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Le Conseil de sécurité de l’ONU au chevet du climat

Le réchauffement climatique et ses effets génèrent un risque accru de conflit, notamment pour les ressources en eau. Keystone

Le débat du Conseil de sécurité de l'ONU sur le changement climatique s'est tenu à l'initiative de la Grande-Bretagne. Londres voit dans le réchauffement un risque pour la sécurité de la planète.

Pour l’ambassadeur de Suisse auprès de l’ONU Peter Maurer, il est important d’avoir une vision à long terme en matière d’environnement et d’aller au-delà de la question du climat.

Le changement climatique a fait une irruption controversée mardi au Conseil de sécurité de l’ONU. Pour la première fois, il a été présenté comme une menace potentielle pour la paix et la sécurité internationales lors d’un débat qui avait pour thème ‘Energie, sécurité et climat’.

«Il est justifié que le Conseil de sécurité de l’ONU s’occupe de cette problématique, a pour sa part expliqué Peter Maurer à swissinfo à New York. La communauté mondiale doit améliorer ses réponses face aux défis posés par les changements climatiques».

Pour l’ambassadeur de la Suisse auprès de l’ONU, il est capital de mieux comprendre les interactions entre les bouleversements climatiques, l’utilisation des ressources naturelles et le déclenchement de conflits. Il estime quant à lui qu’il ne s’agit pas d’une immixtion du Conseil de sécurité dans les affaires de l’Assemblée générale, comme l’ont soutenu certains Etats.

Pas le lieu adéquat

Les poids lourds du Conseil de sécurité notamment – soit les Etats-Unis, la Russie et la Chine – n’ont en effet pas caché leur désapprobation, estimant que le Conseil n’est pas le forum adéquat pour discuter du réchauffement de la planète.

La responsabilité du Conseil de sécurité, selon la Charte de l’ONU, est le maintien de la paix et de la sécurité internationales, ont-ils argumenté. Ils soulignent par conséquent qu’il sort de son rôle lorsqu’il traite de sujets non directement liés à la paix, comme les droits de l’Homme ou, en l’occurrence, l’environnement.

En séance, cette position a été défendue également par l’Afrique du sud et le Pakistan. Parlant au nom du Groupe des 77 (qui représente quelque 132 pays en développement), le représentant pakistanais Farukh Amil a ainsi dénoncé «l’empiètement croissant du Conseil de sécurité sur les responsabilités des autres organes de l’ONU».

Une cause de conflits

La ministre britannique des affaires étrangères Margaret Beckett a toutefois rejeté avec force les critiques à l’encontre de ce débat dont l’initiative revient à la Grande-Bretagne, présidente du Conseil de sécurité en avril.

Elle a souligné que la responsabilité du Conseil incluait «la prévention des conflits». Or, a-t-elle dit, «un climat instable exacerbera certaines des causes centrales des conflits, comme les pressions migratoires et la compétition pour les ressources naturelles.»

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a lui aussi souligné cet aspect. Il a affirmé que la communauté internationale ne peut «rester assise à attendre» que les divers scénarios-catastrophes «deviennent réalité». «L’ensemble de la machinerie multilatérale doit s’unir pour l’empêcher», a-t-il dit.

Propositions suisses

Un point de vue qu’approuve l’ambassadeur suisse auprès de l’ONU. Peter Maurer espère donc que ce débat constituera une première impulsion afin d’instaurer davantage de cohérence et d’efficacité dans la politique environnementale internationale.

Le Conseil de sécurité ferait bien, selon lui, de tenir compte d’une gestion durable lorsqu’il prend des décisions. Dans cette perspective, Peter Maurer a formulé deux propositions, qu’il a dévoilées à swissinfo.

Dans un premier temps, il a appelé le secrétariat du Conseil de sécurité à mettre en place une structure spécifique pour s’occuper de questions environnementales. Le Conseil devrait aussi consulter régulièrement des experts du Programme de l’ONU pour l’environnement (PNUE) afin de mieux utiliser le potentiel à disposition.

Peter Maurer a également attiré l’attention sur la protection de la population en cas de catastrophes afin de prévenir les conflits. Il a invité les Etats à participer à une première série de discussions organisée par la plateforme consacrée à la réduction des risques de catastrophes (Disaster Risk Reduction) qui se tiendra du 5 au 7 juin à Genève.

swissinfo et les agences

Dans un document de préparation pour le Conseil de sécurité de l’ONU, la Grande-Bretagne a mis en garde contre les risques de conflit découlant du réchauffement climatique.

La diminution des ressources en eaux, la pollution et le recul des surfaces habitables et cultivables pourraient avoir une influence négative sur les facteurs de déclenchement des conflits.

Le changement climatique accentuera également la course aux ressources énergétiques.

Les ambassadeurs suisse et mexicain à l’ONU ont été mandatés par l’Assemblée générale pour formuler des propositions afin de rendre les règles de protection de l’environnement plus efficaces au sein du système onusien.

Le but est de structurer plus efficacement la politique environnementale des Nations unies, qui est actuellement fragmentée, et de la lier à la thématique du développement.

Un rapport sur cette question sera présenté en mai.

Quelques Etats souhaiteraient transformer le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) en une organisation environnementale autonome.

A l’heure actuelle, 40 à 50 agences de l’ONU s’occupent de programmes liées à la protection de l’environnement.

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