penalty. Certains suivent le regard de l’attaquant, tandis que d’autres observent la course d’élan, ou encore de quel côté sont orientées les hanches juste avant l’impact.

Le simulateur permet d’effacer certaines parties du corps de Huggel du champ de vision du gardien, afin de pouvoir aider celui-ci à déterminer quels éléments du corps du tireur lui permettent la meilleure anticipation.

Jörg Stiel, ancien gardien de l’équipe suisse, a donné un coup de main à l’institut en testant cet appareil. «Il a été impressionné par le réalisme des conditions, proche de la réalité d’un stade, mais selon lui, le vrai contact avec le ballon manque au moment de l’arrêt», dit Peter Wolf. «C’est quelque chose qu’on pourra intégrer dans le simulateur par la suite.»

Le drame du penalty

La Suisse pourra peut-être tirer profit de ce simulateur, car les derniers souvenirs en matière de penalties reçus n’ont rien de glorieux, si l’on pense à l’élimination de l’équipe de Suisse aux tirs aux buts lors de la Coupe du Monde contre l’Ukraine, il y a deux ans. «Ce fut le point de départ du projet», explique Peter Wolf. Le simulateur fait aussi partie d’un projet à plus grande échelle utilisant les compétences du laboratoire du système sensori-moteur de l’Institut, dans un contexte sportif.

Mais, selon Peter Wolf, la commercialisation est encore un projet d’avenir. «Pour commencer, nous allons contacter des professionnels du football afin de savoir s’il y a une réelle demande pour notre simulateur. Ensuite nous devrons l’adapter pour un usage commercial», conclut-il.

swissinfo, Matthew Allen à Zurich

Le tireur de penalties virtuel a été élaboré dans le laboratoire du système sensori-moteur de l’Ecole Polytechnique Fédérale (EPFZ) de Zurich. L’équipe est dirigée par le Professeur Robert Riener.

Le laboratoire a déjà crée un simulateur de rameur et projette aussi des appareils d’entraînements à l’usage d’autres sports.

Le simulateur de penalties nécessite 6 projecteurs afin de créer un stade virtuel rempli de supporters entourant un tireur de penalties, le milieu de terrain du FC Bâle, Benjamin Huggel. Les bruits de la foule sont générés par 112 haut-parleurs.

Le gardien du but porte des lunettes spéciales afin de voir le décor virtuel. Des capteurs, fixés sur ses gants et sur sa casquette, transmettent les mouvements des bras et du corps à 10 caméras infrarouges.

D’autres capteurs et électrodes mesurent les pulsations, la respiration et le niveau de conductivité de la peau du gardien.

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