Des perspectives suisses en 10 langues

Une étude pour mieux comprendre le sida

Chaque nouveau patient infecté recevra un questionnaire du médecin. Keystone

Face à la recrudescence des cas d'infection au VIH, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) lance une étude pour connaître les circonstances des infections.

En faisant remplir un questionnaire aux personnes nouvellement infectées par le VIH, les spécialistes espèrent ainsi pouvoir améliorer la prévention.

Malgré l’existence de thérapies efficaces, le nombre de nouvelles infections du sida reste stable ou augmente même légèrement. L’Office fédéral de la santé (OFSP) a donc décidé d’entreprendre une étude sur un an auprès des nouveaux cas d’infection au VIH.

«Cette étude nous aidera à localiser et à comprendre les circonstances des nouvelles infections», déclare Pietro Vernazza, responsable du projet.

Ce dernier est spécialiste à l’Hôpital cantonal de Saint-Gall, mandaté par l’OFSP. Il est convaincu que les informations récoltées par cette étude prospective permettront de comprendre l’évolution de l’épidémie en Suisse et d’améliorer la prévention.

«Actuellement, nous avons 741 nouveaux tests positifs par année, mais nous ne savons pas si 10% ou 50% se sont déclarés cette année, explique-t-il à swissinfo. Cette étude nous permettra de répondre notamment à cette question.»

Trois phases

La Confédération va consacrer 300’000 francs à cette étude menée du 1er juillet 2005 au 30 juin 2006. L’OFSP a précisé lundi qu’il faudra ensuite compter de trois à six mois pour le dépouillement des informations recueillies.

L’étude, menée sur une base volontaire et anonyme, se compose de trois phases. Le patient devra d’abord répondre à une dizaine de questions posées par son médecin. Il s’agit d’une procédure mise en place par l’OFSP depuis près de 20 ans déjà.

«Nous demanderons aux patients s’ils ont une idée de la manière et du moment auquel ils ont été infectés, ajoute le Dr Vernazza. Nous leur demanderons aussi si elles ont été infectées pendant la campagne de prévention ou non.»

Celles-ci portent non seulement sur les circonstances et le moment de l’infection au VIH, mais aussi sur ses comportements généraux ainsi que son attitude concernant la santé et la prévention.

Le responsable du projet est convaincu qu’une personne qui a grandi et a été infectée dans un pays ou le sida est endémique ne peut être touchée par la campagne de prévention en Suisse. «Ces cas-là ne remettent donc pas notre campagne en cause.»

Ensuite, tous les patients recevront un questionnaire plus long, portant sur leurs connaissances en matière de prévention, de protection et de comportements à risques.

Finalement, les patients ayant été infectés durant les six derniers mois seront invités à un entretien personnel pour faire la lumière sur les conditions dans lesquelles ils ont été infectés. Pietro Vernazza estime que jusqu’à 30 patients pourraient accepter de se soumettre à cet entretien.

Des hauts et des bas

Malgré l’efficacité de l’utilisation à large échelle de traitements antirétroviraux combinés utilisés depuis 1996, et une campagne de prévention qui a vu l’augmentation de l’usage du préservatif de 8 à 60% depuis 1987, le nombre de nouveaux cas a augmenté.

Selon les statistiques fédérales, le nombre de nouveaux cas d’infection a atteint 2144 personnes en 1991, avant de diminuer graduellement à 581 en 2000. Mais entre 2000 et 2002, une augmentation importante et inattendue a été enregistrée, avec 792 cas, avant de rediminuer à 741 en 2003.

Et de plus en plus d’hétérosexuels sont concernés. L’OFSP y voit de nombreuses explications: indifférence, ras-le-bol de la prévention ou absence de crainte de mourir en raison des thérapies possibles.

«En fait, je pense que le nombre de nouveaux cas diminue et que nous avons davantage de tests positifs chez des personnes venues de l’étranger et déjà porteuse du virus», dit encore Pietro Vernazza.

Lequel se dit convaincu que les campagnes Stop sida fonctionnent, mais souhaite en faire désormais la preuve.

swissinfo et les agences

Depuis 1983, 8023 cas de sida ont été signalés en Suisse, parmi lesquels 5531 personnes sont décédées.
Depuis 1985, la Suisse a enregristré 27’904 test positifs de VIH.
En 2004, 300 nouveaux cas de sida et 741 dépistages positifs ont été recensés.
Dns le monde, 20 millions de personnes sont mortes du sida depuis 1981.

– L’étude se fera sur la base de tous les tests HIV positifs effectués du 1er juillet 2005 au 30 juin 2006, par les 11 laboratoires habilités.

– La participation des personnes concernées est volontaire.

– L’Hôpital cantonal de St-Gall, l’Aide suisse contre le sida et l’Association des médecins cantonaux y participent aussi.

– Le gouvernement consacre 300’000 francs à cette étude.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision