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Chômage: un rapport qui fait l’effet d’une bombe politique

A Genève, la durée moyenne du chômage de longue durée est de 192 jours, contre 128 pour la moyenne suisse. Keystone Archive

Une étude explique pourquoi Genève a le plus haut taux de chômage de Suisse. Elle révèle les lacunes de la politique genevoise en la matière.

A Genève, le taux de chômage incompressible est pratiquement deux fois plus élevé que dans les autres cantons. Même si le marché de l’emploi s’est stabilisé en Suisse au mois de février avec un taux de 2,6%, les cantons latins sont toujours les plus touchés. Et Genève reste la lanterne rouge avec 5,1% en février.

Aujourd’hui, un rapport explique pourquoi. Première constatation: le chômage de longue durée est plus important à Genève que dans les autres cantons. La durée moyenne genevoise est de 192 jours contre 128 jours pour la moyenne suisse.

Les emplois temporaires en cause

Si le chômage est aussi élevé à Genève, ce serait notamment à cause du système des emplois temporaires de l’Etat. C’est l’une des conclusions de l’étude menée par Yves Flückiger, professeur à l’université de Genève, et l’Observatoire universitaire de l’emploi.

Rappelons que depuis 1983, l’Etat de Genève octroie aux chômeurs arrivant en fin de droit un emploi temporaire d’une année pour leur permettre de continuer à toucher à nouveau les indemnités de l’assurance chômage.

Théoriquement, cette aide devrait leur éviter de sombrer dans la pauvreté. Elle doit aussi faciliter leur réinsertion. Mais dans la pratique, ces aides seraient des machines à fabriquer des chômeurs de longue durée.

Malgré lui, l’Etat aurait encouragé les chômeurs à rester dans leur statut. Le rapport Flückiger est clair: «Les emplois temporaires cantonaux ne permettent pas de réinsérer plus rapidement les personnes dans un emploi sur le marché du travail, mais à prolonger la durée de leur chômage.»

Le chômage, un droit

Si cet élément est le plus percutant, d’autres facteurs expliquent le cas genevois. Pour les enquêteurs, il existe des différences permanentes entre la Suisse et Genève. Des différences «que le temps n’efface pas et que les changements institutionnels ne bouleversent manifestement pas.»

Parmi les points analysés: le comportement d’inscription au chômage. Les Genevois considèrent que c’est un droit. Ils ont donc moins honte de s’inscrire que dans la plupart des autres cantons. Une différence de 30% de plus, par rapport au reste de la Suisse, rend ainsi le chômage beaucoup plus visible à Genève.

Une bombe politique…

Le rapport était sur le bureau du conseiller d’Etat Carlo Lamprecht, en charge de l’économie et de l’emploi, depuis des mois. A la suite des résultats des dernières élections, le rapport devait rester sous le boisseau pour ne pas faire de vague.

C’est aujourd’hui seulement que les autorités genevoises le rendent public. Mais avant même qu’il ne soit présenté à la presse, une fuite, bien orchestrée, a permis à la Radio Suisse Romande entre autres d’annoncer lundi matin la teneur du rapport.

A n’en point douter, le rapport Flückiger va venir alimenter le débat politique genevois.

tsr.ch

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