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Une étude sur la santé mentale fait des vagues

L'étude vise à étudier l'évolution de 3000 enfants dès avant la naissance. Keystone

Un projet de recherche du Fonds national suisse qui vise à récolter des données sur la santé mentale de 3000 enfants dès le fœtus soulève des critiques.

Une organisation privée de Bâle demande la suspension du financement de cette étude et une membre de la Commission nationale d’éthique ne ménage pas ses critiques.

«Tout ce que j’ai pu lire sur ce projet m’a laissée sceptique», a indiqué Carola Meier-Seethaler, membre de la Commission nationale d’éthique pour la médecine humaine (CNE), confirmant une information de la Berner Zeitung parue jeudi.

«Je trouve dangereux de prendre pour cobaye un foetus depuis trois mois jusqu’à l’âge de 20 ans».

Le PRN SESAM (Etude étiologique suisse de la santé mentale) se penche sur les troubles psychiques et la capacité des individus à s’adapter aux conditions sociales. Pour aborder ces phénomènes centraux pour la santé de la population, l’étude prévoit de suivre 3000 enfants ainsi que leurs parents et grands-parents, de la grossesse jusqu’au début de l’âge adulte.

Il s’agit d’une équipe de chercheurs de l’Université de Bâle qui espère obtenir une image aussi nette que possible des interactions entre facteurs psychologiques, sociaux et biologiques. Le budget confédéral prévu est de 10,2 millions de francs jusqu’en 2009. Le projet débute officiellement le 1er octobre prochain.

Patrimoine génétique

Les 3000 enfants ne peuvent pas donner leur accord sur leur statut de cobaye jusqu’à l’adolescence. Pour cette raison, une association privée, l’«Appel de Bâle contre le génie génétique», critique également cette étude lancée sur demande de la Confédération.

L’article 119 de la Constitution stipule que «le patrimoine génétique d’une personne ne peut être analysé, enregistré et communiqué qu’avec le consentement de celle-ci ou en vertu d’une loi». Aucune de ces conditions n’est remplie pour ces enfants, dénonce Pascale Steck, directrice de l’«Appel de Bâle».

Chèque en blanc

Mme Meier-Seethaler reproche aussi au Fond national suisse de la recherche (FNS) de ne pas avoir consulté de commission d’éthique avant l’octroi des 10,2 millions de francs.

Mais Philippe Trinchan, chef de la communication du FNS rétorque: «Il s’agit d’un gros malentendu. En aucun cas les chercheurs ne reçoivent de chèque en blanc du FNS».

Le projet a été approuvé après une analyse préalable. Maintenant les différents volets du projet vont être élaborés par l’Université de Bâle. «Chacun sera ensuite présenté devant la commission d’éthique cantonale responsable», explique M. Trinchan. C’est seulement après que le FNS débloquera les fonds définitivement.

Mme Meier-Seethaler critique cette procédure. La CNE est mise devant le fait accompli, explique-t-elle. Il s’agit d’un programme d’importance nationale et dans ce cas, selon Mme Meier-Seethaler, la CNE doit être consultée bien avant pour une «question démocratique».

swissinfo et les agences

– Le Fonds national suisse de la recherche (FNS) a octroyé un budget de 10,2 millions de francs à un projet sur l’évolution de la santé mentale.

– Ce projet de l’Université de Bâle va étudier les troubles psychiques et la capacité des individus à s’adapter aux conditions sociales en suivant 3000 enfants et leurs géniteurs, de la grossesse jusqu’au début de l’âge adulte.

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