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Santé: les aînés ne doivent pas être sanctionnés

Les Suisses sont intransigeants sur la qualité du système de santé. Keystone

Selon un sondage, les Suisses ne veulent pas que les aînés paient des primes maladie plus élevées que les autres, contrairement à ce que propose Avenir Suisse.

Face à la hausse constante des primes, ils sont désormais une majorité à soutenir l’idée d’une caisse unique, révèle encore le dernier «Moniteur de la santé 2005».

Avenir Suisse a proposé mercredi que les plus de 60 ans contribuent davantage aux coûts de la santé. Le laboratoire d’idées de l’économie estime que les jeunes assument actuellement à hauteur de 4 milliards de francs par an les coûts générés par les plus âgés.

Pour freiner cette évolution (qui pourrait atteindre 10 milliards en 2030 selon Avenir Suisse), l’organisation suggère notamment d’introduire des primes d’assurance qui augmentent avec l’âge et d’élever la franchise des personnes âgées.

«Cette proposition n’aurait aucune chance de passer la rampe», a déclaré jeudi le politologue Claude Longchamp, directeur de l’institut gfs.bern, lors de la présentation du sondage réalisé en juillet pour le compte d’Interpharma.

Au total, 68% des personnes interrogées rejettent en effet l’idée de primes calculées en fonction de l’âge. Seules 26% l’approuvent.

Oui à la caisse unique

Sur les 1’229 personnes interrogées par l’Institut de recherche bernois, 56% se sont par ailleurs dits convaincus par l’idée de confier à une caisse unique la gestion de l’assurance obligatoire des soins. Un projet sur lequel le peuple devrait se prononcer l’an prochain.

Depuis cinq ans, l’idée n’a cessé de gagner en popularité pour recueillir pour la première fois une majorité. Et le soutien à la caisse unique ne se limite pas à l’électorat de la gauche, pourtant seule à soutenir cette revendication sur le plan politique.

Ce soutien se nourrit plutôt de la défiance et de la colère croissante des Suisses vis-à-vis des caisses maladie, tenues pour responsables de la hausse continuelle des primes, observent les auteurs du sondage.

Catalogue de prestations

La récente initiative du ministre de l’Intérieur Pascal Couchepin de retirer les médecines alternatives de l’assurance de base devrait aussi être assez bien acceptée par la population. Un tiers des sondés désirent que ces prestations en fassent partie, alors qu’un peu plus de la moitié estiment qu’elles relèvent des assurances complémentaires.

Dans le même temps, la proportion des Suisses souhaitant élargir le catalogue de prestations couvertes par l’assurance de base (obligatoire en Suisse) a de nouveau augmenté pour retrouver le niveau de 2001. «Les gens ont peur de perdre leurs acquis», commente Claude Longchamp.

Evolution révélatrice dans ce contexte, la qualité a encore gagné en importance. Elle passe avant une réduction des coûts pour 86% des personnes interrogées (73% en 2004). De même, 84% (78%) d’entre elles refusent toute restriction de la liberté de choix.

Les sondés veulent ainsi pouvoir choisir librement leur médecin et leur hôpital, avoir accès aux médicaments et aux méthodes de traitement modernes et souhaitent que les médecins prescrivent le médicament le plus approprié sans se soucier du coût.

Primes élevées, exigences élevées

Les Suisses, qui se sentent toujours plus malades et souffrent de plus en plus du poids des primes maladie, sont peu enclins à abaisser leurs exigences. Claude Longchamp estime que «des primes élevées n’incitent pas les assurés à faire des économies, comme on l’espérait. Au contraire, elles nourrissent des attentes élevées».

Les sondés sont toutefois prêts à réaliser des économies ponctuelles: 70% accepteraient de prendre des médicaments génériques au lieu du produit de marque et 53% seraient d’accord de payer eux-mêmes les médicaments pour les maladies bénignes. Quant à l’idée d’un système bonus-malus, elle séduit toujours près de trois-quarts des Suisses.

Les caisses doivent économiser

Mais les assurés voient le plus grand potentiel d’économie dans les frais d’administration des caisses maladie (64%), puis dans les hôpitaux privés (46%) et enfin au niveau des pharmacies et des médicaments (42%).

Aucune réforme fondamentale du système de la santé suisse n’a de chance d’aboutir, qu’elle vienne de la gauche ou de la droite, conclut Claude Longchamp.

Le citoyen donne la préférence à une «solution de compromis» et il est finalement assez satisfait de la loi sur l’assurance maladie (LaMal) actuelle. Dix ans après son introduction, elle est approuvée par 52% des sondés, toutes tendances politiques confondues.

swissinfo et les agences

84% des sondés refusent toute restriction de la liberté de choix
72% soutiennent le principe du bonus-malus
68% sont opposés à des primes augmentant avec l’âge
56% sont favorables à l’idée d’une caisse unique
52% juge le catalogue de prestations actuel satisfaisant
53% sont d’accord de payer eux-mêmes les médicaments pour les maladies bénignes

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