Contre le démantèlement de l’AVS
Les syndicats appellent la population à manifester samedi à Berne contre les projets de coupes budgétaires et de hausse de l’âge de la retraite.
Leur slogan: «Touche pas à mon AVS, touche pas à mes rentes!»
La semaine dernière, une journée d’action a déjà été organisée pour défendre l’assurance vieillesse (AVS), avec la présence de l’ex-ministre de l’Intérieur Ruth Dreifuss.
Ce samedi, les syndicats invitent les Suisses à se mobiliser une fois encore pour dénoncer ce qu’ils appellent un «coup d’Etat dans le domaine social».
Coupes contestées
«Nous nous battons contre la suppression de l’indice mixte, un instrument méconnu, mais très important. Il permet d’adapter les rentes AVS au renchérissement et, en partie aussi, à l’évolution des salaires», explique Rolf Zimmermann de l’Union syndicale suisse (USS).
«Si l’indice disparaissait, poursuit-il, Berne épargnerait environ 70 millions de francs par année. Mais les retraités actuels et futurs en paieraient le prix. Les rentes AVS diminueraient en effet de 450 millions de francs par an.»
Les syndicats considèrent que les rentes actuelles sont déjà trop basses. Le maximum est de 2110 francs par mois et, en 2002, 82% des retraités ont perçu un montant inférieur. «Avec une telle rente, on ne peut ni vivre ni mourir», lancent les syndicalistes.
Les chambres se pencheront sur l’indice mixte durant la session de décembre – la première du nouveau Parlement qui doit être renouvelé lors des élections d’octobre. Le Conseil des Etats, lui, devrait en débattre ces prochaines semaines déjà.
Du côté de l’Union patronale suisse (UPS), pas de prise de position claire sur ce sujet: «Cette question sera discutée prochainement», répond laconiquement Hans Reis, porte-parole des employeurs.
La retraite à 67 ans
Samedi, les syndicats protesteront encore contre la proposition de Pascal Couchepin. Pour faire face au vieillissement de la population et aux difficultés financières des caisses de pension, le ministre de l’Intérieur veut augmenter l’âge de la retraite à 67 ans.
«La retraite à 67 ans? Aujourd’hui, les personnes âgées sont déjà exclues du marché du travail. Ce projet aurait pour seul effet de pousser plus de gens vers l’assurance invalidité (AI)», commente Rolf Zimmermann.
«Les propositions de Pascal Couchepin vont dans la bonne direction, estime pour sa part Hans Reis. Il faudrait plus de flexibilité: ceux qui souhaitent continuer à travailler devraient pouvoir le faire.»
Reprise économique
Selon l’article 112 de la Constitution fédérale, «les rentes doivent couvrir les besoins vitaux de façon adéquate». Or, si le nombre de bénéficiaires tend à augmenter, les coûts feront pareil. Dès lors, comment garantir le financement à long terme des retraites?
«Les scénarios désastreux dépeints par Pascal Couchepin sont des spéculations à moyen ou long terme. Mais il suffit que la conjoncture économique s’améliore et la situation se rééquilibrera», relève Rolf Zimmermann.
En cas de reprise économique, des emplois seraient créés, les salaires augmenteraient et ainsi les caisses des assurances sociales se rempliraient à nouveau.
La vision de l’UPS est bien différente. «Il y a trois possibilités pour préserver l’AVS: élever l’âge de la retraite, augmenter la contribution des employés ou diminuer les dépenses, précise Hans Reis. Pour nous, la solution la moins opportune serait d’augmenter les prélèvements sur les salaires.»
Cela dit, des alternatives existent. On pourrait favoriser la natalité, encourager l’immigration ou inciter plus de femmes à travailler. Des solutions dont on ne parle sans doute pas assez.
swissinfo, Alexander P. Kuenzle et Marzio Pescia
(Traduction: Alexandra Richard)
– Pour les syndicats, la conjoncture devrait bientôt s’améliorer. Ils jugent inutiles les coupes prévues pour préserver l’AVS.
– De leur côté, les partis bourgeois et les patrons considèrent que le système doit s’adapter à la démographie: en 2000, le rapport entre retraités et actifs était de 1/4. En 2005, il devrait être de 1/2,6.
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