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Beaucoup d’obstination et un peu de chance mènent au Prix Nobel

Rolf Zinkernagel dans son laboratoire zurichois. Keystone

La distribution des Prix Nobel 2001 commence lundi. D'un jour à l'autre, les lauréats accèdent à la gloire internationale, qui va bien au-delà du champ de leurs disciplines. Ce sentiment, le professeur Rolf Zinkernagel, de l'Université de Zurich, le connaît bien, lui qui fut en 1996 co-lauréat du Nobel de médecine.

«Pour le grand public, cela fait soudain de vous une personne différente», explique Rolf Zinkernagel. Le Prix Nobel vous ouvre de nouvelles possibilités de parler de la science, à un plus large public. Vous devenez un personnage public et les gens sont plus enclins à vous écouter. Pour ma part, ça m’a par exemple donnée l’occasion d’écrire dans le Blick».

Attaché depuis 22 ans à l’Institut d’immunologie expérimentale de l’Université de Zurich, Rolf Zinkernagel a été récompensé pour les travaux menés entre 1973 et 1975 avec son collègue australien Peter Doherty. Les deux hommes ont découvert comment le système immunitaire est capable de reconnaître les cellules infectées par des virus.

Résultat inattendu

Depuis 25 ans, leurs découvertes ont permis à de nombreuses équipes scientifiques de révolutionner complètement notre compréhension du fonctionnement du système immunitaire.

Pourtant, c’est presque par accident que les deux chercheurs ont abouti à leur découverte fondamentale. «Doherty et moi avions prévu cette expérience pour des raisons complètement différentes, se souvient Rolf Zinkernagel. Nous avions une idée particulière que nous voulions tester».

«En effectuant les tests, nous nous sommes retrouvés avec deux ensembles de données qui ne collaient pas du tout ensemble et contredisaient les idées établies sur l’interaction entre cellules immunisées et cellules infectées, poursuit le professeur zurichois. Cela était tellement inattendu que nous avons rapidement compris que nous venions de tomber par hasard sur quelque chose de fondamental».

Ce qui fait dire à Rolf Zinkernagel que la chance et la persévérance entrent dans l’équation qui fait d’un chercheur un lauréat du Prix Nobel.

«Pour y arriver, vous devez connaître votre domaine tellement bien que si quelque chose d’inattendu se passe, vous ne serez pas tenté de le glisser sous le tapis en pensant que c’est une erreur ou le résultat d’une expérience inappropriée», explique encore le professeur zurichois.

«En général, je pense que nous ne sommes pas assez intelligents pour poser les questions réellement importantes et bien souvent, c’est un résultat obtenu par hasard qui nous permet de pousser la balle quelques mètres en avant», estime le Prix Nobel.

Des vaccins plus efficaces

25 ans après les découvertes de Zinkernagel et Doherty, des savants du monde entier continuent à exploiter leurs résultats dans la recherche de vaccins plus efficaces.

«Nous essayons de comprendre exactement comment fonctionnent les lymphocytes-T et comment elles développent leurs réponses immunitaires. Lorsque nous aurons compris cela, il deviendra peut-être possible de lutter plus efficacement contre certaines tumeurs et d’augmenter l’efficacité de nos vaccins. Car pour l’instant, nous sommes encore relativement incapables de comprendre ces règles très simples», conclut Rolf Zinkernagel.

Vincent Lindon

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