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Egalité: Suisse et Afrique du Sud, même combat

Cette rencontre marquait la Journée nationale des femmes d’Afrique du Sud. south african embassy bern

Plus de 80 femmes sud-africaines et suisses se sont rencontrées à Berne pour échanger leurs expériences de l’égalité dans leurs pays respectifs.

Malgré les différences, elles ont pu constater que les problèmes se posaient de manière étrangement similaires ici et là-bas.

Cette conférence de deux jours – qui s’est terminée vendredi – marquait la Journée nationale des femmes d’Afrique du Sud. Histoire d’honorer le souvenir des manifestations de 1956, qui virent des milliers de femmes descendre dans les rues de Pretoria pour protester contre l’apartheid.

Organisée par l’ambassade d’Afrique du Sud et par diverses associations suisses, elle s’inscrivait également dans le cadre des célébrations en Suisse des dix ans de la jeune démocratie sud-africaine.

Les déléguées à la conférence, venues principalement des milieux politiques, économiques et des services sociaux et de santé, étaient là pour discuter de la lutte contre les inégalités et des moyens de promouvoir le rôle des femmes dans la société.

«Les problèmes sont les mêmes, mais la manière dont on les empoigne, ainsi que le contexte sont évidemment différents», explique à swissinfo Nozipho January-Bardill, ambassadeur d’Afrique du Sud à Berne.

«Pour nous, il est donc très intéressant d’échanger nos expériences avec des femmes suisses», ajoute Madame l’ambassadeur.

De grandes avancées



Depuis l’avènement de la démocratie, la cause de l’égalité a fait de grands progrès en Afrique du Sud.

La conférence a notamment permis de souligner l’arrivée d’une législation contre la violence domestique et la nouvelle loi qui donne des droits égaux aux femmes mariées selon la tradition africaine.

Mais Nozipho January-Bardill ne cache pas que les femmes de son pays ne sont pas «libérées» comme peuvent l’être les Suissesses. Ne serait-ce qu’en raison de leur accès encore limité à l’éducation et à la sécurité sociale.

En Afrique du Sud, la pauvreté reste un problème majeur, surtout dans les campagnes. Et les femmes – particulièrement les noires – payent un tribut très lourd à l’infection par le virus HIV.

Le gouvernement a donc fait de l’amélioration de la condition féminine une des ses priorités.

«Tant que les femmes ne seront pas libérées, nous n’aurons pas réalisé complètement la libération de la société», rappelle Nozipho January-Bardill. Un constat largement partagé par les participantes à la conférence.

Des inégalités ici aussi

En Suisse, où le principe de l’égalité entre hommes et femmes est inscrit dans la Constitution depuis 1981, les inégalités n’ont pas disparu pour autant

Ainsi, les femmes gagnent toujours en moyenne 20% de moins que les hommes pour un travail similaire et restent sous-représentées dans le monde politique et à la tête des entreprises.

Les femmes, qui n’ont le droit de vote au niveau fédéral que depuis 33 ans, attendent toujours une vraie assurance-maternité. Et l’issue de la troisième votation sur le sujet – agendée au 26 septembre – reste incertaine.

«Les femmes restent désavantagées dans de nombreux domaines. Et ici comme en Afrique du Sud, les beaux principes inscrit dans les textes tardent à se concrétiser dans les faits», fait remarquer Pia Hollenstein à swissinfo.

«Nous avons ceci en commun que le modèle dominant reste celui du patriarcat», ajoute la députée écologiste au parlement helvétique.

Apprendre les unes des autres

Pour les déléguées sud-africaines, il était particulièrement intéressant de voir comment fonctionne cette démocratie suisse, où le peuple a si souvent son mot à dire.

«Les Suisses vivent dans une démocratie vieille de plus de sept siècles, alors que la nôtre n’a que dix ans. Nous avons des choses à apprendre, sur la politique, sur la liberté, mais aussi sur le pluriliguisme» explique Nozipho January-Bardill.

Madame l’ambassadeur, qui vit en Suisse depuis quatre ans, dit avoir déjà appris beaucoup de choses sur les aspects positifs de ce pays.

Mais Nozipho January-Bardill estime qu’il est également important de délivrer un message à la jeunesse. Et dans ce contexte, elle se sent «très enthousiaste» par rapport à ce qui est en train de se mettre en place en Afrique du Sud.

swissinfo, Isobel Leybold-Johnson
(traduction et adaptation, Marc-André Miserez)

Afrique du Sud:
45 millions d’habitants
Revenu annuel moyen par tête: 3200 francs
Espérance de vie: 45 ans pour les hommes, 51 ans pour les femmes

Suisse:
7 millions d’habitants
Revenu annuel moyen par tête: 46’000 francs
Espérance de vie: 76 ans pour les hommes, 82 ans pour les femmes

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