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Les vents solaires vont souffler sur Zurich

Le satellite Genesis collecte patiemment les précieuses particules émises par le soleil. (image NASA) RTS

Dans deux ans, le satellite américain Genesis rentrera sur Terre, porteur de quelques microgrammes de poussière solaire.

Cette précieuse moisson – qui va permettre de mieux comprendre les origines du système solaire – sera analysée à l’EPFZ notamment.

Rencontré à Davos, où il assiste à la conférence internationale Goldschmidt, Rainer Wieler, est dans le coup.

«Nous analyserons certains de ces échantillons au moyen de techniques exclusives, mises au point dans nos laboratoires», confie le cosmo-chimiste de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).

Les Zurichois se concentreront sur la recherche des gaz dits nobles (ils sont ainsi nommés en raison de leur grande stabilité chimique). Des gaz comme l’hélium, le néon, l’argon, le krypton, le xénon et le radon.

«Ces gaz ne sont qu’une pièce du puzzle, dit Rainer Wieler. Mais le fait qu’ils ne se lient pas facilement à d’autres éléments pour former des composés les rend particulièrement intéressants pour comprendre le processus.»

L’origine des mondes

Et le processus en question n’est rien moins que celui de la formation du système solaire.

En fait, à l’EPFZ et dans les autres laboratoires du monde qui vont travailler sur la moisson de Genesis, on va tenter de savoir ce qui s’est passé il y a 4,6 milliards d’années.

C’est-à-dire lorsque le soleil et les planètes n’étaient encore qu’un immense nuage de gaz, de poussière et de glace.

Grâce à la force de gravité, 99% de cette masse s’est alors condensée pour former le soleil.

Tandis que le solde s’est agglutiné en planètes, satellites, comètes et autres astéroïdes.

Mais les scientifiques ne sont pas encore au clair sur le mode de formation des planètes.

Pourquoi, par exemple, Vénus a-t-elle une atmosphère dense et toxique, alors que la Terre réunit les conditions idéales à l’éclosion de la vie?

Le vent du Soleil

Une partie des réponses se trouve certainement, non pas au cœur mais à la surface du soleil.

Les couches extérieures de l’astre du jour sont en effet faites d’une matière proche de ce que devait être le nuage originel.

Et c’est en y mesurant l’abondance relative de différents éléments – oxygène, azote, gaz nobles – et de leurs isotopes que l’on espère pouvoir comprendre la diversité du système solaire tel qu’il se présente aujourd’hui.

Evidemment, avec ses températures de l’ordre de 5 500 degrés, la surface du soleil se prête mal à l’atterrissage d’une sonde automatique.

Par contre, nous savons que notre étoile éjecte régulièrement une partie de cette matière dans le vide. C’est ce que l’on nomme le vent solaire.

Quelques grains de matière

D’où l’idée de Genesis, une des plus ambitieuses missions de l’histoire de la NASA.

Lancé le 8 août 2001, le satellite est allé se placer à 1,6 millions de kilomètres de la Terre, à l’endroit où sa force de gravitation et celle du soleil s’équilibrent.

De là, Genesis doit passer deux ans à décrire de grands cercles, avec ses capteurs tournés vers le soleil.

De la taille d’un pneu de vélo, ces instruments (faits de diamant, d’or, de silicone et de saphir) doivent collecter quelques grains de cette matière originelle.

En avril 2004, le satellite rapportera sur Terre l’équivalent de quelques grains de sable. Des particules tellement fines qu’elles ne sont pas visibles à l’œil nu.

Leur analyse devrait permettre de comprendre de quoi et fait notre soleil, et si les planètes sont faites de la même matière.

swissinfo/Vincent Landon

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