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«On a déjà des raisons d’être déçu des résultats»

Il y a dix ans, c'est à Rio que Philippe Roch, venu du WWF-Suisse, faisait ses premières armes dans l'administration fédérale.

Directeur de l’Office fédéral de l’environnement, il est bien sûr membre de la délégation suisse à Johannesburg. Interview.

swissinfo: Philippe Roch, la formule «développement durable» n’est pas toujours bien comprise du grand public, a-t-elle un avenir?

Philippe Roch: C’est un langage un peu abscons, mais la première fois qu’on a utilisé le mot «environnement», cela paraissait également bizarre.

Aujourd’hui, l’idée de développement durable fait son chemin et s’oppose à celle de croissance. Pour l’expliquer, je me réfère beaucoup à la biologie.

Un organisme qui est en croissance devient de plus en plus grand alors qu’un organisme qui se développe devient de plus en plus complexe.

Nos sociétés industrialisées, côté croissance, ont peut-être déjà dépassé le maximum tolérable car elles puisent énormément dans les ressources.

Il leur faut davantage penser au développement durable, c’est-à-dire au progrès de l’économie des services rendus plutôt qu’à leur augmentation quantitative.

Là n’y a-t-il pas dichotomie entre les positions internationales dites «progressistes» de la Suisse et ses pratiques nationales jugées «insuffisantes»?

Ph.R.: Il n’y a pas de rupture. Il y a un discours général en faveur du développement durable et les difficultés arrivent dès qu’il faut le mettre en pratique.

Ces difficultés sont présentes au plan international: il suffit de voir la peine qu’on a dans la mise en œuvre du protocole de Kyoto et ce n’est pas fini.

Sur le plan national, les difficultés surgissent à partir du moment où les décisions concernent directement les populations ou touchent aux intérêts des milieux économiques.

Reste que lorsque nous affirmons quelque chose sur le plan international, nous veillons à ce que ce soit applicable en Suisse, on ne peut pas nous accuser d’avoir deux langages.

Que peut-on raisonnablement attendre de Johannesburg, ne sera-ce pas un sommet pour rien?

Ph.R.: Il sera bien en deçà de ce qu’espéraient tous les optimistes dont je fais partie. On s’est vite rendu compte qu’il n’y aurait pas de progrès considérables à Johannesburg, à cause du processus engagé et de l’ambiance internationale.

Mais nous voulons utiliser ce levier le mieux possible pour ne pas perdre l’élan qui est déjà là et pour le renforcer. Rien que cela rend le sommet indispensable, même si on a des raisons, à l’avance, d’être déçu du résultat.

swissinfo/Propos recueillis par Bernard Weissbrodt

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