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Silvio Berlusconi ne risque plus d’ennuis judiciaires en Suisse

Grâce au vote de dimanche, Silvio Berlusconi n'a plus grand chose à craindre de la justice. Keystone

Elu Premier ministre, le «Cavaliere» va tirer son épingle du jeu pour ce qui est des dossiers pénaux encore ouverts contre lui. L'entraide judiciaire entre la Suisse et l'Italie qui aurait dû être ratifiée lors de la précédente législature risque d'être renvoyée aux calendes grecques.

Silvio Berlusconi a obtenu la majorité au Sénat, d’après les résultats de la quasi-totalité des 60 373 bureaux de vote, publiés lundi par le ministère italien de l’Intérieur. Sa coalition de centre droit, la Maison des libertés, emporte 163 des 324 sièges contre 106 à la coalition de centre gauche de l’Olivier.

Les projections non officielles accordent également à la formation du magnat des médias la majorité au Parlement des députés. La répartition définitive des sièges aux deux Chambres reste à déterminer, étant donné que, dans le système électoral italien, seuls 75% des élus sont désignés directement, le reste l’étant à la proportionnelle.

Du coup, Silvio Berlusconi, 65 ans, va désormais pouvoir faire fi des nombreuses demandes d’entraide judiciaire encore pendantes en Suisse et à l’étranger.

Le chef de «Forza Italia» comptait sûrement sur sa victoire lorsque, en mars dernier, sa coalition s’est opposée à la ratification du traité d’entraide judiciaire entre la Suisse et l’Italie.

Le Sénat avait alors dû repousser à la prochaine législature – celle qui va s’ouvrir avec Berlusconi comme Premier ministre – l’adoption de l’accord italo-suisse. L’objectif de ce traité était d’améliorer la collaboration entre les justices des deux pays.

En Suisse, les ennuis judiciaires du nouveau président du Conseil des ministres italien remontent au début des années 90. Plusieurs demandes ont été soumises, par des juges milanais notamment, aux ministères publics du Tessin et de Genève entre autres.

Ces requêtes visent le patron de Fininvest ou ses proches collaborateurs, soupçonnés de corruption et transactions financières louches auprès de banques suisses. Elles ont donné lieu à de véritables épreuves de force dans la mesure où elles ont fait l’objet de recours systématiques présentés au Tribunal fédéral par la défense du «Cavaliere».

Parmi les demandes bloquées à Montchoisi, celle du juge espagnol Baltasar Garzòn est la dernière en date. Le magistrat, connu sur la scène internationale pour son obstination à faire tomber l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet, a ouvert une procédure contre Silvio Berlusconi et son bras droit Marcello dell’Utri pour escroquerie fiscale.

Le nouveau Premier ministre italien est accusé d’avoir détourné des sommes considérables de la chaîne privée «Telecinco». L’argent aurait fini sur des comptes du holding Fininvest ouverts dans des paradis fiscaux. Pour étayer son accusation, le juge Garzòn a besoin de documents établis par des banques helvétiques. La requête a fait l’objet d’un recours qui est actuellement pendant au TF.

Qu’en sera-t-il désormais de la ratification de ce traité d’entraide judiciaire entre la Suisse et l’Italie? Ratification qui permettrait d’ouvrir à Berne un «office central Italie». Prévu dans l’accord, ce bureau se chargerait des affaires importantes de corruption ou de crime organisé et exécuterait directement les demandes italiennes concernant plusieurs cantons suisses.

Au vu de sa situation judiciaire personnelle, il y a fort à parier que l’entrepreneur et éditeur milliardaire que les Italiens ont choisi pour les gouverner oubliera le traité au fond de quelque tiroir.

Gemma d’Urso, Lugano

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