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Les multinationales se donnent un visage humain

Le travail des enfants fait partie des pratiques combattues par le Global Compact. Keystone

Réunis à New York, les représentants de quelque 900 multinationales se sont engagés à appliquer les droits de l'homme, du travail et de l’environnement dans leur gestion d’entreprise. Les ONG sont sceptiques.

Lancés en 1999 par l’ONU, ces principes ont toujours été activement soutenus par la Suisse.

L’idée vient de Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU: lancer un pacte mondial – «Global Compact» – qui définirait des valeurs et principes destinés à donner un visage humain au marché global.

Et de fait, le «Global Compact» est devenu réalité en juillet 2000. Depuis,
1698 entreprises nationales et multinationales ont entérinés neuf pratiques de la bonne gouvernance (en matière de droits de l’homme, de normes de travail et de protection de l’environnement).

Parmi les signataires, 14 sociétés suisses, dont Novartis, UBS, Credit Suisse, Nestlé et ABB.

Jeudi à New York, il s’agissait pour quelque 400 capitaines de l’économie mondiale de dresser un premier bilan. Mais aussi de dynamiser et de crédibiliser cette initiative – non contraignante.

Un succès selon la Suisse

A l’issue du mini-sommet, la Suisse s’est dite satisfaite, parlant de «succès». Aux neuf principes de base, les participants en ont ajouté un dixième: la lutte contre la corruption, jusque là taboue.

Et quelque 900 des 1700 membres du Global Compact se sont engagés à tenter de mettre en application ces principes, se réjouit le vice-directeur de la Direction du développement et de la coopération (DDC).

Pour Serge Chappatte, il est en effet urgent que le secteur privé prenne lui aussi ses responsabilités, si l’on veut pouvoir atteindre les objectifs du «Millénaire» de l’ONU.

Il est particulièrement important que l’économie reconnaisse la nécessité d’avoir une bonne politique sociale et environnementale dans les pays du Sud, renchérit Anton Stadler, collaborateur suisse au siège du Pacte mondial à New York.

Dans un rapport conjoint présenté jeudi, l’ONU et le Département suisse des affaires étrangères (DFAE) ont émis des recommandations à l’intention des entreprises.

Selon ses auteurs, il est «prouvé» qu’une société dirigée de manière transparente et sans «exploiter personne» a de meilleures perspectives de croissance.

De tout son poids

Sur le plan étatique, la Suisse appuie de tout son poids le «Global Compact (CG)». Elle en est l’un des principaux contributeur, avec une enveloppe de 300’000 francs (1,2 millions depuis le départ) sur un budget total de 1,5 millions.

Fondé sur l’adhésion volontaire, non-contraignant et exempt de contrôle externe, le pacte mondial est un complément bienvenu à d’autres initiatives similaires (les principes de l’OCDE notamment), estime la Suisse.

«Il permet de créer des exemples, des leaders: c’est excellent pour une société, de se faire valoir dans les domaines des droits de l’homme et du développement», relève Ralf Friedländer (DDC) dans les colonnes de l’Hebdo.

Dans le même hebdomadaire, Matthias Herfeldt, de la Déclaration de Berne, apporte un point de vue opposé. «Une bonne intention peut se révéler néfaste. Aucune sanction n’est prévue. Et ne me parlez pas de valeur d’exemple: certes, près de 1500 entreprises ont signé le GC… mais il existe 80’000 multinationales dans le monde!».

Et de fait, la contestation à l’égard du GC porte surtout sur son caractère «à bien plaire». Beaucoup réclament des principes de contrainte et de contrôle pour le rendre réellement efficace.

Des idées dans l’air

Convention internationale pour régir le comportement des grandes entreprises (environnement et droit de l’homme), mécanisme international de normes contraignantes: ces idées sont dans l’air à l’échelle internationale comme en Suisse.

Ceci dit, les milieux économiques – mais pas seulement – se montrent rétifs à la contrainte juridique et à une éventuelle justice pour les multinationales.

«A qui devrait incomber le rôle de procureur, de juge et de tribunal? Et comment ces instances pourraient-elles agir de manière impartiale?», demande dans la HandelsZeitung le patron de Novartis, membre précoce du GC.

swissinfo

Le Global Compact repose sur dix principes clés.

Les neuf premiers ont trait au respect des droits de l’homme, aux normes du travail et à la protection de l’environnement.

Le dixième a été introduit jeudi et touche à la lutte contre la corruption.

– Le pacte mondial a été lancé au Forum économique de Davos 1999 par le Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan.

– Il vise à favoriser les «good corporate practices». Soit un minimum de règles éthiques que peuvent respecter les grandes entreprises en vue d’une globalisation plus harmonieuse.

– Il se base sur les droits de l’homme, la Convention de l’Organisation mondiale du travail et les principes de Rio.

– Il repose sur un mécanisme volontaire: la participation des entreprises n’est pas obligatoire. Les firmes adhérentes (1698, dont 14 suisses) doivent respecter les principes clés. Mais aucune sanction ni contrôle ne sont prévus.

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