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Protection du loup: la Suisse déboutée par l’Europe

Le loup continuera de relever des «espèces de faune strictement protégées». Keystone

La Suisse, qui demandait de déclasser le niveau de protection de cet animal, a été déboutée à Strasbourg par le Comité permanent de la «Convention de Berne», qui protège la faune et la flore.

Les organisations écologistes – Pro Natura, WWF – saluent cette décision.

La Suisse souhaitait déclasser le niveau de protection du loup de la catégorie des «espèces de faune strictement protégées» à celle des «espèces de faune protégées». Le loup aurait ainsi joui du même statut que le lynx.

Réuni à Strasbourg, le Comité permanent de la «Convention de Berne» relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel n’a pas donné suite à la demande helvétique, a indiqué lundi Brigit Wyss, de Pro Natura, présente à Strasbourg.

Rappelons que cette décision intervient alors qu’en Valais, la polémique fait rage à propos d’un loup abattu la semaine dernière dans la région du Chablais.

La Convention de Berne permet de résoudre les problèmes liés au loup sans qu’il soit besoin de déclasser l’animal, a fait valoir le comité permanent. Elle prévoit comme mesure exceptionnelle d’abattre les animaux protégés, pour prévenir de graves dommages au petit bétail ou dans l’intérêt de la sécurité publique.

«Déplorable» tentative

Pro Natura a salué le veto européen à la «déplorable» tentative helvétique d’affaiblir la protection du loup. «Les loups sont non seulement délibérément éliminés en Valais avec la bénédiction des autorités, mais la Suisse souhaitait même que le loup soit à nouveau pourchassé en Europe», s’insurge l’association.

Et d’exhorter le gouvernement helvétique à faire preuve désormais de davantage «de poigne et d’engagement» en faveur des espèces menacées. Le WWF avait également fait part de son indignation.

Une progression rapide

«Ce n’est pas que nous ne voulions pas du loup en Suisse. Nous voulons simplement avoir la possibilité de gérer cet animal, tout en protégeant la population des loups dans les Alpes. Mais il n’est pas question d’en faire un animal que l’on peut à nouveau chasser», constate de son côté Christoph Jäggi, de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), auprès de swissinfo.

Lequel insiste sur le fait que lorsque la convention a été signée, il y a plus de 25 ans, on ne pouvait pas prévoir que le loup reviendrait si vite en Europe occidentale, où il s’était éteint il y a un siècle.

«Nous voulons être préparés pour le moment où il s’étendra vraiment dans notre pays», explique Christoph Jäggi. «Nous avons des indications très claires selon lesquelles des populations de loups de France et d’Italie se reproduisent très près de la frontière suisse. Et pensons que 200 à 300 loups vivent dans les Alpes. Le fait qu’ils se reproduisent également en Suisse n’est donc qu’une question de temps».

Quoi qu’il en soit, la Confédération va tenir compte de la décision de Strasbourg dans le cadre de l’adaptation du «Concept Loup», indique l’OFEV. Les groupes de travail institués dans les cantons de Vaud, du Valais, du Tessin, des Grisons et de Berne doivent se réunir en janvier ou février prochain pour faire de nouvelles propositions, a précisé Reinhard Schnidrig.

Une convention datant de 1979

La demande suisse de déclassement était intervenue à la suite de l’échec de la motion parlementaire visant à cesser de protéger le loup, déposée par le sénateur grison Theo Maissen (parti démocrate-chrétien, centre droit) en 2003.

La Chambre basse l’avait refusée mais avait demandé au Conseil fédéral (gouvernement) d’aménager le concept «Loup Suisse» dans le sens des éleveurs. Elle avait proposé de tirer parti de la marge de manœuvre laissée par la Convention de Berne, ce qui avait débouché sur le dépôt d’une demande en septembre 2004. Le comité de la Convention avait ajourné sa décision pendant deux ans pour approfondir la question.

swissinfo et les agences

La «Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe», nom complet de la Convention de Berne, a été signée en 1979 à l’Hôtel du gouvernement du canton de Berne. Elle a été ratifiée par 44 pays ainsi que par l’Union européenne.

Elle protège environ 600 espèces végétales, 111 mammifères, 363 oiseaux et nombre d’autres espèces.

Elle permet de réaliser au niveau régional un grand nombre des objectifs fixés au niveau mondial par la Convention de 1992 sur la biodiversité et constitue un instrument clé de la politique internationale en matière de protection des espèces.

La politique suisse concernant le loup repose sur trois piliers:

– soutien aux éleveurs pour protéger le petit bétail,
– indemnisation en cas de dégâts
– autorisations de tir en cas de dégâts importants

C’est dans cet objectif que l’OFEV a élaboré un «Concept Loup», en collaboration avec les cantons et les milieux concernés.

Ce concept a été mis en vigueur le 21 juillet 2004.

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